Reports

DEATH CAB FOR CUTIE @ Bataclan (25/06/15)

La semaine dernière, sur notre beau territoire français, on pouvait retrouver plusieurs dynamiques sociales significativement différentes. A Paris, les chauffeurs de taxi bousculaient la concurrence jugée déloyale à coup de menaces, de jets de pierre et d’un rassemblement presque révolutionnaire : en clair, des échauffourées que l’on préfère voir à la télé plutôt qu’en réalité. Au niveau de Marseille, le respect s’imposait avec la distribution de fleurs à chaque utilisateur de taxi. Une opération séduction qui redonnait à la population de l’espoir quant à l’avenir du territoire. Mais le plus important dans tout cela restera la venue au Bataclan de Death Cab For Cutie, la formation américaine indie rock. Une nouvelle raison d’apprécier un peu plus les voitures avec chauffeur… le temps d’un voyage !

Outsiders de la soirée, WE WERE PROMISED JETPACKS commence poliment son spectacle, sous de timides applaudissements. Originaire d’Ecosse, ce n’est pas la première fois que la bande se confronte avec le public parisien, étant donné un passage l’année dernière au Batofar, et cela se ressent. La confiance est de rigueur, le set est bien rodé et les guitares sont aiguisées, un nombre de qualités plutôt positif qui réussit au quintette. En plus de traditionnelles distorsions, la troupe est armée d’un synthétiseur convainquant et omniprésent qui offre aux titres joués un aspect atmosphérique et planant, certes non dérangeant, mais un peu fort. Les fans de sensations fortes se laissent ainsi facilement transportés par les fameux “Human Terror” et “A Part Of It”, des titres originaux ponctuées par des interludes jammées. En conclusion, des descendants abruptes de The Killers à écouter si ce n’est pas déjà fait.

Tandis que se déroule Place de la République le dernier jour du OÜI FM Festival, c’est agréablement surpris que nous découvrons la salle remplie de manière correcte et hétéroclite pour ce qui est la der’ des der’ de cette tournée européenne. Les balcons sont assez bien dessinés, moyennant quelques distances de sécurité entre certaines personnes. La fosse, elle, s’alimente chaque seconde d’un flux constant d’humains (les retardataires qui n’ont peut être pas eu de chance avec la grève des taxis, qui sait ?). Quant à l’estrade, cette dernière voit accueillir à 20h50 les tant attendus DEATH CAB FOR CUTIE pour une aventure à coup sûr marquante. Les musiciens principaux n’ont pas besoin d’être tendus puisqu’en 2008, ils foulaient déjà ce même lieu pour un tout autre disque, “Narrow Stairs”, paru la même année. Mais aujourd’hui, c’est bien pour son huitième album studio “Kintsugi” que l’orchestre de Ben Gibbard a fait le déplacement et débute son concert. “No Room In Frame” ouvre le bal avec un chanteur dansant courtoisement au rythme de la musique. Il faut dire qu’à part un backdrop reprenant le dernier artwork du groupe, la scène se veut sobre à souhait, répartie entre les cinq instrumentistes présents. Ceci dit, que faut-il de plus lorsque la justesse est au rendez-vous et que les acteurs du soir répondent sans conteste aux contraintes de leur personnage ? Rien d’autre qu’une setlist diversifiée et au goût de jour, ce qui sera visiblement le cas à l’écoute des applaudissements au cours du show et des paroles reprises en choeur. Au programme : “Crooked Teeth”, “Photobooth”, “President Of What?” ou encore le récent “The Ghosts Of Beverly Drive” etc. Quasiment toutes les périodes de DCFC sont réanimées le temps d’un verre, le tout malgré l’absence du guitariste originel Chris Walla. Un détail qui ne semble que très peu gêner les fans, euphoriques face au célèbre “Hi, we’re Death Cab For Cutie from Seattle” (ndlr : Bonjour, nous sommes Death Cab For Cutie de Seattle) lancé par un leader en furie. En parallèle des anciens morceaux ayant déjà fait leur preuve, la troupe n’oublie pas la raison première de sa venue et profite de l’instant présent pour dresser habilement et humblement un tableau à l’aide de nouvelles compositions. Ces dernières sonnent, certes, moins agressives et joueuses que les classiques, mais c’est en live que celles-ci révèlent une facette plus technique et valorisante, apportant un souffle nouveau à l’ensemble. Et au delà de l’aspect lyrique, point fort de la formation, Death Cab nous offre avec délicatesse un spectacle humain et ouvert, passant instinctivement d’un “I Will Follow You Into The Dark” tout en acoustique au tube presque improvisé “I Will Possess Your Heart”. Enfin, au bout de ce melting pot de tubes traversé par des retraits vocaux et des mouvements de mèches rebelles, l’auditoire français se voit joliment remercier par le digeste “El Dorado”, suivi par les transcendants “The New Year” et “Transatlantism”, tous deux tirés du concept album de 2003.

 

 

En somme, un concert qui impose le respect et incite les jeunes musiciens en herbe à tenter leur chance. Car comme le montre Death Cab For Cutie, rien ne sert de s’armer de folies visuelles ou scéniques, puisque la musique parle d’elle-même. Et bien qu’une partie des fans des américains appelle au retour de The Postal Service (ndlr : un autre projet du frontman), l’audience a démontré en ce dernier jour de tournée qu’une affection et un intérêt existent toujours pour ce projet qui fêtera bientôt ses vingt ans d’existence. 

Setlist :

No Room In Frame
Crooked Teeth
Photobooth
Black Sun
Doors Unlocked And Open
The Ghosts Of Beverly Drive
Little Wanderer
President Of What?
You’ve Haunted Me All My Life
What Sarah Said
I Will Follow You Into The Dark
I Will Possess Your Heart
You Are A Tourist
Cath…
Soul Meets Body
—-
El Dorado
The New Year
Transatlanticism