Lana Del Rey – Born To Die

Rarement un premier album fut aussi attendu que celui-ci. Depuis l’été 2011, à force de singles irrésistibles et d’imageries mystérieuses, un réel phénomène se crée autour de cette jeune femme de 25 ans ayant déjà sorti un album en 2010 sous le nom de Lizzy Grant. Ses fabuleux singles, de “Video Games” à “Born To Die” furent des succès aussi bien critiqués que commerciaux, réussissant l’exploit de mettre d’accord pour la première fois depuis longtemps Pitchwork et MTV.

Dès l’inaugural “Born To Die”, on devine pourquoi Lana Del Rey occasionne un tel engoument. À la différence des autres chanteuses à succès, l’américaine possède non seulement une voix, vaporeuse et douce, mais est aussi une réelle songwriteuse, et il est impossible d’y rester indifférent. Tour à tour, fantôme désespéré et radioheadien (“Dark Paradise”), séductrice enjouée (ce fabuleux et irrésistiblement pop “Diet Mountain Dew”) ou réelle chanteuse de soul labelée sixities (le single “Video Games”), Lana Del Rey varie les plaisirs et les genres, en traversant les genres et les époques avec brio. La production pêche cependant dans l’unicité et la modernité. Pourquoi infliger à une magnifique composition comme “National Anthem” des choeurs lourdingues dignes d’un refrain de U2 ? A vouloir trop jouer la carte du grand public, la production se perd dans une avalanche de violons et gâche la moitié des compositions. Il est de plus normal de se demander pourquoi Lana Del Rey se dirige vers le R’N’B grand public dans la deuxième partie du disque. Aux vues des magnifiques ballades dont ce fabuleux “Millon Dollar Man”, il est impossible de ne pas être parfois déçu. 

“Born To Die” est un bon album, d’une grande artiste qui se gâche, elle et son talent, du fait d’une production clinquante et peu appropriée et d’une direction artistique parfois discutable. On attendra le second opus pour se faire une réelle idée de sa musique. Tout reste à prouver pour Lana Del Rey, et elle devra faire un peu mieux que cet effort en demi-teinte pour laisser une marque durable et ne pas devenir une popstar jetable parmi d’autres.