Interviews

KYO (04/04/14)

Une semaine après la sortie du nouvel album “L’Equilibre”, RockUrLife a pu rencontrer les guitaristes Florian Dubos et Nicolas Chassagne dans les locaux du label Sony. L’occasion d’en savoir plus sur LE comeback de l’année !

Salut ! Ça fait dix ans qu’on attend ce moment !

Nicolas Chassagne (guitare) : C’est marrant, car on rencontre justement de nombreux journalistes, qui nous connaissent mieux. Alors qu’avant, à l’époque, on avait affaire à des journalistes qui étaient vraiment plus vieux que nous et qui ne nous connaissaient peut-être pas forcément quand ils faisaient des interviews. C’est vraiment drôle de rencontrer des gens qui connaissent notre musique.

Vous êtes restés assez discrets durant de nombreuses années, et vous avez commencé à travailler sur “L’Equilibre” il y a deux/trois ans. Comment avez-vous gardé le secret de la reformation de Kyo, malgré les quelques rumeurs qui couraient ?

Florian Dubos (guitare) : On ne savait pas, à l’avance, le temps que ça allait nous prendre, donc on a fait ça tranquillement entre nous, sans annoncer quoique ce soit. Parce que lorsque tu annonces un truc, après ça brouille un peu les pistes. Donc on l’a juste pas dit ! (rires)

N : Cela n’a pas été trop dur, parce qu’il y a eu de fausses annonces, des fans, qui en 2008, disaient “ouais je crois qu’ils s’y mettent, ils l’ont dit, ils ont fait une allusion !”, il y a eu plusieurs petites annonces comme ça à un moment donné, du coup nous on l’a tout simplement annoncé officiellement par la maison de disques. Ce qui fait que les gens ne l’attendaient plus vraiment.

Quand même !

F : On ne sait jamais le temps que ça va prendre quand on se lance dans l’écriture, c’est un moment au bout de six mois, un an, on s’est dit “bon c’est bon on y va !” et puis après on s’est dit “peut-être pas, on va réécrire encore un peu, il manque encore des trucs, il faut encore travailler sur le son général, la direction générale”, donc on est reparti pour un an d’écriture et tout. Puis une fois en studio, cela reprend encore six mois, de finir tout bien, le mastering… Donc voilà, on est resté discret sur ça, mais c’est vrai qu’il y avait eu des annonces parfois dans des interviews d’Empyr, le mec posait une question et on disait “oui oui on va le refaire” et puis le lendemain ça sortait : “Ils vont le refaire !” comme si c’était prêt pour dans six mois alors que pas du tout.

Ce nouveau disque prend une direction différente que celle des trois précédents albums. Etait-ce intentionnel ou est-ce arrivé un peu par hasard, peut-être comme une évidence, au fur et à mesure de la création de l’opus ?

F : Ça se fait plutôt au fur et à mesure. On s’est dit “partons dans toutes les directions, on ne se refuse rien, essayons justement de surprendre un peu, d’essayer des trucs un peu différent”.

N : C’est vrai qu’il y avait pas mal de choses à aller chercher du côté des synthés, qu’on avait déjà utilisé, mais un petit peu moins, et c’est sûr que ça ouvre vachement de portes aux idées de prod, on est allé un peu plus dans les synthés, pour finalement un peu à délaisser presque les guitares.

De toute façon, on sait que, de nos jours, on recule pas mal les guitares pour les radios. Avec “300 Lesions” (2004), il y avait quand même les guitares qui étaient revenues en avant et là elles sont en arrières.

F : Oui, cela dépend des périodes. C’est vrai qu’après ce sont les chansons qui décident aussi un peu d’elles-mêmes, c’est-à-dire, qu’on ne se dit pas à l’avance “ok on va mettre tant de pourcentage de synthé…”. Il y a une chanson qui marche super bien avec cette ambiance là comme “Le Graal” et finalement il n’y a pas besoin de mettre un riff de guitare, ça devient presque un peu funky, et ça marche bien comme ça. Et puis il y a des trucs comme “White Trash” où du coup, il y a un son un peu plus lourd, donc ensuite on choisit les titres en fonction de ceux qui nous touchent le plus, l’ensemble du disque.

N : Oui, finalement il y aurait pu ressembler à un disque avec un peu plus de guitares si on avait choisi d’autres morceaux, qui étaient fait à base de guitare.

