Archive – The False Foundation

Jamais Archive n’aura été si productif que ces dernières années. En 2014, les deux têtes pensantes du groupe, Darius Keeler et Danny Griffiths, composent une bande originale, “Axiom”, pour accompagner le court-métrage du même nom, suivie quelques mois plus tard par l’inégal mais rafraîchissant “Restriction“. Ce dernier est tout juste digéré que les Anglais annoncent la sortie de “The False Foundation”. Loin de ressortir la même recette chaque année, la formation s’engage, avec ce onzième album, dans des expérimentations sonores qu’elle n’avait pas encore abordées, tout en parvenant à un résultat convaincant, pas si éloigné de ce qu’elle a toujours produit.

Quelques notes de piano sur lesquelles se pose une voix hésitante ouvrent l’ensemble, mais l’atmosphère relativement tranquille de “Blue Faces” n’est qu’une façade. La rythmique nerveuse et pesante de “Driving In Nails” prend le relais et le contraste est saisissant. “The False Foundation” se révèle entièrement conçu sur un savant mélange d’accélérations, oppressantes pour certains morceaux (“The Pull Out”) ou carrément dansantes pour d’autres (le dopant titre éponyme, sans compter la surprenante “Stay Tribal”), et de remarquables passages dépouillés de toute surcharge instrumentale, comme il en va pour la magnifique “A Thousand Thoughts”.

Contribuant à la cohérence de ces changements d’ambiance, les voix sont particulièrement travaillées. Seuls Dave Pen et Pollard Berrier se partagent ici le chant, comme ils le font depuis une dizaine d’années maintenant au sein d’Archive. Si elles paraissent manquer par moments, l’absence de voix féminines, d’ordinaire présentes sur tous les efforts du collectif anglais, ne se fait pas vraiment ressentir. Chaque partie vocale est soignée, et les chœurs font notamment ressortir la densité de morceaux comme “The Weight Of The World”.

Summum des moments où la tension se relâche, le cœur du disque est composé de pistes dominées par un piano délicat et des touches électroniques qui ont complètement remplacé les orchestrations habituelles d’Archive. La première respiration après le début tourmenté du disque est offerte par “Bright Lights”, titre progressif où la voix de Dave Pen dévoile toute sa pureté. De montées en montées, la bulle prend de l’ampleur avec “Splinters” pour finir par éclater dans le final frénétique de “Sell Out”.

Les vingt années de carrière d’Archive n’ont pas encore épuisé toutes les ressources du groupe et “The False Foundation” est là pour le prouver. Ce nouvel essai est probablement l’effort le plus contrasté et déroutant de la formation, mais une fois apprivoisé, il convainc par tous ses côtés, les plus torturés comme les plus lumineux.