Black Sabbath – 13

“Forbidden” (1995) attendait son comparse de bibliothèque depuis bientôt dix-huit ans. Ainsi, c’est “13” qui vient compléter la discographie de Black Sabbath, marquant ainsi le dix-neuvième opus de la formation au passé si tumultueux. Bien que le groupe originel se soit reformé quelques fois à l’occasion de plusieurs concerts, la question était toujours de savoir lorsqu’ils allaient sortir de nouvelles compositions. Ozzy Osbourne reprend son rôle de frontman studio, une première depuis 1978 et “Never Say Die!”. Ozzy Osbourne (chant), Tony Iommi (guitare) et Geezer Butler (basse) sont donc bel et bien là, manque à l’appel Bill Ward (batterie), pour d’obscures raisons – chaque partie ayant sa propre version – qui fut remplacé par Brad Wilk (Rage Against The Machine) pour l’enregistrement. Simple envie de remplir, une nouvelle fois, leur compte en banque ou nouvelle et fraiche inspiration ?

Huit titres dans sa version classique, onze dans sa version deluxe, la première version affiche cinquante trois minutes. Démarrons sans attendre l’écoute et attention, Rick Rubin tient les manettes de la production… Introduit avec “End Of Beginning”, qui fut teasé quelques semaines avant la sortie de l’album, les premières minutes du morceau seront très vagues. Tempo lent, riff lourd, le heavy metal est bien évidemment d’actualité, jusqu’à 2’39” où les choses s’accélerent avec maitre Iommi à la baguette. La basse de Geezer est toujours aussi imposante, lui aussi, artificier du succès des papys du metal. “God Is Dead?” dont le clip vient également d’être diffusé, se caractérise par les mêmes détails, avec une progression lente et mysterieuse autour de la voix d’Ozzy et un riff master en la personne de Tony. Bien évidemment, il ne faut pas s’attendre à un disque tel qu’ils l’auraient sorti dans les années 70. Papy fou a perdu une partie de la fougue qui le caractérisait et les extravagances musicales ne sont plus. De manière générale, l’effort est plus calme, plus posé, plus réfléchi à l’image de “Zeitgeist” où l’exotisme des percussions étonnent, de même que l’effet voilant la voix du “Prince Des Ténèbres”. Autre constat observable avec “Age Of Reason”, la redondance, marque de fabrique, fait son effet en agrémentant l’écoute d’un poil de piquant. Néanmoins, “Live Forever” met à nouveau en avant que Tony a toujours THE idée en terme de riff et cette sixième piste est très bien orchestrée. Le bluesy “Damaged Soul” précède “Dear Father”, qui lui, conclue du haut de ses sept minutes, cette réalisation studio. Comme l’indique Ozzy dans son autobiographie, aux débuts de Sabbath, celui-ci s’imprégnait et chantait sur la ligne qu’imposait la guitare. La méthode gagnante à l’époque est toujours d’actualité, et plus particulièrement sur ce titre. Puis, comme sur plusieurs autres compositions précédentes, les premières phases des morceaux sont quelque peu longues or les éléments déclencheurs arrivent vers les trois minutes et dynamitent les morceaux en question. Une remarque dont on se passerait volontiers si les pistes étaient plus punchy dès le départ. Peut-être avaient-ils envie d’y apporter une plus grande dose de heavy/doom, de quoi en déconcerter plus d’un ! Mention spéciale à Tony Iommi, qui montre une nouvelle fois qu’il est LE boss de Black Sabbath et malgré son combat médical, l’ensemble de ses réalisations sont parfaites avec, comme toujours, de sublimes soli.

L’attente fut longue mais nous voila récompensé. “13” marque le retour d’un tout autre Black Sabbath, bien que son essence soit toujours présente ici et là. Les titres s’articulent de bonne façon, Tony, Geezer et Ozzy tiennent la baraque, malgré les années qui se font de plus en plus pesantes. Critiquable en raison de sa durée, les écoutes effaceront rapidement ce ressenti. Quid de l’avenir ? Vont-ils refermer l’une des plus belles histoire du heavy metal sur le chiffre de vingt albums studio ? Avant de penser à la suite, concentrons-nous sur ce comeback mais également sur les prochaines dates de la formation !