The Dukes – Victory

Tout est allé très vite pour The Dukes. Formés autour de Shanka (guitariste de No One Is Innocent) et de Greg Jacks (batteur de Superbus, ex-No One) en 2010, The Dukes seront bientôt rejoints par Gaspard Murphy (fils d’Elliott), Stephen Galtera à la basse. En octobre 2010, leur premier EP “Resilient Lovers” donne au public un aperçu de la simplicité d’un groupe auquel tout sourit. Même qu’ils tournent en Europe en première partie des très populaires The Subways (RockYourLife! les a vus le 11 octobre à la Maroquinerie). Cet hiver, les choses sérieuses prennent forme avec la sortie de leur premier album. “Victory”, mélange équilibré de pop rock US 90’s et de désinvolture bien de chez nous, dégage l’assurance de musiciens confirmés et la fraîcheur d’un jeune groupe passionné.

The Dukes produit une musique accessible, positive et énergique, comme en témoignent efficacement “Resilient Lovers” ou “The Dukes”. Sur le même mode, “Low Men”, premier titre de “Victory”, sonne un peu comme une balade de Nada Surf. Le genre de tubes bien fichus qui passaient à la radio quand les actuels trentenaires faisaient encore du patin à roulettes : sympathiques, mais, à terme, un peu lassants. À côté de cela, nous tombons sur “The Mangler”, purement, spontanément et simplement lourd; “Aftermath”, funky et déstructuré; ou sur l’excellent “Laughter”, caution electro rock dansante de l’album. La présence de pistes anecdotiques, qui ne se distinguent pas par leur originalité, entre des bombes, est assez confondante. “Where Angels Fear To Tread” est assez représentatif de cette charmante maladresse. Nous ne savons pas trop où ce morceau nous mène mais son refrain hypnotique et son énergie parviennent à nous captiver… Ainsi, malgré une certaine naïveté et des impressions de déjà-entendu, The Dukes nous prouvent qu’ils sont capables de couvrir un large éventail de genres sans complexe. Nous avons même droit à un morceau bien baddant au titre évocateur : “Nothing In This World”. Bref, l’ensemble finit en feu d’artifice avec “Morphine”, bouclant dans la démence ce premier jet satisfaisant.

“Victory” est un album éclectique et original, mais s’avère, par certains côtés, inégal. Cela dit, la banalité de certaines chansons sont contrebalancées par la qualité des compositions, par leur son sale savamment dosé, et par la voix tantôt brute, tantôt suave, toujours explosive, du leader. The Dukes signe un premier essai plutôt réussi, où le plaisir solitaire d’un musicien prend l’ampleur d’un phénomène rock, fédérateur et prometteur.