Coldplay – Ghost Stories

Ils ont apporté une énorme touche de “para-para-paradise” sur les ondes musicales entre la fin 2011 et le début 2012 suivi d’un long silence. Coldplay revient en piste dans la course au meilleur album en ce mois de mai avec la sortie du tout beau “Ghost Stories”. Fervent successeur de “Mylo Xyloto” (2011) dont la critique fût relativement positive, Chris Martin & Co proposent cette fois-ci un véritable concept album assez surprenant.

Disque concept en raison de plusieurs points : une version normale courte de seulement neuf titres, une réelle cohésion des morceaux sur le sujet de la rupture et des émotions (bordée par la séparation du chanteur et de l’actrice Gwyneth Paltrow), une atmosphère musicale post rock bien loin de la pop que l’on a connu d’eux. Bref, un élan de maturité certain ! Et c’est bien dès les premières notes de “Always In My Head” que le changement instrumental se fait sentir : aux placards les grosses guitares, les gros sons parfois trop génériques (bien sûr la guitare se manifeste toujours ici, à petites doses) et bienvenue à l’expérimentation et à l’essai. Le rythme et le son de la batterie de Will Champion ressort comme l’essence même, voire le pilier primordial, de l’ensemble des morceaux. Comme dans “Ink” ou “Another’s Arms” dans lesquels les beats soutenus dévoilent l’idée de l’intimité aux côtés de synthés plus terre-à-terre. De par tous ces essais et tentatives se présentent de belles chansons personnifiant des émotions (douleur, perte, souffrance) en les rendant musicalement présentes et vivantes. Ce thème est joliment mis en valeur par une voix de Martin parfois tremblante, parfois calme, parfois rêveuse qui ne fait que conter l’histoire actuelle de la vie le leader de Coldplay, dans laquelle se heurtent de l’espoir, mais aussi l’âme des moments passés. Et c’est bien la juste voix qui guide les instruments à travers l’imaginaire et la douceur des sujets. Un vrai tournant simpliste du groupe qui risque d’impressionner les anciens fans. “A Sky Full Of Stars”, seul piste hybride de cet ensemble, co-écrit par Tim Bergling (Avicii), est sans doute la plus grosse erreur ou l’ébauche de trop de la formation, tant sa puissance et son explosion pop électro peut surprendre et gâcher tous les ressentis à ce moment-là accumulés. Un morceau sûrement plus tendancieux à “Mylo Xyloto” qu’à “Ghost Stories”. “O” clôt l’opus sur un air de piano assez attristant, la mélancolie étant l’un des sentiments récurrents dans les neuf morceaux relativement proches.

Au final, un CD aux compositions avant-gardistes suffit pour voir le monde différemment et Coldplay l’a bien compris. Dans ce beau et imposant message destiné à Paltrow se cache des affinités musicales qui sauront attirer foule et public curieux. Et pour les déçus du manque de punch et de la touche Coldplay qui fait fureur, un peu de patience : le nouveau label du combo aurait annoncé un “vrai” nouvel album d’ici 2015. Juste le temps de savourer la simplicité et le génie de la créativité présent ici.