Le “Impericon Never Say Die! Tour” était de passage à La Machine Du Moulin Rouge le 25 novembre au cours de son long parcours à travers toute l’Europe. Six groupes étaient présents, et en pleine forme, afin de donner envie au public parisien de continuer à venir headbanguer joyeusement aux concerts malgré la situation actuelle !
Le festival débute avec le seul groupe européen : les Allemands de BURNING DOWN ALASKA, venus nous présenter “Values & Virtues”, leur premier EP paru plus tôt cette année. Malgré leur activité assez récente et la discrétion de l’audience, les musiciens paraissent à l’aise sur scène. Ils seront rejoints par le chanteur de Being As An Ocean pour leur titre en featuring “Phantoms”. Au bout d’une trentaine de minutes, BDA laisse la place au groupe suivant.
FIT FOR A KING, visiblement très heureux de jouer “enfin” en France, entame son set à 18h45, avec un chanteur à la voix puissante qui remerciera en français les fans à la fin de chaque morceau. Il dédicacera la chanson “Slave To Nothing” à Paris en faisant référence aux attentats : “We will not be slave of fear” (ndlr : nous ne serons pas esclaves de la peur). Malgré un petit problème technique qui obligera le groupe à recommencer un morceau, la formation arrivera à réveiller la -petite- foule qui commencera les headbangs. Afin de clôturer le set, le bassiste visiblement ému, fera un rapide speech afin de remercier les fans présents : “we love you!”.
CRUEL HAND, de retour à Paris après avoir assuré l’ouverture de Nasty au Batofar en mars dernier, vient nous présenter son son hardcore US presque trop “stéréotypé”. Les chansons s’enchainent et se ressemblent, mais le quintette a le mérite de se donner à fond sur scène, et le chanteur ne s’arrêtera pas une seconde de sauter, parcourir la scène et essayer de mettre l’ambiance, même si l’assemblée ne semble pas vraiment y adhérer.
BEING AS AN OCEAN, assez attendu des festivaliers à en juger par le nombre de T-shirts de son merch portés par ces derniers, se démarquera largement des autres formations de la soirée grâce à un frontman qui ne passera pas plus des cinq premières secondes du set sur scène, et préférera descendre dans la fosse afin de se mêler à l’auditoire. Malgré le fil de son micro assez gênant, le vocaliste montera même au premier “balcon” de La Machine Du Moulin Rouge afin de se jeter dans le public et passera l’intégralité de son temps à bouger d’un bout à l’autre de la salle, attrapant certains fans au passage par le cou pour chanter front contre front, n’hésitant pas à tendre son micro, ou encore à s’adresser directement à certaines personnes. Il est rare que l’on voit autant de proximité entre un chanteur et ses fans, ce qui effacera même ses musiciens restés sur scène. Joel Quartuccio (chant) profitera de “This Loneliness Won’t Be The Death Of Me” afin de faire un discours -éclairé par les briquets et écrans de téléphone au milieu de la foule- sur le suicide, et rappeler à chacun qu’il faut être fort et que “l’amour vaincra et nous sauvera tous”. Il encouragera les personnes qui souffriraient d’un mal-être à se confier auprès de personnes compétentes, telles qu’un de ses amis présents sur la tournée et au merch à la fin du concert. Sur cette note très émouvante, BAAO se retire.
Les “punk rockeurs” de DEFEATER, comme ils se définissent, arrivent sur scène vers 21h et ne relâcheront pas leur énergie débordante pendant les quarante-quarante-cinq minutes qu’ils y passeront. Le chanteur, sous ses airs sages avec sa chemise blanche impeccable et son béret, semble vocalement infatigable. Plusieurs adeptes de la formation se sont déplacés ce soir, et le frontman ne manque pas de leur tendre son micro à plusieurs reprises. On aura même affaire au premier stage diving de la soirée. Malgré leur maîtrise, on a un peu de mal à différencier les morceaux -à part les plus célèbres tels que “Spared In Hell” ou “Unanswered”- d’autant plus que ces derniers ne sont pas annoncés. Defeater aura bien échauffé la salle afin d’accueillir la tête d’affiche -qui paraîtra presque calme après une telle performance- et les impressions laissées sont assez bonnes.
THE AMITY AFFLICTION remonte une seconde fois pour cette année 2015 sur la scène de La Machine Du Moulin Rouge, mais cette fois-ci en tant que headliner. Avant de débuter son set, le combo fait appel à un membre français du staff afin qu’il lise au public une note écrite par eux-même suite aux tristes événements survenus à Paris : “…Ce concert est un moyen de nous réunir pour de bonnes raisons, de manière pacifique, pour partager notre joie, notre amour et passion mutuelle pour la musique et toutes les émotions qui vont évidemment avec. Nous insistons sur le fait que, bien qu’aucun d’entre nous ne croit en Dieu, nous sommes convaincus que tout le monde sur cette planète devrait avoir le droit de s’engager dans n’importe quelle religion existante, ne prenez surtout pas en compte l’apparente religion des auteurs des attaques, ils ne représentent en rien la communauté musulmane. A la place, réunissons nous dans la paix et la tolérance envers tous les êtres humains. Encore une fois, merci beaucoup d’être ici ce soir, c’est extrêmement important pour nous tous et nous espérons que vous allez tous passer une bonne soirée avec nous !”
Après ce discours vivement applaudi par la foule, les Australiens débutent leur show avec le single “Open Letter”. La performance est plus vivante que la première partie assurée pour Of Mice & Men en mars dernier, et les musiciens semblent plus à l’aise face à un public qu’ils s’approprient rapidement en leur faisant chanter les choeurs sur les tubes comme “Chasing Ghosts” ou encore “The Weigh Down”. Joel Birch (scream) remerciera à de nombreuses reprises l’audience d’être venue malgré les récents événements. Un membre se démarque particulièrement : Ahren Stringer, qui arrive parfaitement à assurer la basse et les chants clairs.
Le concert se finira par les deux morceaux les plus appréciés de la formation : “Pittsburgh” et “Don’t Lean On Me” que les fans connaissent très bien. Malheureusement, la performance se terminera avec un screamer blessé qui finira le dernier titre assis près de la batterie, mais on retiendra sa volonté d’aller jusqu’au bout malgré la douleur.
Malgré une bonne soirée, l’Impericon aurait tout de même pu se permettre des têtes d’affiche avec plus de notoriété que Defeater et The Amity Affliction, car on a l’impression qu’il manquait un petit quelque chose à cette programmation assez légère.