Angels And Airwaves – The Dream Walker

Longtemps évoqué, longtemps attendu : voilà qu’en cette fin d’année 2014 débarque le nouveau projet farfelu d’Angels And Airwaves mettant en scène le personnage énigmatique de Poet Anderson. Provenant tout droit de l’esprit détraqué de Tom DeLonge, ce nouvel univers se décompose en deux parties : tout d’abord un court métrage d’une quinzaine de minute,s mais surtout une nouvelle galette, “The Dream Walker”, co-composé avec le multi-instrumentiste et désormais batteur Ilan Rubin. De plus, outre les autres membres de la formation non impliqués musicalement dans ce chapitre (aka. David Kennedy et Ed Breckenridge), cet épisode marque aussi le premier disque du groupe réalisé sans l’aide de leur “cinquième membre”, Critter, décédé en 2012. Nous ayant donc laissé la dernière fois avec “Love Part II“, un peu redondant dans sa composition, c’est avec une grande curiosité que l’on découvre cette nouvelle facette d’AVA, en espérant que celle-ci ait conservé toutes ses petites choses qui plaisent tant aux fans.

Peu avant la divulgation complète de l’album, la formation californienne avait, dans un premier temps, révélé quatre premiers titres séparément, annonçant un virage stricte d’AVA. En effet, à l’écoute de “Paralyzed”, “The Wolfpack”, “Bullets In The Wind” et “Tunnels”, il est alors bien difficile de se retrouver dans ces sonorités plus que déconcertantes face au monde planant développé avec le cycle “Love” de 2010 à 2013. Même le mixage, étape primordiale d’un disque, semblait bâclé, valorisant les basses aux voix de Tom DeLonge. Que de mauvais préjugés (assez discutables) n’annonçant rien de bon quant à l’avenir du groupe, visiblement bouleversé par le décès de son ingénieur son et par ses nombreuses séparations. Mais tout ceci était perçu bien avant l’arrivée de la galette en entier le 9 décembre dernier. A l’écoute du morceau d’ouverture, “Teenagers & Rituals” et de son genre électro rock actuel, tout est bon à prendre : un refrain rapide, des onomatopées caractéristiques au leader, des synthés à gogo et du delay diffusé avec parcimonie. Comme si le projet, qui s’est souvent répété et auto-plagié était, de par la présence d’Ilan Rubin, décidé à avancer dans une nouvelle direction. “Kiss With A Spell” avec son côté assez sombre et “The Disease” confirment également cette tendance avec une atmosphère aérienne descellée, évidente mais plus réfléchie. La touche DeLonge est toujours active, juste moins prononcée afin d’explorer une chemin exposée par Rubin. Et ce duo marche. Il est même possible de dire qu’il s’harmonise puisque, de surcroît, leurs voix s’accordent aux mélodies et aux thèmes. Aussi, on retrouve dans cet ensemble quelques surprises un peu plus classiques quant au genre, à l’image de “Tremors”, “Paralyzed” ou encore “Tunnels” qui se prononcent avec des détails plus progressistes. Non déplaisants pour les fans de la première heure. Ceci dit, là où réside unanimement la révolution du couple, c’est bien dans la piste de fermeture “Anomaly”. Ballade acoustique sans artifice et sans effet particulier, de celle-ci se dégage l’aspect le plus brut et sincère d’Angels And Airwaves et de Tom DeLonge vu à ce jour. On entendrait presque le squelette de chaque morceau des Californiens en cette chanson, qui reflète sans ambition l’alchimie entre les deux musiciens.

On a connu Ilan Rubin sous différents projets (Paramore, Nine Inch Nails ou son projet The New Regime) mais il est désormais évident que sa présence dans ce disque est plus que bénéfique. Avec Tom DeLonge en coéquipier, le multi-instrumentiste a su redorer le blason d’un groupe qui allait finir par se mordre la queue après seulement neuf ans d’existence et quatre albums à son actif. Déconcertant aux premiers abords pour tout fan de la première heure, la cohérence de l’essai se décrypte instinctivement après quelques écoutes consécutives de morceaux de “The Dream Walker”. Ajouté à cela un mixage par le trio Aaron Rubin/Alan Moulder/Tom Lord-Alge et un film d’animation bien foutu et la mauvaise période d’AVA est définitivement passée.