F : Oui et puis on s’est bien marré. C’est l’avantage d’avoir un peu cette étiquette pop, c’est-à-dire qu’on peut faire un truc à voix, un truc comme “Contact”, un truc comme “Sarah”. Et fait, on a un peu le droit de faire ce que l’on veut, on n’est pas des puristes d’un style, donc voilà quand ça appelle des guitares, on aime bien, quand on trouve un son de synthé un peu étrange qui marche bien. C’est vrai qu’on a bien aimé utiliser certains sons de synthés analogiques, après ce sont aussi les ordinateurs qui nous font rentrer dedans. On bidouille un peu des boucles et des trucs.

N : Et peut-être aussi un peu en fonction de ce qu’on a écouté ces dernières années.

Comme quoi ?

N : Peut-être des petits trucs avec plus de synthé justement.

F : Il y en a même dans The Killers, ou même dans des groupes, d’une autre manière aussi, dans The XX ou Metronomy. C’est vrai qu’il y a un groove qui est intéressant. Ou Phoenix aussi, on avait envie de remélanger tout ça. De toute façon, on ne sait pas comment sera le prochain. Nous, on va là où la chanson nous mène. En tout cas on a essayé de ne pas se mettre de barrières.

 

Il y a plusieurs dynamiques dans l’album, des ballades, des chansons plus pêchues.

F : Il y a un peu trois groupes : les ballades qui sont un peu plus organiques, des titres qui ressemblent un peu plus à “300 Lésions” et puis les “Nuits Blanches” ou “Le Graal” où là il y a plus ce côté un peu plus 80’s, un peu plus synthé. Après il y a toujours des guitares. Mais oui il y a un peu ces trois familles d’atmosphère.

Il est vrai que ça donne pas mal de dynamique sur l’écoute entière de l’album.

F : Et des inédits aussi, on en a enregistré seize, il y en a deux qui sont sur le collector, “Born To Kiss” et…

N : “Le Cœur Des Femmes”.

F : “Le Cœur Des Femmes”, vraiment une ballade avec violons, et “Born To Kiss” qui est un peu plus comme “White Trash”, un peu plus rock. Il y a deux autres inédites encore, où c’est un peu pareil, c’est une ballade et un titre un peu plus rock, plus à la “300 Lésions”.

Au niveau des paroles, c’est le retour de la langue française. Ben disait que c’était un truc qui lui manquait après avoir écrit en anglais pour Empyr. Normalement on aime bien l’anglais en tant que français, car on peut se cacher derrière certaines choses. D’où vient l’envie de repasser au français ? Normalement c’est plutôt interchangeable.

F : Pour certains styles de musique, c’est vrai que l’anglais c’est très cool. Même dans le mix final, il y a une façon de travailler la voix qui est différente, un peu plus comme un instrument. Là en français c’est quand même un peu plus émouvant. Ben avait envie de se réexprimer dans sa langue natale et rejouer avec les mots qu’il connait mieux et puis se confronter aussi à ce qu’il est capable d’écrire maintenant sur des trucs personnels, pas une chanson à un autre, mais un truc à lui en français. Et je pense que cette envie c’était l’une des raisons pour lesquelles on a recommencé à travailler ensemble aussi. C’était l’envie d’un peu tout le monde et lui il avait envie de se remettre à plancher sur des textes en français.

D’ailleurs au niveau de la composition, il écrivait les textes dans son coin ? Quel a été le processus créatif pour “L’Equilibre” ? Avez-vous d’abord composé la musique même, ou les textes en premier ?

F : C’est souvent la musique avant.

N : Souvent la musique avant, pas mal de titres en yaourt, qui deviennent en français après. Oui c’est plutôt la musique d’abord.

F : Pour moi, en tout cas pour la toute dernière chanson “La Route”, c’est un peu les deux en même temps. Parfois, le fait d’avoir sa guitare et d’avoir tout de suite un peu des bouts de phrases, où on construit un peu la chanson en même temps que le texte. En ce qui me concerne cela donne souvent des ballades un peu comme celle-là, mais après, très souvent, pour “Les Vents Contraires” c’était du yaourt sur lequel Ben a écrit un texte et puis les chansons de Ben on les faisait quand même assez souvent en yaourt et après à reposer les textes en français dessus. Parfois assez facilement, parfois beaucoup plus dur, et puis parfois il part d’une instru de Fab ou Nico où il n’y a pas de mélodies de voix et il se lance comme un peu plus comme un rappeur sur un instru, et à chercher une mélodie. Il y a tellement de titres, on en a écrit à peu près cinquante titres et parfois Nico il s’amuse à prendre un couplet d’un titre, un refrain d’un autre, voir avec les tempos, etc. C’est assez complexe comme façon de faire, mais il y a parfois où ça marche très bien.

