Chroniques

Yellowcard – Lift A Sail

Après trois longues années de bons et loyaux services sous la tutelle du label indépendant Hopeless Records et quatre albums studios sortis dans cette même intervalle de temps, Yellowcard signe son retour avec “Lift A Sail”, son premier essai sous Razor & Tie, sa nouvelle maison de disques. Depuis le départ du batteur originel Longineu III Parsons (pour l’instant remplacé par le batteur d’Anberlin, Nate Young), le cancer de la thyroïde du violoniste Sean Mackin et la chute malencontreuse en snowboard de la femme de Ryan Key, rien ne prédisait la réapparition imminente des américains dans la course. Et pourtant, la date du 6 octobre 2014 est bien celle de la révélation de ce neuvième effort. Rien ne va plus, les jeux sont faits !

Quand on pense Yellowcard, on pense forcément à la formation pop punk qui a révolutionné le genre à l’aide d’un instrument assez inhabituel pour ce style : le violon. Et depuis plus d’une décennie, YC fonctionne habillement avec cette recette qui a porté ses fruits de nombreuses fois, à l’instar de “Ocean Avenue” (2003), “Lights And Sounds” (2006) et plus récemment “Southern Air” (2012). Ceci dit, rester dans la facilité et mettre de la distorsion un peu partout à coup de riffs souvent limités permet, certes, de garder une fanbase unie, mais remet aussi vite en cause la question de la recherche musicale. Et cette fois-ci, le groupe a décidé de s’essayer une nouvelle méthode afin de casser cette apparence. En effet, la bande de Jacksonville revisite volontairement son identité musicale et ses structures, tout en gardant à le phrasé légendaire et le timbre de voix de Key qui a fait sa renommée. Fini aussi la rapidité des titres (mis à part “Make Me So”, le titre le plus pop punk de cet essai et “The Deepest Well”, en featuring avec l’excellent Matty Mullins de Memphis May Fire) : ce sera désormais un jeu de batterie plus posé et réfléchi de la part de Young, qui modifiera incontestablement l’apparence générale de ce travail. Ainsi, ressortent des morceaux plus “rock” que “punk” à l’instar de “Transmission Home”, “Crash The Gates” avec ses refrains très émotionnels ou bien l’expérimental et délicat “Fragile And Dear”. Une nouvelle facette assez lente encore inexplorée qui, il est certain, causera du tord aux habitués de rythmes assidus et contemplatifs. Pourtant, que les puristes se rassurent, la lenteur d’un disque ne signifie pas obligatoirement un manque d’explosions, ni d’étincelles, bien loin de là ! “Lift A Sail” se trouve même être moins répétitif que ses prédécesseurs et le plus éclatant. De plus, la touche de violon, bien que parfois difficile à discerner, est toujours exploitée à sa juste valeur et alerte inexorablement une partie de nos sens. De cette galette se dégagent donc instinctivement de la sensibilité à l’image de “One Bedroom”, inspirée par la vie de famille du chanteur et dont le bridge est magnifié par un solo très exaltant ou encore “Illuminate”, sûrement le point fort de cet essai.

Nous voici donc avec un album mettant un point d’honneur sur ce qu’est Yellowcard en 2014. Bien plus réfléchi et posé qu’à ses débuts, la formation pop punk se redéfinie par des morceaux aux allures plus sérieuses et aux sonorités plus poussées. Comme si le passage de la bande de Ryan Key chez le label indépendant Razor & Tie était plus qu’une étape importante dans le déroulement de sa carrière. Se présente grâce à “Lift A Sail” un nouvel univers, un nouvel essai qui se mariera tant bien que mal dans les prochaines setlists et une nouvelle habilité à sortir du lot. On ne peut que les encourager dans cette voie, même si quelques morceaux plus pêchus ne seraient pas de refus !

Informations

Label : Razor & Tie
Date de sortie : 06/10/2014
Site web : yellowcardrock.com

Notre sélection

  • Make Me So
  • Illuminate
  • The Deepest Well

Note RUL

3.5/5

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