En mars dernier, RockUrLife a eu la chance de discuter une quinzaine de minutes avec la formation pop rock montante Against The Current, en amont de son concert au Trabendo et de la sortie de l’ambitieux “In Our Bones”, le 20 mai prochain.
Comment se passe votre tournée européenne jusqu’à présent ?
Chrissy Costanza (chant) : Très bien, merci beaucoup ! Pour le moment, tout se passe plutôt bien.
Cette tournée a commencé [il y a quelques jours] par deux dates françaises, une à Lille et une autre à Toulouse. Comment étaient-elles ?
Chrissy : Elles étaient vraiment super ! Il y avait pas mal de monde et c’était très fun.
Will Ferri (batterie) : Nous avons même joué sur un bateau ! (rires) Nous avons la chance de découvrir des coins nouveaux, donc c’est vraiment une expérience incroyable.
N’est-ce pas un peu bizarre de revenir dans des salles de petite capacité après avoir joué dans des arènes anglaises, en ouverture d’All Time Low et Good Charlotte ?
Dan Gow (guitare) : Pas si bizarre que ca pour être honnête. Après, il est vrai que nous sommes passés du tout au tout en un rien de temps. A peine avions nous fini notre dernier concert avec All Time Low et Good Charlotte que nous étions dans un bateau direction la France. Mais d’un point de vue général, nous restons contents et fiers d’avoir la chance de faire cela.
Avant de nous intéresser à votre premier album, nous allons discuter de votre passé. Comment ce projet s’est-il lancé ?
Chrissy : Against The Current a commencé il y a environ quatre ans. Dan et Will jouent ensemble depuis l’âge de dix ans et nous nous sommes rencontrés grâce à des amis mutuels. Tout a commencé par là : c’est aussi simple qu’on l’imagine.
Will : A la base, nous souhaitions juste être un groupe, le meilleur qu’il était possible d’être à l’époque. Composer des chansons, s’améliorer et s’amuser. Aujourd’hui, il est vrai que tout cela prend de l’envergure assez rapidement mais nous espérons toujours nous améliorer encore et avoir une longue carrière.
Vous avez tout d’abord commencé avec des reprises sur YouTube, chose que vous continuez de faire aujourd’hui comme le montre votre reprise du hit de Justin Bieber “Sorry”, publié dernièrement. En prenant en compte le fait que vous êtes désormais un groupe signé, comment gérez-vous cette image de “groupe de reprise” ? Est-ce parfois difficile à assumer ?
Chrissy : Absolument pas. Honnêtement, je pense que les gens arrivent à faire la part des choses, prennent le temps de découvrir notre groupe et comprennent que ces reprises sont une sorte de plateforme. C’est plus comme un outil, quelque chose que nous aimons partagé avec nos fans, de la nouvelle musique pour eux. En plus de ça, ils peuvent venir à nos concerts, écouter notre propre musique. Nos reprises font en fait partie d’un ensemble plus grand.
Mais est-ce toujours pertinent de faire cela ?
Chrissy : Bien sûr que oui. Ce n’est même pas une question pour nous. C’est notre méthode pour rester connecter avec tous nos fans sur Terre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Quelque chose de difficilement remplaçable.
Ce qui semble assez respectable. Pour en revenir à votre groupe, il semble qu’Against The Current a commencé sous la forme d’un quintette.
Chrissy : En réalité, nous avons été un trio durant la majeure partie du projet Against The Current, bien avant la sortie de notre premier EP. Je dirais même que lorsque nous avons choisi de nous appeler Against The Current, nous étions déjà tous les trois.
Est-ce plus facile pour vous de vous épanouir musicalement en étant vous trois ?
Will : C’est même certain, et c’est d’ailleurs pour cela que nous nous sommes lancés en trio. Tout a toujours semblé si juste et si pertinent entre nous trois, une pure évidence. Nous avons réussi à emmener le groupe là nous voulions l’emmener et il me semble que c’était la meilleure des choses à faire.
Comme si trois meilleurs amis faisaient de la musique ensemble ?
Chrissy : Tu le dis tellement bien, c’est tout simplement ça !
En 2015, vous rejoignez finalement l’écurie Fueled By Ramen, le label de Paramore et autre fun.. Qu’est-ce que ce contrat vous a offert, en tant que groupe ? Pas en termes économiques, bien sûr !