Dans une interview de 2005, Benoît disait qu’il espérait faire un troisième album deux fois meilleur que “Le Chemin” (2003), pour ensuite faire un quatrième album deux fois meilleur que le troisième. Alors, considérez-vous “L’Equilibre” doublement meilleur que “300 Lésions” ?

F : Ce n’est pas à nous de le dire ! (rires)

N : Non mais c’est sûr, mais on était vraiment content en sortant, en finissant cet album, parce qu’on a pu prendre le temps de le faire. Parce qu’on dit souvent qu’on n’est plus à six mois près. Alors que souvent on est justement un peu pressé par le temps, on ne finit pas vraiment comme on le voudrait et c’est reparti, tandis que là on a quand même bien pris le temps sur les mix aussi pas mal, de retoucher, de rebondir sur des trucs, donc il y a un moment où on l’a laissé comme ça et ce qui fait qu’en sortant on était… C’est toujours pareil, l’album il y a le succès qu’il va avoir et puis il y a…

F : La fierté…

N : La fierté de son art. On n’en a pas fini. Là je pense qu’on est vraiment contents.

F : Oui c’est vrai comme tu dis, il y a des moments où on se mettait un peu la pression, puis toute façon ça fait huit ans qu’on a arrêté donc si allez si on prend six mois de plus et qu’on pond un titre qu’on adore et qui est dans le disque, c’est quand même plus intelligent que se presser parce que ça va être la fin de l’année alors du coup il faut absolument… et quand on est dans un cycle du même groupe, on finit la tournée et souvent il faut essayer d’enchainer assez vite. Entre “Le Chemin” et “300 Lésions” on était dans un cycle comme ça, où naturellement on est un peu pressé par le temps.

 

Du coup, qu’est-ce qui vous a vraiment changé entre “Le Chemin” et “300 Lésions”, de ne pas mettre trop de temps et là vous avez eu dix ans.

F : A faire notre truc et puis au bout d’un moment, deux ans, deux ans et demi à vraiment faire que ça.

Avec du recul sur les autres albums de Kyo, est-ce que cela vous a apporté un truc dans la composition, comment avez-vous ressenti cela ?

N : Ce qui est sûr, c’est que de travailler avec d’autres gens, cela apporte une nouvelle manière de travailler, de construire des morceaux. J’imagine que tout ce qu’a vécu Ben pendant ces dix ans, ça l’a nourrit dans nos textes aussi, et puis tout ce qu’on a écouté pendant les dix ans, c’est vrai que ça fait faire un chemin musical. Ça donne plus envie.

F : Peut-être aussi un regard plus positif sur ce qu’on avait vécu. Pas de frustration, de rien et juste se dire que c’était tellement mortel. A l’époque on était né dedans, c’est vrai qu’il y avait tout le côté critique des gens qui pouvait être un peu violent. Avec du recul, déjà on se dit que c’est pour tout le monde pareil, même nous parfois ça nous arrive d’aimer un truc et ne plus l’aimer. De commencer à être un peu extrême sur des avis sur des trucs. Donc je pense une certaine sérénité par rapport à s’assumer en groupe pop, en disant : “on fait ce qu’on veut, on met des synthés, des guitares etc”, donc assez serein sur la couleur. On se disait : “voilà c’est nous”. Si nous on en est fier, c’est le principal. Mais c’est vrai qu’on a appris des choses en travaillant avec d’autres gens, en faisant des trucs avec Empyr, en travaillant avec des américains, en voyant qu’ils ne font quand même pas les choses différemment qu’en France, c’est juste qu’ils ont une oreille parfois. Pas de technique, pas de machine secrète, pas de truc, juste du talent. Et puis même en progressant un peu dans nos instruments. Moi je pense que j’ai un peu progressé en guitare, je me suis mis à jouer plus de basse aussi, j’ai enregistré un disque d’un groupe qui s’appelle Volo et j’ai fait quasiment toutes les basses dessus. L’air de rien ça m’a aidé aussi sur les maquettes, à vraiment chercher des lignes de basses, ne pas attendre le studio pour trouver des trucs de basse. Et puis les progrès avec Pro Tools et tout ça. Et avec les trucs où on va plus vite.

N : Et puis qui permettent d’aller plus loin dans les maquettes. Ce qui fait qu’en arrivant en studio, finalement les morceaux étaient à 90% déjà bien construits. C’était plutôt du travail en studio, de refaire certaines choses au propre, et puis d’épurer, quelque chose qui était plus du rôle du réal (ndlr : Mark Plati).

