Beady Eye renvoie inévitablement à une bataille fratricide qui prit fin quelques minutes avant de monter sur la scène principale de Rock en Seine, le 28 août 2009, Noel Gallagher annonce son départ définitif d’Oasis. C’est ainsi que le reste du groupe, Liam en tête, fonde ce qui sera souvent décrit comme une pale copie d’Oasis : Beady Eye. Le premier album “Different Gear, Still Speeding” (2011) a rencontré un succès mitigé dans le monde, il n’en demeure pas moins un premier essai honorable. Liam ayant du mal à n’être plus qu’un rockeur british parmi tant d’autres, s’est retroussé les manches pour son second opus, “BE”.
Passé “Flick Of The Finger” et “Soul Love” qui ne raviront que les nostalgiques d’Oasis, “BE” prouve enfin sa valeur avec “Face The Crowd”. Energique et léché, la guitare d’Andy Bell s’envole et s’entrechoque à la batterie percutante de Chris Sharrock, Gem Archer ravivra également d’un solo space rock d’excellente facture. Rupture de rythme, orchestration de saxo et trompette, ambiance glam soul, il est clair que “Second Bite Of The Apple” et “Off At The Next Exit” prouvent la réelle évolution du combo. Nettement plus loin, “Dreaming Of Some Space”, sorte d’ovni musical enregistré à l’envers, prouve la capacité d’invention de Beady Eye. Tout cela n’aurait été possible sans David Sitek (TV On The Radio, Yeah Yeah Yeahs…) à la production, il sauve même certains titres de la noyade, “I’m Just Saying”, ou encore “Shine A Light” qui prend le meilleur de la britpop d’Oasis et l’additionne à l’impulsion des Kinks, les arrangements vocaux et le fond sonore éléctro psychédélique y sont pour beaucoup. Mais mélodiquement, il faut avouer que Beady ne s’est pas foulé, de “Don’t Brother Me”, ballade pop passive agressive remplie d’une douce moquerie accusatrice, et surtout extrêmement proche musicalement de “Little James”, à “Ballroom Figured” énième ballade sans émotion particulière, en passant par “Off At The Next Exit” qui n’aura qu’intérêt le fond sonore interstellaire et nébuleux. Par la suite, “The World’s Not Set In Stone” reviendra sur les traces des Beatles, et “Back After The Break”, sur celle de Lennon. “Evil Eye” met un terme à “BE” de façon plutôt agréable, la musique est bien construite et rythmée mais, encore une fois, le fantôme Oasis plane sur Beady Eye.
“BE”, le long de ses dix-sept titres, est supérieur à “Different Gear, Still Speeding” sur bien des points : la production est léchée, certaines pépites musicales prouvent la réelle réinvention du groupe, mais hélas le cap Oasis n’est pas encore passé. Pointant vers l’avenir avec des pieds extrêmement enracinés dans le passé (60’s-70’s), Beady Eye reste encore et toujours dans une phase de mutation, une sorte de chrysalide qui dure depuis deux opus et qui se transformera probablement en un splendide papillon lors du prochain effort. L’essai attend toujours d’être transformé.
Informations
Label : Sony Music / Columbia
Date de sortie : 10/06/2013
Site web : www.beadyeyemusic.com
Notre sélection
- Second Bite Of The Apple
- Dreaming Of Some Space
- Off At The Next Exit
Note RUL
3.5/5