Découvert il y a dix ans, Theory Of A Deadman écrivait des chansons profondes, romantiques et décalées, dans une veine rock alternatif plus légère et mélodique que Nickelback (d’ailleurs, c’est le chanteur de ces derniers qui a contribué au lancement du groupe). Ce qui a donné : “Theory Of A Deadman” (2002) et “Gasoline” (2005). Et puis un jour, nos canadiens ont mis en avant leur côté “cool”, développant leur capital sympathie auprès d’un public resté fidèle. Ce qui a donné des singles comme “Bad Girlfriend” et “Hate My Life”, tous deux sur “Scars And Souvenirs” (2008), succès commercial qui comprend également des morceaux moins… superficiels. En 2011, Theory Of A Deadman remet le couvert avec “The Truth Is…”, entérinant la stratégie mise en place sur son prédécesseur. Désormais, les Theory Of A Deadman ne sont plus uniquement une chouette bande de musicos sensibles; ce sont également des vendeurs de CD professionnels- tout en restant nos meilleurs potes de soirées.
Dans “The Truth Is…”, il y en a pour tous les goûts. D’abord, on a de la Chanson Pour Peaux de Vaches, de “Bitch Came Back” à “The Truth Is… (I Lied About Everything)”. Si ces pistes sont inspirées de faits réels ayant affecté la vie du groupe, alors on peut déduire des paroles que leur notion du règlement de compte est assez radicale; les titres de ces chansons parlent d’eux-mêmes. Ensuite, dans la catégorie Chanson Vaguement Provocante, “Lowlife” expose avec énergie le manifeste du Trou Du Cul sans parvenir à nous ébranler outre mesure. Pour choper, “Out Of My Head” et “Easy To Love You”, la première étant mieux fichue que la seconde mais tout aussi niaise, s’imposent naturellement. Du côté de la Haine et des Regrets, tournons-nous vers “What Was I Thinking” dont le refrain évoque ce moment lamentable où l’on noie son chagrin dans son whisky tout en se répétant à quel point l’on a été sot de passer à côté de l’Amour De Sa Vie. Après avoir constaté le vide artistique intersidéral qui occupe chaque espace de cet album, nous tentons malgré tout de sauver les meubles. Et là, dans tous ça, nous cherchons de la musique bonne, dynamique, recherchée et suffisamment potable pour figurer dans la Playlist du Réveil- Phase 2 (celle qui nous soutient lors du trajet en transports en commun) et nous nous arrêtons sur “Drag Me To Hell”, un titre rappelant le style ancien du quintette et insufflant dans nos généreux cœurs de rockers l’espoir d’une rédemption musicale pour TOADM. Malgré un certain manque de prise de risque, “The Truth Is…” comporte beaucoup de belles compositions à l’américaine mais l’ensemble tourne en rond. Les paroles racontent de divertissantes histoires visant à nous mettre de bonne humeur et à nous décomplexer mais ne produisent pas d’effet suffisamment fort pour compenser l’absence d’originalité.
Pour résumer, ce disque va bien, très bien se vendre parce que c’est un opus accessible, efficace sur un certain public et- disons-le tout simplement- commercial. En concert, les morceaux transcenderont très probablement les fans de la dernière heure. Malgré cela, les sentiments, bons, mauvais, voire honteux, exposés sur cet ensemble de soupes manquent de relief. La vérité, c’est que depuis que les Theory Of A Deadman ont décidé d’être un groupe cool, ils ont pris une voie et se fourvoient dans des compositions et une écriture sans profondeur. C’est regrettable. En nous délivrant un Weezer du Pauvre mêlés à des pastiches de Foo Fighters, à l’esprit acoustique de Nickelback et à la… “gentillesse” de Simple Plan, les canadiens de Theory Of A Deadman expriment clairement leur désir de créer, sans ambiguïté et sans difficulté, un lien avec leurs auditeurs, leur public. Oui, oui : celui qui va acheter “The Truth Is…”.
Informations
Label : Roadrunner Records
Date de sortie : 11/07/2011
Site web : www.theoryofadeadman.com
Notre sélection
- Out Of My Head
- Drag Me To Hell
- What Was I Thinking
Note RUL
1.5/5