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KORN (13/08/13)

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En tournée promotionnelle pour “The Paradigm Shift”, onzième album de Korn, c’est dans un hôtel chic de la capitale que le célèbre guitariste de la formation à dreadlocks, Munky, nous a accordé de son temps, tout en bonne humeur et décontraction.

Hi ! Premièrement, comment vas-tu ?

Munky (guitare) : Hey ! Je vais bien merci !

Votre nouvel album s’intitule “The Paradigm Shift”. Peux-tu nous en dire plus sur ce titre ?

M : Pour les derniers albums, le groupe m’a en quelques sortes donné la tâche de trouver les titres. Pour notre nouveau disque, “The Paradigm Shift”, j’ai toujours aimé l’illusion d’optique, la façon dont tu peux voir différentes choses… J’étais en train de faire des recherches là-dessus sur Internet et je suis tombé sur ce dessin d’un lapin, mais si tu le regardais d’un autre angle, c’était un canard. Ça a du sens avec le retour de Head et ce cadeau que l’on a depuis longtemps de pouvoir créer de la musique, mais ça a aussi du sens par rapport à où on en est maintenant. La gratitude que l’on a prise pour acquise pendant tellement longtemps. Ça représente aussi où on se situait dans le passé, où on se situe maintenant et les chansons que l’on a créé nous ont apporté un regard positif sur notre avenir.

 

L’album débute avec “Prey For Me”, une chanson au son assez heavy qui sera certainement un futur hit. Puis, à partir de “Love & Meth”, le son de l’opus commence à prendre un tournant plus électronique. Avez-vous pris la décision de rester fidèle à l’électro maintenant ?

M : On apprécie vraiment avoir des bases électro dans nos chansons et ce qu’on a fait avec notre précédent album, “The Path Of Totality” (2011), était une excellente expérience pour nous, on a énormément apprit. Skrillex nous a enseigné beaucoup en studio concernant sa manière d’utiliser des instruments électroniques pour donner plus de profondeur aux chansons, ou tout simplement les rendre meilleures. Il nous a exposé différentes techniques musicales par rapport à l’électro. Quelque chose que notre groupe a toujours voulu faire donc, profiter de la technologie et rester connecté à ce qu’il se passe dans l’industrie de nos jours.

Parlons maintenant de “Never Never”. Pourquoi l’avoir choisi en tant que premier single et comment le décrierais-tu en comparaison avec les précédents singles de votre carrière ?

M : “Never Never” allait se présenter comme une sorte de défi pour les gens. Je me rappelle de quand on a décidé des singles pour notre album “Follow The Leader” (1998), je ne sais pas si c’était pour le premier single ou pas, mais la chanson choisie avait une sorte de beat disco et c’était si différent. Les gens ont fini par vraiment l’apprécier et ils le font encore parce que ça fait quinze ans qu’on la joue. “Never Never” me rappelle ça, car bien qu’elle soit une des chansons les plus différentes de l’album, quand tu écoutes l’opus avec la manière dont les titres sont séquencés, une sorte de vague s’installe comme avec “Prey For Me” qui est un titre très heavy, et qui est suivi par la suite par “Never Never”, montrant le côté plus léger de Korn, et qui te claque avec tous ces riffs de guitare. En fait, on voulait voir si les filles aimaient nos chansons. (rires) Il n’y a rien de mal à ce que plus de filles viennent à nos concerts… 90% de notre public est constitué d’hommes. Mais c’est une bonne chanson, tout le monde l’aime. On a eu un petit débat pour choisir le premier single et cette chanson est celle qui a gagné la bataille… mais pas la guerre. (rires)

 

Quasiment chaque chanson de cet album pourrait être un single. Quels sont tes trois titres préférés et pourquoi ?

