Après avoir œuvré pendant plus de trente ans avec ses complices les Wampas, Didier s’affranchit temporairement de ses acolytes pour s’exprimer en solo et sortir son premier album.
Ceux qui apprécient son groupe de yéyé-punk irrévérencieux et drôle, se demanderont si ce nouveau projet est du même acabit. Premier indice : la pochette, où Didier Wampas y ouvre les bras dans un abandon romantique laisse présager que la théâtralité d’avec les Wampas n’a pas été abandonnée. Comme la réédition des albums des Beatles, le disque est proposé d’abord en version stéréo puis en mono. Démarche de puriste obéissant au grand précepte “back to mono” de Phil Spector qui considère comme Didier que lorsqu’une chanson est bonne, elle doit l’être en toute simplicité. Enregistré avec les musiciens de Panic! At The Disco entre Los Angeles et Bruxelles, le disque sonne pop sixties, moins surf et plus léger qu’avec les Wampas. Les textes, des chansons d’amour au sens large comme Didier les définit lui-même, brossent des tableaux surréalistes. Nous entrons dans un monde parallèle, désinvolte et fantaisiste, drôle et grinçant mais toujours plein de tendresse. Même si le connaisseur averti peut trouver aux couplets de “Par Dessus La Troisième Corde” une certaine ressemblance avec une ancienne face B des Wampas (“Les Betteraves”, face B du single “Rimini”), il n’empêche qu’avec son humour mélancolique et son refrain qui donne envie de bouger, le morceau est un des meilleurs de l’opus. Même chose, avec le slow “Magique” qui est une grande réussite bien qu’il puisse faire penser au “Since I Don’t Have You” des The Skyliners (popularisé par les Guns N’ Roses dans “The Spaghetti Incident?”). Ambiguë et iconoclaste, Didier jette cette fois son dévolu sur Michel Sardou qui devient son “Chanteur De Droite” ; pour certains il s’agit d’une moquerie, pour d’autres, il défend l’interprète de La Maladie d’Amour”. Peut-être un peu des deux, en tous cas, on ne saura sans doute jamais le fin mot de l’histoire. Il aura d’ailleurs la réaction du principal intéressé via Twitter : “Il est bien ce petit jeune”( !). On retrouve ses ingrédients favoris comme la pincée d’autobiographie qui saupoudre certains titres. “Ainsi Parlait Didier Wampas” dresse de façon douce et nostalgique le bilan de ces dernières années avec les Wampas, tandis que “Le Mans” rend hommage au chanteur Jean-Luc Le Ténia, (un de ses amis récemment disparu) mais reste très en deçà d’un autre titre qu’il joue pour lui en concert : “Si Tu Me Quittais Des Yeux” (chanson écrite par Jean-Luc Le Ténia). On découvre aussi de nouveaux éléments à la recette comme l’orgue qui est une nouveauté, parfois à la limite du kitsch (“Punk Ouvrier”).
Un disque un brin kawaï, plein de naïveté, d’audace, et qui reflète bien le goût du frontman pour les yéyés. Et maintenant, ceux qui ne connaissent pas, allez donc voir ce qu’il en fait sur scène parce que vous risqueriez d’être surpris…
Informations
Label : Atmosphériques
Date de sortie : 17/10/2011
Site web : didier.wampas.com
Notre sélection
- Magique
- Par Dessus La Troisième Corde
- Ainsi Parlait Didier Wampas
Note RUL
3.5/5