The Smashing Pumpkins – Monuments To An Elegy

Il existe des formations vraiment difficiles à suivre tant elles changent et évoluent, que ce soit dans la composition ou musicalement. The Smashing Pumpkins, groupe rock alternatif phare des années 90 en est le parfait exemple. Aux commandes du combo, il ne reste désormais qu’un seul membre : le charismatique chanteur au timbre de voix reconnaissable entre mille, Billy Corgan. Est-ce uniquement le chanteur qui fait un groupe ? Telle est la question que l’on pourrait alors se poser. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, nous allons plutôt nous intéresser au nouvel effort, “Monuments To An Elegy”.

Paru le 5 décembre 2014, ce 9ème album studio des Pumpkins fait partie du projet “Teargarden By Kaleidyscope”. Sieur Corgan, lassé de sortir des disques classiques, avait décidé de ne publier plus que des singles, extrêmement bien produits, distribués gratuitement sur Internet, pour ensuite les regrouper dans un coffret, avec des enregistrements bis, des bonus tracks, de beaux vinyles etc. Il voulait proposer un produit de qualité avant de passer totalement à autre chose (le catch, le jardinage etc.). Après les deux premiers volumes, sortis en 2009 et 2010, les Smashing ont finalement sorti un opus entier : “Oceania” (2012). Puis en 2014, vint le tour de “Monuments To An Elegy”. Billy Corgan change d’avis comme de musiciens pour l’entourer dans son œuvre musicale. Il tente des choses, cela ne fonctionne pas comme il l’entend alors il chamboule tout. Sur cet essai, il est seul maître à bord : auteur compositeur interprète. Il gère les parties guitares, basse, piano et synthé (et le café). Il a tout de même laissé une petite place à Jeff Schroeder, le guitariste rythmique (qui est là depuis 2007, un record ?). Mais surtout, il a mis son égo de côté et a fait appel au célèbre batteur de la formation hard rock Mötley Crüe, Tommy Lee. Certaines mauvaises langues y verront une stratégie pour intéresser la presse. Il est vrai que le personnage est plus célèbre pour ses frasques que par sa musique. Dommage. Tommy laissera essentiellement sa patte sur “Anaise!” et le dernier titre “Anti-Hero” qui sent bon le hard rock des années 80. Ce petit essai de trente-trois minutes contient neuf titres, dont certains se rapprochent des sonorités de “Siamese Dream” (1993) et “Mellon Collie And The Infinite Sadness” (1995), les plus gros succès de la bande jusque-là. Billy Corgan a voulu retourner à ce qu’il savait faire de mieux (et à ce qui a été le plus rentable). Les fans de la première heure seront ravis. Par ailleurs, au milieu de ce flot de bon riffs de guitares, on pourra retenir quelques notes new wave déposées par ci par là. Ceci étant dû surtout à la présence accrue de synthés et l’utilisation de boîte à rythme. Un morceau comme “Dorian” rappelle clairement New Order. Sinon, on a là un ensemble de chansons oscillant entre mélancolie, espoir et joie furtive. Quand on s’intéresse aux paroles, le rendu est un peu confus. Corgan nous perd dans ses délires textuels. Ils sont surprenants de simplicité pour un homme de 47 ans qui a son vécu. Il utilise beaucoup de répétition. Sur “One And All”, il scande en boucle “we are so young” comme si il essayait de se convaincre d’une chose. Il garde ce côté lunaire, mystérieux, qui donne parfois l’impression qu’il ne veut pas grandir. Les pistes s’enchaînent et ont du mal à décoller et à nous faire vibrer. Il subsiste une sensation de manque. L’album manque de profondeur et d’éclat. Au fil des chansons, la voix de Corgan devient même ennuyeuse, monotone. Il semble perdu et tourne en rond. Un titre reste cependant au dessus des autres et ô coïncidence, c’est aussi le préfère de Billy, “Drum + Fife” (cf notre interview)

Le pari de renouer avec la gloire passée est loin d’être gagné. Cependant “Monuments To An Elegy” a reçu un bon accueil outre-Atlantique. Cette année, The Smashing Pumpkins a prévu de sortir le dernier élément du projet “Teargarden By Kaleidyscope” intitulé “Day For Night”. Tous les espoirs sont encore permis pour avoir un vrai monument du rock.