F : Il a beaucoup servi à faire un peu le ménage, il y avait déjà trop de trucs. C’était un peu chargé. Il y avait déjà à refaire les vraies batteries, là où c’était souvent des fausses. Et puis voir après qu’est ce qui est vraiment l’essentiel, rejouer certains trucs, garder des trucs des démos, on a gardé au moins 50% des pré-prods.

Ajouté au fait que vous étiez dans un environnement particulier, au studio Gang, où il y avait beaucoup de claviers.

F : Mais on ne s’est pas trop éparpillé à rejouer. On a surtout enlevé et on a pris un mec au clavier pendant quatre jours, Johan (Dalgaard), qui est venu de temps en temps recopié un synthé, de temps en temps rajouter un truc. Mais c’était assez proche des pré-prods avec le son de batterie qui amenait beaucoup dans “Le Graal” et tout. Le vrai son de batterie qui nous a quand même vraiment fait gagner. Et c’est vrai qu’une fois qu’il y a un gros son de batterie, certains éléments deviennent un peu cheap. Les éléments se comparent toujours un peu les uns aux autres. Donc petit à petit, il ne faut pas que ça soit de plus en plus gros.

Si une personne n’a jamais écouté le dernier album, vous lui conseillerez quelle chansons et pourquoi ?

F : C’est vrai que “Le Graal” et “L’Equilibre” sont deux titres qui sont chacun à un bout. L’un, avec un côté pop, il y a des guitares acoustiques, des violons, c’est une ballade, il n’y a pas de synthé 80’s vraiment dedans, et l’autre, “Le Graal”, qui va être un peu dansant, les synthés, les guitares un peu claires, donc ce sont les deux titres qui font un peu les bornes nord/sud de l’album. Sinon un titre qui mélange un peu tout, peut-être “Poupées Russes”. On ne sait pas si ce sont des sons de synthé ou si c’est une guitare jouée sur une corde, d’ailleurs c’est les deux. (rires) Il y a six synthés, une basse saturée et des guitares saturées, sur une corde. Il y a un refrain où il y a des groove de synthés, mais à la fois il y a quand même des guitares, la batterie assez brute.

N : On l’a mis en premier volontairement en se disant justement que ça permettait de bien rentrer dans l’album.

F : Je pense que le texte est assez catchy dès les trois-quatre premières phrases, on est assez pris dedans.

En général, quand on écoute la première chanson d’un album, on la saute car on sait qu’on va la réécouter, et avec “Poupées Russes”, on est content de commencer l’album.

N : Il y a un truc immédiat comme dit Flo, le texte attrape tout de suite, comme l’histoire, puis la sauce qui monte petit à petit, c’est vrai que je la trouve parfaite pour commencer l’album.

F : Cet air de pont qui sort un peu de nulle part, qui retourne un petit peu où on est amené presque un peu à la mélodie “c’est juste un jour de plus…” et puis ça repart après. On avait bien kiffé faire ça.

Avec le clin d’œil à “300 Lésions” dès le début.

F : Voilà.

Et au niveau du rendu live, comment avez-vous envisagé de le faire ?

N : On est en train d’y réfléchir. Musicalement, on sait que, ce qui est bien, c’est qu’on va pouvoir aller commencer à piocher dans tous les albums, donc on commence à se dire que la setlist va devenir intéressante. On va jouer pas mal de cet album-là, aller chercher un peu les meilleures, revisiter un petit peu celles qu’on jouait avant.

F : Ouais il faut voir. Ce sera 2/3-1/3. Peut-être 2/3 du nouveau, 1/3 des anciens. Et à la fois quand on fait la liste, on est vite tenté de se dire, “celle-là on est obligé de la faire, celle-là aussi et celle-là aussi”. Alors on se retrouve déjà à dix-douze qu’on est obligé de faire. (rires)

Et du coup toutes les chansons du nouvel album, en gros vous les aviez juste tous pré programmés sans ne jamais les joué ensemble ?

