Lenny Kravitz – Black And White America

Il y a des artistes dont le talent ne connaît pas de limites. Après un p’tit coup d’mou perceptible sur “It’s Time For A Love Revolution” (2008), Lenny Kravitz (Lenny, pour les intimes) se rapproche des étoiles avec un neuvième album lumineux, “Black And White America”. Toujours inspiré, toujours généreux, toujours doté d’un physique avantageux, Lenny nous fait explorer son identité, américaine, personnelle et musicale, au fil de quatorze titres tout frais.

D’entrée de jeu, Lenny annonce la couleur avec “Black And White America”, un morceau célébrant le métissage. S’ensuit une série de chansons modernes nous rappelant les vieux classiques américains, avec quelques surprises. Au détour d’une piste rock n’roll pour faire danser les filles (“Rock Star City Life”), on se retrouve nez-à-nez avec “Boongie Drop”, le duo avec Jay-Z produit par DJ Military. Le chanteur avait déjà collaboré avec des artistes prestigieux issus de la scène hip hop, notamment avec P. Diddy et les Neptunes sur “Show Me Your Soul”. L’univers de Lenny étant particulièrement vaste, la présence d’une personnalité comme Jay-Z sur son album n’est pas étonnante. En revanche, celle de Drake sur “Sunflower” l’est. Du moins, si l’on écarte l’hypothèse que Lenny désire rester dans le vent. Au fond, le projet “Black And White America” est plutôt ambitieux. Lenny fait du rock à l’ancienne sans omettre de déposer sa propre patte, prend ce qu’il y a de plus cool dans la musique américaine et modernise le tout histoire de rester dans le coup. Par musique américaine, musique universelle, il entend le funk, le disco, le rock n’roll, le hip hop, le R’n’B, le rap. Et au-dessus de tout ça, il y a le blues. Au centre de tout ça, se trouve Lenny, enfant métis du rock et de la soul. L’Amérique noire et blanche, c’est ça : un éclectisme de style, de l’énergie positive, une certaine légèreté aussi, comme en témoigne le singulier “In the Black”. Ça parle toujours de la life, de sexe, de jolies filles, de tolérance, de spiritualité, de changer le monde, de ne faire qu’un et de vivre de love et d’herbe fraîche. Il y a quelques déceptions, comme le funky et très 90’s “Come On Get It” (“I’m in love with your love and I’m comin’ to get it”), le premier single, qui paraît fade comparé à des titres très populaires comme “I’ll Be Waiting” (premier single très simple et convaincant de “It’s Time For a Love Revolution”). Malgré cela, nous sommes au final à la fois surpris par l’abondance instrumentale, et boostés par le message positif de cet excellent disque de Lenny Kravitz. 

Avec un son plus pop et rythmé, “Black And White America” est plus remuant et moins hippie que ses prédécesseurs. C’est un voyage vintage, dans le coup, intelligent, coloré et sexy à travers la musique américaine. Avec cet opus, Lenny s’impose une fois de plus en tant que gros poisson de l’industrie musicale, capable de fédérer son public avec un talent, lui, unique.