Chrissy : Ce contrat nous a offert la possibilité et l’opportunité de travailler avec d’excellents compositeurs pour notre premier disque. Nous avons pu, tous les trois, apprendre des choses et développer nos relations avec des personnes ayant une expérience inestimable. Nous sommes encore un groupe relativement jeune donc cela nous fait énormément de bien d’être si bien entourés et soutenus. Même lors de l’enregistrement de nos clips vidéos, les équipes sont là pour nous soutenir. Ils sont devenus comme une sorte de famille pour nous.
Avant cet album, étiez-vous en contact avec des compositeurs ?
Chrissy : Un peu. Nous avons eu la chance de travailler avec quelques uns pour notre EP “Gravity”. Cependant, ces derniers faisaient partie d’un petit cercle assez restreint et intime. Après avoir été signé, nous avons eu l’opportunité de collaborer avec la plupart des compositeurs que nous voulions.
Peut-on donc considérer que Fueled By Ramen vous a permis d’accéder au statut, à la situation et au son que vous recherchiez à vos débuts ?
Will : C’est cela. Nous avions auparavant des idées de sons et directions que nous voulions essayer mais que nous ne pouvions pas suivre à l’époque puisque nous ne savions pas par où commencer. Au final, travailler avec ces personnes expérimentées nous a permis, à notre tour, de tenter des choses. Et pour l’instant, c’est plutôt cool !
Chrissy : Je pense qu’en fin de compte, nous aurions fini par devenir ce groupe que nous recherchions à être, avec ou sans ce contrat. Mais celui-ci nous a permis de le devenir plus rapidement.
Intéressons-nous maintenant à votre premier disque, “In Our Bones”, annoncé pour le 20 mai 2016. Comment se sont déroulées les sessions d’écriture et d’enregistrement ?
Chrissy : En tant que compositeurs, ce fut l’une des expériences les plus excitantes et intéressantes que nous avons connu. Nous sommes tous les trois du même avis que nous sommes ressortis de cela plus forts et mieux habiliter à comprendre notre musique, à déjà savoir ce que nous voulons faire pour notre prochain album même ci cela n’est pas prêt d’arriver. (rires) Désormais, nous voulons constamment nous améliorer et c’est grâce à “In Our Bones” qu’il nous sera possible de devenir encore meilleur.
L’épreuve de travailler sur un disque de plus de huit titres – en clair, un album – était-elle difficile à passer ?
Dan : D’un certain côté, oui. Mais nous avions plus de temps pour travailler dessus en comparaison à nos précédents EP. Nous avons eu environ trois mois, entre le printemps et l’automne 2015.
Chrissy : Certes, nous avons eu plus de temps mais il ne faut pas oublier que ce disque a nécessité plus de temps dans sa conception car il y avait plus de titres à travailler. Donc indirectement, c’était également plus dur et nous étions pas mal fatigués à la fin. Malgré la fatigue ambiante, nous écrivions nos nouvelles chansons tous les jours sans jamais manquer d’idées. Si personne ne nous avait dit “vous avez assez de titres pour votre album, ca y est”, nous y serions sûrement encore. (rires)
Concernant ce disque, y a-t-il un message caché derrière son titre ?
Chrissy : C’est quelque chose de poétique, mais non quelque chose de philosophique. “In Our Bones”, c’est nous, c’est ce que nous faisons maintenant. C’est ce pour quoi nous sommes nés, c’est ce pour quoi nous vivons. Ce n’est pas quelque chose de délibéré, c’est le chemin que notre vie devait prendre… C’est “dans nos os” (ndlr : “it’s in our bones”)
Donc le nom aurait pu être “In Our Heads” (dans notre tête), “In Our Hearts” (dans notre coeur), “In Our Blood” (dans notre sang).
(rire général)
Chrissy : C’est ça ! Mais “In Our Bones” nous parlait plus.
Dan : D’autant plus que “In Our Bones” est également le titre d’une de nos nouvelles chansons. (rires)
Contre toute attente, il n’y a aucun featuring sur votre premier album. Est-ce une façon pour vous de revendiquer une envie de proposer un album vous représentant à 100 % ?
Chrissy : Ce n’est pas quelque chose que nous avons ouvertement décidé pour être honnête. Concernant notre dernier featuring “Dreaming Alone”, lorsque la discussion sur les featurings était à l’ordre du jour, nous n’avions à la base pas écrit cette chanson dans le but de faire intervenir quelqu’un d’autre. Puis, nous avons fini par l’imaginer comme un duo et la présence de Taka de One Ok Rock est alors apparue comme une évidence. Pour “In Our Bones”, nous n’avons pas su déterminer de chansons pouvant accueillir un autre artiste.
