Lorsque l’on évoque à la musique anglo-saxonne, la plupart des yeux se tournent vers les Etats-Unis d’Amérique et, c’est un phénomène que l’on peut observer dans beaucoup de pans culturels occidentaux. Pourtant, ce serait une honte d’oublier que bon nombre de mouvements artistiques modernes trouvent leurs origines, entre autres, en Angleterre. Lorsque l’on évoque la scène rock actuelle, négliger des groupes tels que Arctic Monkeys, Architects, Royal Blood, Bring Me The Horizon ou Frank Carter serait criminel. Donc, quand le premier album de Black Peaks, sorti en 2016, est passé inaperçu, malgré une sortie chez Sony, l’injustice était de mise. Désormais chez Rise Records (filière de BMG cependant), Black Peaks revient sur le devant de la scène avec ce si difficile second album. Après des tournées à succès et des concerts en première partie des légendaires A Perfect Circle (notamment à l’Olympia), les originaires de Brighton enfoncent le clou et se préparent gentiment à devenir l’un des plus grands groupes des années à venir. Ni plus ni moins.
Sophomore. Ce si compliqué deuxième album. Combien se sont cassé les dents à l’abord de cette étape de leur carrière ? Cependant, vu le succès somme toute assez confidentiel de leur premier opus, les Blacks Peaks n’avaient pas grand-chose à perdre. C’est donc avec la faim de ceux qui ont encore tout à prouver que les originaires de Brighton attaquent ce nouvel opus. Durant la navigation, l’auditeur se réjouit de nager dans diverses eaux. Les racines post-hardcore de la formation sont surtout perceptibles dans les textures des instruments. La production est résolument moderne mais ne tombe pas dans le clinquant. Ça respire, ça sonne vrai, c’est dense et aéré, la pénétration est on ne peut plus facile. Là où un auditeur pensant se trouver face aux héritiers de Thrice pourrait déchanter, c’est quand le côté le plus progressif du quatuor entre en scène. Car lorsque le groupe partait dans des délires instrumentaux complexes sur le premier album, créant une surprenante, ici on atteint carrément l’orgasme auditif quand les Britanniques prennent le temps d’amener des passages tous plus épiques les uns que les autres. On pense moins à The Mars Volta qu’à A Perfect Circle (tiens tiens), sûrement parce que la voix de Dan se rapproche parfois de celle d’un Maynard aussi.
Si musicalement, “All That Divides” trouve sa profondeur dans un brassage génial de diverses influences complètement décomplexées, sans pour autant être foutraques, le propos n’en est pas moins accrocheur. Le groupe dresse un constat exaspéré de la situation sociale et politique mondiale, mais surtout outre-Manche. Avec comme toile de fond le Brexit et l’ensemble des événements ayant touché l’Angleterre ces trois dernières années, Black Peaks prend le parti de s’étendre sur ses angoisses liées à ces profonds changements sociétaux, notamment dans la bouleversante “Home”. Si le rock ne joue plus la subversion absolue pour s’exprimer sur des sujets dits “engagés”, il ne faut pas pour autant minimiser le merveilleux témoin que représente un album tel que “All That Divides” pour les temps étranges que nous vivons.
Black Peaks frappe très fort. Une telle maturité pour une formation si jeune nous prend aux tripes. Après une telle œuvre, on se demande comment les Anglais pourront surpasser un tel album et pourtant, on sent le groupe suffisamment passionné et intègre pour espérer une suite de carrière à la hauteur de son talent. “All That Divides” est sans conteste l’un des albums à découvrir cette année, sautez sur ce groupe avant que la Terre entière s’en empare !
Informations
Label : Rise Records
Date de sortie : 05/10/2018
Site web : www.blackpeaks.com
Notre sélection
- Aether
- Home
- Accross The Great Divide
Note RUL
4.5/5