M : J’aime vraiment beaucoup “Prey For Me”, le refrain est un de mes préférés et c’est juste entraînant. Une autre serait “Spike In My Veins”, elle comporte une touche électronique et elle me fait penser à une chanson de Nine Inch Nails… Je suis un grand fan de NIN et il y a ce passage très spécial à la guitare à la moitié de la chanson avant le drop de basse et le refrain. Jonathan et les gars de Noisia (ndlr : avec qui le groupe a travaillé notamment sur “The Path Of Totality”) ont écrit cette chanson, puis on l’a réécrite et emmenée au studio. C’est une de mes pistes favorites et elle a fini sur l’album. Certaines chansons deviennent très agressives dès l’intro ou à un moment précis, mais ce n’est pas réellement le cas pour “Spike In My Veins”, c’est une chanson très intense et j’aime ça. Ma troisième chanson préférée serait “Victimized”, le tempo est super rapide et il y a un gros riff de guitare, un refrain accrocheur et cette influence psychédélique.

En 2005, Head a quitté Korn pour sortir en 2008 son premier album solo “Save Me From Myself”. Cependant, il a été annoncé sur votre page Facebook qu’il est de nouveau membre du groupe. Quelle est l’histoire derrière son retour ?

M : Il était à un festival où l’on jouait. Il y avait amené sa fille qui a la quinzaine. C’est drôle parce qu’il a quitté le groupe parce qu’il voulait arrêter la drogue et devenir un vrai père pour sa fille qui avait cinq ans à l’époque, et la raison pour laquelle il est revenu était pour elle aussi. Il a fini à ce festival parce qu’il voulait l’emmener à un concert et voir d’autres groupes et il s’est trouvé que l’on y jouait. On a traîné ensemble et notre bassiste lui a demandé de monter sur scène histoire de jouer quelques vieux morceaux et il est venu et a joué un titre avec nous. Ça s’est super bien passé, je l’ai appelé une semaine après et lui ai dit “hey ! C’était sympa non ? Ça te dirait d’essayer d’écrire des chansons et revenir au studio ?”. Il a d’abord hésité, mais il m’a appelé quelques jours plus tard et m’a dit “Ouais, essayons !” et ça a fonctionné. On a écrit un album et on s’est bien éclaté !

 

D’ici la sortie de l’album, deux ans se seront écoulés depuis “The Path Of Totality”. Sachant que Head est maintenant de retour, penses-tu que cela a créé une certaine forme de pression pour “The Paradigm Shift” ?

M : Je pense que les attentes sont très élevées… Mais je crois que ça a en effet créé une certaine pression. Cependant, quant au processus d’écriture de l’album, la pression s’effaçait un peu plus chaque jour comme on savait qu’on allait ressortir avec des bonnes chansons. Donc maintenant, avant même que l’album sorte, on sait qu’on a fait un très bon disque et on doit être confiant. Si les gens l’aiment, génial ! S’ils ne l’aiment pas, ils peuvent acheter un autre album. Ou télécharger un autre album gratuitement. (rires)

Lorsqu’on a comparé votre précédent album avec le nouveau, quelque chose a attiré notre attention : dans “The Path of Totality”, chaque chanson est en featuring avec un artiste ou groupe électro, mais il semble que ce n’est pas du tout le cas dans “The Paradigm Shift” et que tout repose dorénavant sur Korn seulement. Comment en êtes-vous arrivés à faire ce choix ?

M : (réfléchit longuement) Lorsque l’on est rentré en studio il y a un an, on a ressenti ce besoin d’être de nouveau un groupe. On voulait aller en studio et s’inspirer le moins possible d’influences externes parce que l’on avait plus besoin de ces influences. On avait l’impression qu’il nous fallait juste nous poser dans une pièce et écrire des chansons comme on avait l’habitude de faire, et laisser la magie opérer une nouvelle fois. Même sur beaucoup de nos précédents opus, on a eu des guests, comme des rappeurs, chanteurs, DJs… Et je crois que c’est ce que j’aime dans “The Paradigm Shift”. C’est juste nous. Je pense que c’est ce que les fans voulaient entendre depuis un long moment.

