The Maccabees – Marks To Prove It

Après avoir remporté le NME Award du “Meilleur Album” pour “Given To The Wild”, c’est à se demander ce qu’il reste à gagner aux Maccabees ! Un quatrième opus, peut-être ? Oui, même s’il aura fallu attendre trois longues années pour que les Britanniques daignent donner une suite à l’oscarisé.

C’est sur l’éponyme “Marks To Prove It” que l’ensemble commence et l’auditeur comprend de suite que l’attente était justifiée : plus indie que jamais, The Maccabees montre ici l’étendue de sa puissance sonore, avec un hymne très vintage qui montre à la fois l’importance de l’héritage du rock britannique mais qui lorgne aussi vers des sphères proches du shoegaze. Orlando Weeks montre qu’il n’a pas peur de s’égosiller la voix au-dessus de riffs ravageurs et c’est un franc succès. Ravageur, parfois mais dansant, toujours. L’attestent “Spit It Out”, la lumineuse “Something Like Happiness” et l’angélique “Pioneering Systems”, meilleur titre de la cuvée The Maccabees 2015, proposant un melting pot du meilleur de l’effort avec une ambiance jazzy, une mélodie principale entêtante, de légères notes de piano et une ambiance éthérée que l’on retrouve rarement, mais qui sied à merveille aux Anglais. Cette chanson semble avoir été écrite par des anges qui, nous ne le savons que trop bien, n’en sont pas. Au final, c’est ici un visage contrasté que The Maccabees arbore, peut-être un poil moins rock, car les musiciens excellent aussi dans des sentiers plus calmes, comme sur “Silence” où l’accalmie leur va comme un gant : le piano donne la ligne directrice à une voix qui sait faire preuve de souplesse. S’en suit “River Song” qui démontre avec brio que le quintette est très à l’aise avec les morceaux down tempo. On apprécie les chœurs du groupe, puissants et donnant dans l’émotion, ils donnent du caractère et du relief à l’ensemble de l’essai. Si cette nouvelle facette des Maccabees se veut pleine de contrastes, c’est aussi parce qu’elle fait appel à des instruments pour le moins rare dans le dynastie du rock : les trompettes sur la quasi contemplative “Slow Sun” et la clôture presque jazzy “Dawn Chorus” sont plus qu’appréciables et montrent que le quintette ne s’impose aucune limite en termes de composition, ce qui, en plus de considérablement varier les ambiances de cet album, fait tout simplement plaisir. Vous l’aurez compris, The Maccabees ne se pose plus seulement la question de proposer un rock indie parfumé, il va plus loin et se détache du rock à lui seul pour proposer quelque chose d’éminemment cohérent et cela, au détriment de savoir s’il rentre encore dans les carcans du genre ou non. 

Véritable disque de la maturité, “Marks To Prove It” pourrait constituer ce fameux album “de la consécration”, vous savez, celui qui, même après quinze ans, brille toujours de loin dans la discographie d’une formation. Dansant, lumineux, lent et parfois ravageur mais toujours équilibré, il demeure impossible de dire que les Britanniques jouent “là où ils sont bons et ce pour quoi ils sont bons”, tant ces derniers nous attendent à des endroits où nous ne les attendions pas. Apprécier de la musique, en 2015, c’est aussi et surtout savoir se laisser surprendre par l’évolution d’un groupe. The Maccabees fait clairement partie de ces combos-là et on ne peut que les en remercier. On ne peut que vous conseiller d’accourir lors de leur prochain passage en France, le mois prochain, à Rock En Seine.