Chroniques

AqME – Epithète, Dominion, Epitaphe

Force est de constater que dès ses débuts en 1999, le groupe de metal parisien a toujours fait preuve d’une grande persévérance tout en prenant bien soin de garder son indépendance. Ainsi grâce au travail acharné du quatuor, à la multiplication des concerts et ce, malgré les différents changements de line up, la formation a su s’imposer et acquérir une certaine notoriété. Ayant à son actif cinq albums, le quartet est de retour avec son nouvel opus “Epithète, Dominion, Epitaphe” disponible depuis le 10 avril 2012.

Renouant avec ses bonnes vieilles habitudes, AqME s’est tourné vers la Suède en confiant cette fois les rênes au producteur et membre de Cult Of Luna Magnus Lindberg pour l’enregistrement de ce sixième album. Après une première écoute de ce dernier, on a un peu l’impression d’avoir été passé au rouleau compresseur. En effet, plutôt brut de décoffrage, le disque dégage une rage, une fureur évidente, comme si le chanteur possédé, exorcisait ses démons. Nombreux sont les morceaux qui pourraient étayer ces propos comme par exemple le titre d’ouverture “Idiologie”. Cependant, c’est avec “La Dialectique Des Possédés” que le groupe atteint son paroxysme. De plus, en privilégiant le chant en français (fait suffisamment rare dans le milieu pour être cité), AqME nous prend en otage, faisant de nous des témoins de cette violence qui passe aussi par les textes comme c’est le cas sur “Adieu !” qui démarre sur un délicat “J’aimerais trancher ta gorge…”. Concernant le registre vocal, Thomas a opté pour une alternance entre un chant clair/chant guttural puissant avec, toutefois, une prédominance pour ce dernier. Changement cependant nécessaire car il permet de bien nous faire ressentir cette tension comme sur “110.587” ou encore “Epithète, Dominion, Epitaphe” qui s’achève sur un rageur “maintenant, je sais pourquoi”. Avec le chant clair, c’est un peu le calme avant la tempête. On sent bien à de nombreuses reprises cette montée en puissance qui ne pourra se traduire que par une explosion vocale et sonore. Comme c’est le cas de “My English Is Pretty Bad”, pour lequel le groupe a convié Stéphane Buriez (Loudblast) et Junior  Rodriguez (Darkness Dynamite). Qui plus est, les nombreux breaks, que l’on retrouve sur “Quel Que Soit Le Prométhéen (Ou Le Nihiliste)”, “Marketing Armageddon”, “110.587” offrent l’opportunité d’incorporer des passages atmosphériques et de créer des ambiances plus ou moins pesantes. Et pourtant malgré tout, AqME n’en n’oublie pas pour autant le côté mélodique que l’on perçoit sur les refrains de titres tels que “L’Empire Des Jours Semblables” ou encore le plus accessible “”Plus Tard” VS “Trop Tard””. Par ailleurs, la présence récurrente de riffs mélodiques sur “Idiologie”, “Luxe Assassin”, et de solis heavy comme notamment sur “Marketing Armageddon”, y contribue grandement.

Ainsi, AqME joue sur l’alternance des contraires et nous offre un album intense dont on sort difficilement indemne. Bien évidemment, si le départ du chanteur Thomas peut en frustrer certains (remplacé depuis par Vincent Peignart-Mancini), nous savons qu’AqME a toujours su retomber sur ses pieds.

Informations

Label : At(h)ome / Wagram
Date de sortie : 10/04/2012
Site web : www.aqme.com

Note RUL

4/5