Arrivé dans les années 90 en pleine effervescence du mouvement grunge, Marilyn Manson a su dès le départ frapper fort à grand coup de metal indus afin de réveiller les nombreux esprits endormis. En effet, parti en croisade contre une Amérique puritaine et bien-pensante, il joue la carte de la provocation à outrance dans ses chansons, dans ses clips mais aussi lors de ses show (scarification, sexualité exacerbée, …). Véritable icône pour les uns, il ne tarde pas à s’attirer les foudres de groupes religieux, politiques, voir d’associations, qui l’accusent de corrompre la jeunesse. A travers sa discographie (huit albums, un best of), Marilyn Manson a proposé des disques concepts qui, à certains moments, ont perdu en cours de route certaines spécificités propres au groupe, déstabilisant par la même occasion une partie de son public. Après une traversée du désert, le combo revient avec son neuvième effort studio, “Born Villain”.
Il faut bien avouer que depuis la sortie du très malsain et violent “Antichrist Superstar” (premier album de la trilogie, qui sera suivi par “Mechanical Animals” (1998) et “Holy Wood” (2000)) en 1996, Marilyn Manson a su infliger à son public de nombreux sévices visuels et parfois auditifs. En effet, si cet opus est souvent cité en référence c’est qu’il est considéré par la majorité des fans comme son chef-d’œuvre ultime. Tandis que certains essayent tant bien que mal de s’adapter aux différents albums, les autres espèrent toujours un retour aux origines, et pourquoi pas un “Antichrist Superstar” bis… Ainsi, derrière son packaging sombre, sobre, sur papier glacé, “Born Villain”, qui d’après son auteur est à considérer comme une résurrection, se présente sous de bons augures. En corrélation avec sa pochette, l’opus est dans son ensemble plutôt “dark”. En effet, la plupart des intros démarrent de manières assez énigmatiques, par l’intrusion de sons, de bruits difficilement identifiables (“Pistol Whipped”, “Slo-Mo-Tion”, “The Flowers Of Evil”). A l’exception de “Breaking The Same Old Ground” qui débute par le bruit d’une boite à musique que l’on remonte avant de la mettre en route. Ainsi, les différentes nappes de claviers associées aux lignes de basses plutôt pesantes, accentuent le côté sombre qui ressort de cet album. De plus, on retrouve assez régulièrement la voix torturée de Manson sur laquelle on peut compter pour créer des ambiances glauques à souhait, ce qui est notamment le cas de “Born Villain” ou par exemple “Children Of Cain” en mêlant continuellement des passages où ses mots, à peine audibles, sont susurrés, comme au début de “Overneath The Path Of Misery” ou bien lorsqu’à d’autres moments il donne l’impression de nous narrer une histoire d’une voix grave (“The Gardener”). Heureusement afin de contrebalancer avec les nombreux passages en mid-tempo, MM sait nous réveiller sur les refrains plus vigoureux mais parfois catchy tels que “Hey, Cruel World”, “No Reflection”, “Pistol Whipped”, où les plaintes font place aux cris et hurlements. Le tout épaulé par des riffs acérées comme sur “Slo-Mo-Tion”, agressifs où la distortion est de mise. Et c’est vraiment avec des titres comme “Murderers Are Getting Prettier Every Day” et sa guitare tonitruante sur la fin du morceau ou encore le très Nine Inch Nail-ien “Overneath The Path Of Misery” que nous nous remémorons avec nostalgie “Antichrist Superstar”. Ces titres efficaces sonnent à nos oreilles comme une agression et ça fait un bien fou. Si certains morceaux ont un impact direct et font immédiatement mouche, d’autres en revanche, risquent d’être plus vite oubliés car par moment, la structure un peu redondante de certains d’entre eux peut s’avérer lassante sur du long terme. Comme à son habitude, Manson termine l’album sur une reprise : cette fois, de Carly Simon, “You’re So Vain”, titre qui apparaît en bonus track et auquel Johnny Depp a prêté main forte à la guitare.
Même si ce n’est pas encore tout à fait l’album attendu, Marilyn Manson n’en n’a jamais été aussi près. En effet, il semble avoir retrouvé cette étincelle qui lui avait fait défaut lors de ses précédentes sorties. Et, même si certains morceaux semblent un peu moins inspirés que d’autres, ils ne sont pas légions. Ainsi, “Born Villain” sera-t-il l’album marquant le début d’une nouvelle ère pour Marilyn Manson ?
Informations
Label : Cooking Vinyl
Date de sortie : 30/04/2012
Site web : www.marilynmanson.com
Notre sélection
- No Reflection
- Overneath The Path Of Misery
- Murderers Are Getting Prettier Every Day
Note RUL
4/5