Retour gagnant pour la fratrie made in Sydney qui réussi avec brio un cinquième essai très attendu. Si l’opus précédent (“Angus & Julia Stone“, 2014) annonçait tout en douceur et en amertume le rabibochage des frangins, le tout nouveau “Snow” ne laisse plus aucun doute sur la complicité des deux bohèmes.
On se souvient du carton de l’album “Down The Way” en 2010 avec le sublissime “Big Jet Plane” qui avait conquis les coeurs des plus réticents à la folk, projetant les Stone sur le devant de la scène. Perdues quelque part au beau milieu du désert australien, entre Brisbane et Perth, on retrouve aujourd’hui les voix de nos hippies favoris qui s’enlacent puis se délacent tout au long de ce douze-titres d’un naturel et d’une facilité bien étranges. S’il ne suffit que de vapeur d’eau et d’un 0°C pointé à la neige pour se former, il n’est pas si aisé de comprendre pourquoi “Snow” fonctionne si élégamment bien.
À l’effigie de l’éponyme, certains morceaux s’emploient à prendre une tournure très old school, nous rappelant ainsi les deux gamins, guitare au poing, qu’étaient déjà Angus et Julia en 2006 à la sortie de leur premier EP, “Chocolates & Cigarettes”. D’autres entreprennent au contraire de nous emmener vers les terres non conquises d’un alliage entre une folk poudrée, des rythmes pop léchées et des coeurs envoûtants, à l’instar du très bon “Chateau”.
Si l’on reconnait sans peine la voix enfantine de Julia Stone dès ses premiers échos et ce tout au long de l’essai, ô surprise à l’écoute d’un “Oakwood” ou d’un “Cellar Door” qui dévoilent un Angus que l’on ne connaissait guère. Fini la voix très travaillée qui se tue à réfléchir toujours ce même sentiment de culpabilité de l’artiste torturé. Le barbu nous offre un grain des plus poussiéreux d’une nonchalance adorée et sans effort qui connaît une totale consécration au moment de “Bloodhound”. On ne peut s’empêcher de repenser à “Black Crow” (“Down The Way”, 2010) qui nous avait plus ou moins présenté à cet Angus mi-crooner, mi-vieux fumeur. L’Australien se fait southern american le temps de quelques titres, et c’est très bien comme ça.
Si l’americana de “Snow” est marquée au fer rouge du nom du duo, la production a essuyé quelques changements bien notables : on est bien loin du résultat très organique des précédentes tentatives. On y découvre une boîte-à-rythmes toute neuve qui ne tait nullement sa présence et un travail plus élaboré sur un set de guitares plus vaste. Que demander de plus ? Si l’on se perd parfois sur quelques morceaux longuets (qui sont très minoritaires), on est vite rattrapé par les montagnes-russes émotionnelles que les Stone partagent avec nous. Franche réussite pour les Australiens qui nous prouvent une fois de plus que le talent est parfois bien une affaire de famille. You know (almost) everything “Snow”.
Informations
Label : PIAS
Date de sortie : 15/09/2017
Site web : angusandjuliastone.com
Notre sélection
- Cellar Door
- Bloodhound
- Baudelaire
Note RUL
4.5/5