Le 13 mars dernier sortait le dernier album de Sleeping With Sirens intitulé “Madness”. Depuis sa sortie, l’opus partage les opinions, de par le tournant pop de ce dernier. Le pari était-il trop risqué pour un groupe qui ne faisait déjà pas l’unanimité ? Sont-ils devenus fous ? Ou peut-être devons nous réaliser qu’en les jugeant trop vite “[we] don’t know sh*t about [them]” ?
Si Ariel, la petite sirène a troqué sa voix contre des jambes, ce n’est certainement pas le cas de Kellin Quinn. En revanche, Sleeping With Sirens a abandonné le post hardcore pour de la pop facile, qui fait perdre toute la particularité de la voix du chanteur. Autant, son timbre de minet, la trentaine passée, avait de quoi distinguer la formation du reste de ce que proposait l’industrie musicale, autant de la pop interprétée par des adolescents n’a rien de vraiment surprenant, à l’heure des boysbands. John Feldmann, le producteur pour cet opus, est pourtant connu pour avoir travaillé avec des formations telles que All Time Low, The Used, We Came As Romans, Panic! At the Disco, One Ok Rock, mais surtout avec Korn et Rage Against The Machine. Que s’est-il passé ? En réalité, l’intention derrière tout cela est noble, et il ne faut pas se plonger loin dans l’effort pour s’en apercevoir. La chanson la plus diffusée actuellement, “Kick Me”, parle d’elle même : la bande s’adresse à une jeunesse qui n’a plus aucun espoir. Des adolescents qui n’ont pas l’impression d’avoir leur place dans la société, dans le monde des adultes, qui ne croient plus en rien, sinon en leur propre destruction. Cette simple considération fait passer leur plus grosse erreur en acte brillant. Une voix enfantine, à leur niveau, dont le style musical leur est accessible, mais qui garde un type de message propre au post hardcore, qui peut ainsi les atteindre plus facilement. Tout, dans cet essai, est là pour redonner confiance en l’avenir, en ce présent qui semble parfois dur. Le morceau éponyme “Madness” décrit par ailleurs très bien l’attitude à avoir lorsque nous nous sentons devenir fous, face à la dureté de la vie : “Sometimes it’s a battle at times it’s a war but you’re never defenseless sometimes we all lose strength please don’t lose your faith […] We go on and on” (Parfois c’est une bataille, à des moment c’est une guerre, mais nous ne sommes jamais sans défense. Parfois nous perdons tous force, mais s’il te plait, ne perd pas foi). La quête d’identité, de place, le fait de ne pas être seul, d’être soutenu malgré les apparences, d’oublier les erreurs et aller de l’avant, etc. Tous les sujets qui préoccupent les jeunes actuellement sont ici traités.
En somme, cette dernière oeuvre pourrait être résumée par les paroles de “Save Me A Spark” : “Would you save me a spark? We’ll start a fire that shines a light in the dark” (Me garderas-tu une étincelle ? Nous allumerons un feu qui illuminera la pénombre). Et cela est souligné par la pochette : les garçons ressortent comme des lumières d’un fond noir. Ils sont l’étincelle. “Madness” est le disque visant à éviter la folie à une jeunesse perdue et affolée. Et pour cela ils ont su utiliser leur meilleur atout : une dame de cœur. Quinn, qui a à coeur de les sauver, avec sa voix d’un adolescent, criant contre ce qui le rend dingue. Et l’on sort de l’enfance de cette façon, car contrairement à Ariel, ces treize pistes nous apprennent à “kick” non pas avec les jambes, mais avec la voix.
Informations
Label : Epitaph
Date de sortie : 13/03/2015
Site web : sleepingwithsirens.net
Notre sélection
- Kick Me
- Better Off Dead
- Heroine
Note RUL
3/5