Aidan Knight – Each Other

Aidan Knight est la nouvelle signature de Full Time Hobby. Si le nom Aidan Knight fait référence au leader, la formation est collective, puisqu’elle est le fruit de sa collaboration avec Olivier Clements, David Barry, Colin Nealis, et Julia Knight. Cependant, la vision de leur nouvel opus est essentiellement basé sur le travail d’Aidan. Ce groupe folk expérimental n’en est pas à son premier essai, puisque “Each Other” constituera le troisième album des Canadiens, produit par Marcus Paquin.

Au premier abord, l’opus semble plutôt éparse voire contradictoire. De fait, les morceaux aériens, à l’instar de “All Clear” sembleront contraster avec de plus lourds comme “Each Other”. Mais cela prend tout son sens lorsque Aidan y mettra des mots. Il confiera que la plupart des pistes n’étaient que des concepts avant d’entrer en studio, qu’il voulait “entendre les idées comme elles prenaient forme. Le but et le résultat était une petite collection de chansons qui capturaient ce que c’était que d’être dans une pièce pleine [d’eux-mêmes]. Il y avait des moments sombres, mais également des moments de joie désinhibée”. Et c’est exactement ce que l’on ressent à l’écoute de l’ensemble. Les morceaux virevoltent entre une délicatesse extrême, une luminosité dans la composition, flirtant avec une force et lourdeur certaines, sans que cela ne soit contradictoire pour autant. “What Light (Never Goes Dim)” en est le parfait exemple : la batterie et la basse soutiennent une voix ambivalente, aussi chargée d’émotions que de liberté, alors que la guitare, aidée de palpitements sonores, rendent la piste aérienne.

Et les paroles ne font qu’appuyer cela : si musicalement, ce disque reflète la formation, les textes sont directement inspirés de la vie d’Aidan, de ses expériences, de son imagination, comme un journal intime dont nous tournerions les pages au fil des titres. Et le fait que deux des vers de “Funeral Singers” et “You Are Not Here” ont été écrits dans une salle d’urgence du centre hospitalier McGill à Montréal montre à quel point la sensibilité émanant de cet effort est intimement lié au soi, sur le rythme d’une vie. Et cela explique cette ambivalence entre la mélancolie et l’optimisme, entre la joie et la lourdeur, puisqu’il est le résumé de la vie des artistes qui l’ont composé. Cela étant, il est difficile de définir exactement cet opus, de le mettre dans une case, tant il est riche, en sonorités, en paroles, en influences, et cela lui confère un caractère propre et unique.

“Each Other” nous offre finalement un travail beaucoup plus riche et complexe que les précédents élans d’Aidan Knight, puisqu’il est placé sous le signe de l’entre-deux. Quelque part, le parcours de ces huit morceaux nous laisserait même à penser qu’il y a autant de matière dans ce que nous ressentons, que dans ce que nous écoutons, comme si le ressenti était part intégrante de l’oeuvre de l’artiste. Une sorte de participation de l’auditeur, qui ne ferait que confirmer davantage le brillant choix du titre : “Each Other”.