“In Our Bones” est ce que l’on peut appeler un album pop, sûrement le disque le plus ambitieux que vous ayez écrit jusqu’à présent. Sa production est excellente et la plupart des sons sont de véritables tubes. Cependant, les guitares se retrouvent noyées dans le mix, cachées derrière les claviers et autres folies électroniques. Un choix délibéré ?
Will : Nous avons eu la chance d’avoir accès à des sonorités de claviers à la fois nouvelles pour nous et inspirantes. La plupart de nos chansons proviennent d’une idée mise en musique par un clavier Juno. Mais c’est effectivement super cool d’avoir accès à des sons différents et de tenter de nouvelles choses, comme par exemple des sonorités un peu spaciales.
Les distorsions et les guitares ne sont donc plus d’actualité dans votre façon de concevoir de la musique ?
Dan : Absolument pas, nous aimons toujours les guitares, je te rassure. Mais c’est justement là, le challenge. Il faut réussir à mixer des guitares brutes et des synthés légers ensemble. Personnellement, je trouve que nous nous en sommes pas mal sortis.
Chrissy : Ce qui semble se perdre dans beaucoup de musiciens, c’est une certaine logique musicale. Beaucoup d’entre eux cherchent à automatiquement mettre des guitares très fortes là où cela ne dessert ni à la chanson, ni à ce qu’elle cherche à dégager. Tout doit être fort parce que c’est ca d’être un groupe, alors que pas du tout. Parfois, la chanson en question n’est pas apte à recevoir des grosses guitares et nous préférons faire ce que rend nos chansons meilleures. Cela peut être des guitares acérées, mais cela peut tout aussi bien être des claviers. Tout dépend de ce que celle-ci représente.
Dan : Puisque l’on parle de guitares distordues, nos performances lives sont, elles, bien plus rock que ne l’est notre album, parce que nous avons deux membres en plus : un à la guitare et un à la basse.
Will : En vérité, nous avons toujours voulu avoir de gros refrains fédérateurs mais parfois, ces derniers se perdent lors des lives. Certains artistes pop sonnent exactement les mêmes en CD et en direct : c’est ce que nous souhaitons éviter sur scène. On pourrait même dire que nous faisons en live des reprises de nos propres chansons. (rires)
Chrissy : A mon avis, il faut que les fans aient une expérience différente lorsqu’ils vont voir un groupe en concert car si celui-ci sonne pareil, à quoi bon aller le voir ? Cela doit être plus grand, théâtral, ce que l’on persiste à faire soir après soir. Nous voulons offrir à nos fans une véritable expérience.
Sur “In Our Bones”, il y a pas mal de relief : des chansons optimistes et rapides comme “Outsiders” ou “Runaway” au même titre que des mélodies mélancoliques à l’instar de “Chasing Ghosts”. Est-ce le fait d’utiliser des mélodies pop pour parler de sujets sérieux est compliqué à mettre en place ?
Chrissy : Pas vraiment. Nous aimons parler de ce qu’il se passe autour de nous et de ce qu’il se passe en nous, nos sentiments. Mais je pense que les mélodies pop sont plus faciles à assimiler pour les gens, même si c’est une pop un peu dark et forte. Après tout, cela reste de la pop qui arrive à rester bloquée en tête et permet aux auditeurs de ne pas pleurer et s’énerver en écoutant notre musique car ce n’est pas le but. Donc la pop est la meilleure façon de rendre les gens heureux.
“Against The Current” (A contre-courant), “Outsiders”. Ces termes laissent penser que vous avez quelques soucis à vous épanouir pleinement dans notre société actuelle. Qu’est-ce qui vous empêche d’être bien ici ? Qu’est-ce qui vous énerve ?
Chrissy : Le sujet principal de “Outsiders” est qu’il est normal de vivre et que se soumettre aux normes n’est pas toujours la meilleure des choses. Ce que nous faisons est loin d’être conventionnel : être dans un groupe à vingt ans et ne pas être en cours n’est pas quelque chose de courant. Cependant, nous faisons exactement ce que nous aimons, ce qui nous semble naturel et nous fait sentir à part. Et nous en sommes fiers.
Travaillez-vous sur de nouvelles choses dès maintenant ? Une version acoustique de votre album comme vous l’avez déjà fait pour vos différents EP ?
Dan : Je suis sur que nous publierons quelques chansons acoustiques dans un futur proche mais pour le moment, nous allons faire plein de concerts et de nouveaux clips vidéos !
Pour finir, notre site s’appelle “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock votre life ?
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