F : Cela a toujours été le cas sauf parfois sur des titres comme “Respire” ou de “300 Lésions” qu’on avait presque fait sur scène, avant de les faire en studio. Je pense que ça se sent un peu d’ailleurs. Mais la plupart du temps, c’est l’écriture à la guitare acoustique, ça passe dans les mains de Nico, l’ordinateur, puis moi, puis Fab. Puis on s’envoie tous les sessions, c’est vrai qu’on se retrouve en studio avec des pré-prods, mais pas forcément des titres qu’on joue en salle de répète. On cherche des couleurs de son donc voilà. On n’a pas de bassiste officiellement aussi, donc c’est vraiment un travail plus sur ordi, chacun joue des instruments qu’on a jamais joué, et donc après le passage en live, c’est un vrai boulot : “C’est bon alors il y a six guitares qui jouent sur le refrain et on se remélange deux riffs en même temps, on fait des voix il y a six voix, on se retrouve à deux-trois à chanter sur scène”, donc c’est toujours un challenge de se mettre à les jouer.

Vous avez récemment annoncé une date parisienne à l’Olympia en octobre prochain. A quand des prochaines dates ?

F : Ca se monte. En fait, notre tourneur est sur le coup. (rires)

Des festivals cet été ?

F : Je ne pense pas trop non. On a envie de commencer par des salles pas trop grandes, et pas forcément commencer par des festivals. Et puis on arrive un peu tard aussi, la plupart des trucs sont bouclés depuis le mois de février, donc on espère faire ceux de l’année prochaine si tout se passe bien. Et la tournée fin septembre devrait commencer, puis on va passer partout, en France, en Belgique, en Suisse.

Kyo existe depuis maintenant vingt ans. Vous avez donc vu l’industrie du disque et la technologie nettement évoluer, ainsi que les tendances musicales changées. Qu’avez-vous retenu et appris de tout ça ?

F : Je trouve qu’il y a toujours du bien et du moins bien, ça s’équilibre toujours un peu.

N : Ce sont des cycles. Comme on disait tout à l’heure, je crois que ce qui a surtout changé, c’est notre âge. Surtout le regard qu’on porte qui change en fait. Nous on est les mêmes j’ai l’impression qu’il y a dix ans, les gens critiquent, les gens aiment, mais par contre, à 25 ans, parfois c’est un peu dur d’accepter la critique, de la comprendre, de se servir de ce qu’il y a de positif dedans, et à 35 ça devient plus simple.

 

(ndlr : Benoît Poher débarque en ricanant)

C’était dans “La Before Du Grand Journal”, Benoît tu disais, “On revient pour donner du bonheur à nos fans… et aux haters de Kyo qui ne savaient pas quoi faire depuis dix ans”.

Benoît Poher (chant) : Bah ouais c’est important de donner du bonheur à tout le monde ! (rires)

F : Nous on exclut personne ! (rires)

Donc avec ce recul, êtes-vous prêts à mieux affronter tout cela ou vous vous en foutez ?

F : Oui. Ça revient à ce que je disais tout à l’heure, on a plus de recul sur ça, on a vraiment pris conscience, du bonheur, de la chance qu’on a eu à cette époque-là, si jeunes, en faisant un truc avec des potes de collège. C’est vrai que maintenant on est un peu plus capables de s’en prendre dans la gueule, sans être blessés comme on l’a pu être, un peu plus à fleur de peau avant. On sait que c’est comme ça et que s’il y a des gens qui te critiquent ça veut plutôt dire que ça se passe bien pour toi. Après c’est vrai que dans l’évolution de la musique, le net c’est génial, par exemple, nous ça nous a permis de sortir deux titres en même temps. Ce qu’on ne pouvait pas forcément faire il y a dix ans. “L’Equilibre”, “Le Graal”, d’avoir l’avis des gens immédiat, ce qu’ils en pensent, ce qu’ils ont ressentis direct. Et puis ça apporte aussi pleins de saloperies, parfois sur les réseaux sociaux, de gens qui sont extrêmement haineux, mais même pas là je ne parle pas que dans la musique, ceux qui sont lâchés dans l’anonymat ou des faux journalistes qui racontent de plus en plus de conneries, toute l’information devient de plus en plus vite donc les mecs, sans pouvoir vérifier les infos ils les sortent, alors que ce n’est pas vrai mais bon. C’est un peu flou autour de ça. Je pense que les maisons de disques par contre, on a vu à un moment quand même des mecs se faire virer les uns après les autres, les équipes se diviser en deux, puis en deux, puis en deux. Et il y a une période où c’était un peu dur. On sentait que les mecs étaient tous sur un siège éjectable, et pour travailler la musique et l’artistique, ils étaient tellement en train de se demander si dans deux semaines ce n’était pas leur tour de dégager, donc il y a eu un moment de flottement dans les labels qui était un peu dur.

