We Are The Ocean – Ark

La veille de notre entrevue avec Liam Cromby, le groupe We Are The Ocean sortait son quatrième opus, deuxième depuis le départ de Dan Brown. Cet album, intitulé “Ark” entend bien remplir le même rôle que la célèbre arche de la Bible construite par Noé afin de sauver les espèces du déluge. Ils sont l’océan sur lequel nous allons naviguer, et retrouver les racines de la vie, de l’authenticité des choses, grâce à un travail entièrement enregistré en live.

Les garçons nous offrent ici ce qui sera sans doute leur meilleur essai jusqu’à ce jour. Le quatuor, souvent comparé à Muse, Coldplay, Arctic Monkeys, Foo Fighters, Deaf Havana ou encore Snow Patrol, prouvent dans ce nouvel effort que ces comparaisons ne sont que des jugements hâtifs. Si le son relève en effet de l’indie rock, et que les espèces sont similaires, il s’agit de ne pas mettre tout le monde dans le même bateau. La richesse vocale de Liam est à son apogée dans “Ark”, alternant entre des notes provenant du plus profond de son être, pleines d’âmes, et autres notes de tête, plus à fleur de peau, écorchées vives. La formation affirme ainsi son identité, emprunte d’un héritage sauvage, cru, authentique, reflétant la nature humaine dans ce qu’elle a de plus vivante, cette identité que le groupe a reçu notamment des lectures favorites du chanteur, à l’instar de Bukowski, Kerouac, et autres membres de la génération Beatniks. Mais ce n’est pas tout, nous y retrouvons les artistes musicaux qui les ont inspirés : Led Zeppelin, Janis Joplin, etc. D’un côté ou de l’autre, ce qui ressort est ce besoin d’un retour aux sources de la musique, de l’art, de la vie. Un besoin de retrouver ce qu’est l’humanité au plus profond d’elle-même, et c’est pour cette raison que le thème principal de cet effort est la conscience des personnes. Et par cette conscience, nous y retrouvons ce qui fait la particularité des gens, leur originalité, l’affirmation d’eux-mêmes à partir de ce qu’ils jugent bien ou mal, en ne se conformant pas à cette usine qui “nous garde alignés” (“a fabric that keeps us alignes”) comme le mentionne la chanson titre du disque. Ils nous parlent de la vie dans ce qu’elle a de plus profond et intérieur. La richesse des textes et leur profondeur est remarquable, et nous y lisons très clairement la culture littéraire de Liam, lequel est en charge des paroles Son énergie vitale, celle qu’il recherche à travers les livres qu’il dévore, il les transmets dans cet album énergique, qui ne perd pas de souffle entre le début et la fin, malgré les balades “Letter To Michael” et “Hope You’re Well”, qui permettent de repartir de plus belle.

“Ark” est un album de caractère, qui affirme l’identité de WATO dans ce qu’il a de plus original. Il est non seulement d’une richesse musicale énorme, mais il constitue en plus de cela, la relève d’une tradition culturelle et littéraire folle. “Ark” est à la fois un retour en arrière, et en même temps un saut en avant pour le groupe, et la musique. Avec cette réalisation, la formation englouti au fond des océans ce que la musique actuelle peut offrir, afin de prendre quelques espèces du passé, et les reproduire à nouveau afin de sauver l’art.