 

Il a été annoncé que le clip de “Love & Meth” était sur le point d’être terminé. A quoi peut-on s’attendre avec cette vidéo ?

M : Ça sera super cool, on a fait appel à un contorsionniste qui fait figure de fil conducteur. Je ne veux pas tout révéler mais le réalisateur a des idées géniales. Il est aussi le même réalisateur qui s’est chargé du clip de “Never Never”, qui tourne autour d’un gros travail de post-production avec beaucoup d’effets spéciaux. On a fait deux vidéos consécutives, c’était deux jours très longs. Le résultat final semble très satisfaisant. En espérant que ça ressorte aussi bien que sur papier.

Sachant que l’aspect live est important, comment se passe l’enregistrement d’un album ? Vous réfléchissez d’abord à la manière dont ça sonnera en live ?

M : OUI ! (rires) On a tendance à faire des aller-retours concernant la création d’un album, parce que certains riffs ou certaines chansons sonnent bien en version studio mais on se demande toujours “est-ce que cette énergie pourra être retransmise en live ?” ou “est-ce que c’est une chanson qu’on se voit jouer sur scène ?”. Quand on écrit des titres, on a pour habitude de se rappeler de ça, de réfléchir à la manière dont ça rendra en concert. Si une chanson n’est pas faite pour le live, alors soit on la met de côté, soit on essaie d’en faire quelque chose d’intéressant qui pourra faire en sorte qu’il y ait une jolie dynamique au milieu des concerts, avec une chanson plus douce par exemple.

Vous avez joué au Sonisphere et au Hellfest cette année. A quand un retour en France ?

M : Je ne sais pas mais j’espère que ce sera aussi bon que le show au Sonisphère, parce que c’était excellent. La veille, on a joué au Rock Am Ring et c’était aussi un bon show mais on a eu l’impression que le public était un peu fatigué. Je ne sais pas s’ils étaient assis dans le fond en train de nous écouter et lancer des petits “wooooo !” parce que c’était la première fois qu’ils nous voyaient réunis tous ensemble sur scène, mais en tout cas, l’audience du Sonisphère était, elle, folle. Peut-être que le son était meilleur, je n’en ai aucune idée… mais c’était vraiment un bon souvenir. On va revenir bientôt pour une tournée européenne pour faire des vrais concerts, et ça se fera sûrement en janvier-février prochain.

 

Korn a vendu environ cinquante millions de disques dans le monde, onze albums se sont placés dans le top dix du Billboard 200 et huit dans le top cinq, huit disques sont certifiés Platinium ou Multi-Platinium et un est certifié Or. De plus, Korn a remporté deux Grammy Awards de ses sept nominations. Quel est votre but maintenant ?

M : Les disques d’or et tout ça, c’est cool, mais vraiment, ce qui nous intéresse c’est de jouer tous ces concerts pour les fans. Voir les réactions sur leurs visages, leur excitation, leur enthousiasme, ça n’a pas de prix. Nos fans sont tellement fidèles, on veut toujours aller dans le plus de villes possible. Faire un très gros show avec une bonne mise en scène, c’est un objectif pour nous maintenant. On aimerait mettre en place des très gros concerts et tournées, histoire de renvoyer la pareille aux fans autant qu’on le peut. C’est grâce à eux qu’on peut encore et toujours créer de la musique et continuer à être des artistes.

Pour conclure, notre site s’appelle “RockUrLife”. Qu’est-ce qui rock ta life Munky ?

M : Là tout de suite, c’est ce groupe et cet album. Je ne veux pas paraître niais mais je suis ici pour promouvoir mon nouvel album ! (rires) Évidemment je suis très fier de “The Paradigm Shift” mais j’essaie de rester en bonne santé pour ma famille. Ma femme et moi avons un bébé tout neuf de neuf mois et c’est ce qui est important pour moi, c’est ce qui me maintient heureux et sain, de façon à ce que je continue la musique. C’est ce qui rock ma vie.

 

Crédit photos : Nicko Guihal

Site web : korn.com