Billie Joe Armstrong ne s’arrête donc jamais. Après la sortie de trois albums (“¡Uno!“, “¡Dos!“, “¡Tré!“) et d’un documentaire (“¡Cuatro!”) en moins d’un an sous l’étiquette Green Day, une cure de désintoxication plus ou moins médiatisée, des tournées sans fin et une annonce d’une pause en 2014 pour le trio punk de Berkeley, voilà que le frontman revient avec, à ses côtés, la non des moindres Norah Jones, dont le dernier album “…Littles Broken Hearts” remonte à avril 2012. Et ce duo est venu avec, dans sa sacoche, une réinterprétation de l’opus “Songs Our Daddy Taught Us”, originalement écrit par The Everly Brothers et publié en 1958, soit il y a cinquante-cinq ans ! “Foreverly”, dont le titre semble être honorifique au groupe des années cinquante, ou la rencontre d’un californien et d’une new-yorkaise.
Il est vrai qu’il est difficile de juger ou d’analyser purement un disque qui s’avère être une réinterprétation d’une ancienne œuvre. Après avoir réécouter l’effort de The Everly Brothers, puis celui du duo de 2013, il faut d’abord observer un changement de sens des chansons comparé à la version originale, ce qui offre une certaine nouvelle perspective de linéarité. En effet, avec cette différente présentation, même si l’on écoute les mêmes titres, c’est comme si, malgré tout, une nouvelle histoire se présentait à nous. Billie Joe et Norah, alors qu’on aurait pu les penser fainéants dès le premier morceau “Roving Gambler” en ayant “seulement” changé la hauteur de la chanson et son rythme, ont finalement fait l’effort de nous apporter de nouveaux instruments, tout en restant dans l’atmosphère générale des années 50 (pas de synthés aérien, de son de batteries hardcore et on en passe). C’est donc à tout cela que s’ajoutent des harmonicas, des claves, du piano etc…! Le gros plus de cet essai est la présence de la touche féminine Norah Jones qui, musicalement et vocalement, apporte une harmonie certaine à celle de Monsieur Armstrong, timbres de voix et techniques musicales confondus. Se fait alors ressentir une volonté de lier les voix et les instruments, sans que la voix prenne le dessus sur le reste. Personne ne pousse plus que l’autre, c’est un vrai travail d’équipe. L’intro de certaines chansons comme “I’m Here To Get My Baby Out Of Jail” (avec un beau banjo comme on en fait plus) ou “Long Time Gone” et son entrée très rock n’roll, fausse la connaissance de la galette de base, bientôt sexagénaire. Pour ne pas mentir, même si il y a un énorme plaisir à écouter ce style musical et la volonté de ne pas se répéter, une certaine redondance et lassitude arrive assez vite (surtout quand on écoute les deux albums pour comparer) avec les doubles voix. Peut-être parce que celles-ci sont de moins en moins ancrées dans notre culture musicale et dans la musique en général.
Les frères Everly excellaient dans un duo vocal avec une légère guitare acoustique en accompagnement, l’année 2013 a fait renaitre les cendres de ce phœnix avec un punk et une jazz girl qui en ont à revendre. Ne bafouant pas les chemins originaux empruntés par la fratrie, les américains ont su ramener au goût du jour le rock n’roll qui, par sa généralisation il faut le rappeler, a fait ce que le rock, tous styles confondus, est devenu aujourd’hui. L’ajout d’instruments d’époque donne l’impression d’écouter l’opus de base dans sa version définitive. Une belle galette surprise pour clore 2013.
Informations
Label : Warner Music
Date de sortie : 25/11/2013
Site web : billiejoeandnorah.com
Notre sélection
- Roving Gambler
- I’m Here To Get My Baby Out Of Jail
- Down In The Willow Garden
Note RUL
4/5