Vu que Ben vient de nous rejoindre, on va parler d’Empyr rapidement. On imagine que pendant tout le temps d’Empyr on vous demandait tout le temps quand allait revenir Kyo. Aujourd’hui, on vous le demande : as-tu emmené Empyr jusqu’où tu voulais ? Empyr reviendra-t-il aussi à un moment ?

B : C’est vrai que c’est marrant parce que quand on faisait Empyr c’était “Et Kyo, Et Kyo ?” et maintenant il y a quelques personnes qui disent “Et Empyr et Empyr ?”, et notamment au “Before”. Moi je pense que là on est reparti avec Kyo pour un moment. Mais je n’en ai pas parlé du tout avec les gars d’Empyr, moi je ne dis jamais “jamais”. Si un jour on a envie de faire un disque qu’on attend de le faire, on le fera.

De plus en plus de groupes, surtout internationaux, sont accusés de profiter de leurs fans en les faisant payer des Meet & Greet qui coûtent des centaines d’euros voir plus. Que pensez-vous de ce système, et comptez-vous faire la même chose à l’avenir ?

F : Je ne savais pas que ça se faisait tant que ça. Nous il y avait déjà des trucs comme ça souvent organisé par des radios, c’est à dire qu’il y avait à peu près à chaque concert une dizaine de personnes qui avaient gagné avec la radio locale, à venir à la balance. Par contre, je ne savais pas qu’ils faisaient payer des places plus chères maintenant.

Les golden tickets qui sont très chers comme fait entre autres Thirty Seconds To Mars. Tu payes jusqu’à 1000$ le packaging.

N : Qu’est ce-qu’il y a en plus ?

Tu les rencontres, tu as une photo, du merchandising exclusif et il n’y a même pas toujours la place de concert, qui est à part.

B : Sache que jamais de la vie on ne fera ça, c’est sûr et certain !

On pensait qu’il ne fallait jamais dire “jamais” !

(rires)

B : Ah mais pour la musique !

F : Ouais c’est vrai, peut-être alors ! (rires) Surtout pour se faire 60 euros en plus.

 

Et votre public aujourd’hui qui est-il ? Est-ce toujours les jeunes de quinze ans ou ce sont les jeunes de quinze ans qui ont grandi depuis ?

B : Je ne connais pas le pourcentage exact, mais il y a quelques jeunes qui découvrent et qui pensent que “Le Graal” c’est notre premier morceau. Après avec internet, c’est parti assez rapidement dans certains cas. Mais il y en a un petit peu et je pense qu’il y a beaucoup de gens qui étaient curieux de voir ce qu’on était devenus et qui avaient kiffé à l’époque.

Vous avez gardé un public fidèle depuis tout ce temps-là ?

F : Je pense ouais. Et même un peu à ma surprise, parce que je pensais qu’il y aurait un peu de gens comme ça, mais on se rend compte que plus ça va, que c’est vrai que ça a vraiment beaucoup touché les gens et ils sont assez positifs et assez bienveillants sur le retour. Et comme disait Nico au début, que ce soit par des journalistes maintenant qui se sont lancés dans le métier ou par des gens qui font autres choses, mais qui sont fans, c’est assez plaisant de voir qu’il y a autant de gens qui nous ont un peu attendus.

 

 Pour conclure, notre site s’appelle “RockUrLife”. Qu’est-ce qui rock votre life les gars ?

(rires)

B : Moi c’est Franklin Ferrand, le chanteur de Vegastar qui rock ma vie ! (rires)

F : C’est son sideman, celui qui lui fait prendre quelques années un petit peu accélérés !

B : C’est le côté obscur de la force !

F : Moi ce n’est pas très rock, mais c’est Pro Tools ! (rires)

B : C’est Pro Tools qui rock ta vie ?

F : Ouais ! J’aime bien, je suis un peu geek.

B : Bah je n’aimerais pas avoir ta vie hein ! (rires)

(rires)

F : C’est un peu les pré-amps, les plug in, un peu geek quoi, ça me passionne. Les fans se reconnaitront dans ce trait de caractère ! (rires)

N : Ma vie est tellement pop…

B : Ma vie est pop, je crois que ça va être cette phrase dont ils vont se souvenir ! (rires)

N : Ce qui rock ma vie c’est…
 
B : Lui il est trop pop en ce moment…

(rires)

N : C’est mon gamin, puisque quelques part…

F : C’est lui qui rock dans la famille ! (rires)

N : Des nuits blanches, quelque part c’est assez rock n’roll la vie de papa !

 

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife