Pour la première fois cette année, RockUrLife partira à la découverte du festival ardennais. Avant notre rodeo trip, nous avons participé, début juin, à un speed meeting dans un bar parisien. L’occasion d’avoir un tête à tête express avec Christian Allex, directeur artistique de l’évènement, qui aura lieu du 20 au 23 août à Charleville-Mézières (08).
Cette année, la première chose qu’on a remarqué, c’est que pour la première fois Le Cabaret Vert ne tombait pas au même moment que Rock En Seine. Etait-ce intentionnel ?
Christian Allex (directeur artistique) : Non, c’est Rock En Seine qui a bougé ses dates. Parce qu’ils ont voulu se retrouver sur la période Leeds/Reading, qui avait bougé sur la fin août. Nous, on est resté sur la même période, on a les mêmes dates que l’année dernière. C’était le 21 en 2014, là on est au 20, donc on est à peu près pareil. Au début, on s’est dit que ce serait peut-être plus compliqué de ne pas aller sur Rock En Seine. Et au final, pas plus compliqué, ni plus simple, les deux périodes se marient.
Du coup, cela permet à ceux qui ont l’habitude d’aller à Rock En Seine d’aller au Cabaret Vert pour la première fois.
C : C’est vrai qu’il y en a pas mal qui allait à Rock En Seine et qui disent : “cette année on va aller voir au Cabaret Vert”.
Qu’est-ce que vous diriez pour convaincre quelqu’un qui n’est jamais allé au Cabaret Vert ?
C : Je pense qu’il faut venir d’abord parce que l’état d’esprit qui est présent sur le festival est intéressant. Quand Julien (ndlr : Sauvage, directeur du Cabaret Vert) a monté le festival, c’était surtout pour créer un événement qui sorte un peu les Ardennes de leur marasme. Ou, en tout cas, pour donner un petit focus, une lumière en disant : “il y a ça qui se passe ici”. Et du coup, quand tu viens sur le festival, tu ressens ce truc-là. La sélection de bonnes bières, de nourriture, et puis un lieu qui est quand même à dimension humaine. Les organisateurs proposent beaucoup de choses, avec beaucoup de générosité et d’honnêteté. Mais comme la musique n’est pas leur priorité, moi mon truc c’est d’amener les groupes au milieu de tout ça, et de faire évoluer un festival de rock alternatif et festif dans la caricature parfaite et faire quelque chose avec des concerts de bon niveau, avec une sélection musicale qui soit peut-être pas reconnue de tous. De sorte que lorsque les festivaliers voient des groupes comme Murkage, l’année dernière, qu’ils ne connaissaient pas plus que ça et se disent : “putain ça c’était cool”, et qu’ils passent un super moment. Cette année, il en sera de même quand ils verront Wand ou Son Lux. Moi j’ai essayé d’avoir le même degré d’exigence dans ma programmation musicale qu’ils peuvent avoir dans leur sélection de bières. C’est à dire qu’eux ne veulent pas d’Heineken, de Kronenbourg, pas de bières industrielles. J’essaye au mieux de faire que la programmation n’aie pas de groupes industriels. J’essaye d’avoir quelque chose de bonne qualité, de bonne tenue. […] L’équation n’est pas très facile, parce que c’est un festival qui essaye d’avoir une économie accessible pour tous, on fait pas très cher, le prix du ticket jour n’est pas très cher… Il y a un dimanche à cinq euros ! Mais pour autant, il y a 85% d’autofinancement. Ils refusent de gros partenaires industriels qui pourraient mettre vraiment de l’argent. Et on essaye de faire tenir l’équation avec une haute gamme d’offres un peu partout. Enfin, ce n’est pas non plus l’équivalent de certains gros festivals, mais à hauteur de ça, on essaye quand même d’être au dessus de ce qu’on pourrait proposer. C’est toujours essayer de faire tenir une équation avec de l’exigence et du service. Aujourd’hui, ça se perd un peu dans beaucoup de festivals.
Justement, depuis quelques temps, sur les réseaux sociaux, certains prédisent la fin des festivals. Qu’en pensez-vous ?
C : Franchement ? Dès qu’il y a un truc qui commence à marcher, on commence à se poser des questions, à vouloir savoir pourquoi ça marche, et après, pourquoi ça se casserait pas la gueule. Et après, “tiens c’est bizarre, ça se casse pas la gueule”. Et ensuite, “ah ça y est ça va se casser la gueule”. Tout le monde s’est dit ça au bout d’un moment. En même temps, on n’a pas beaucoup de festivals qui se cassent la gueule, l’économie du spectacle vivant, elle, fonctionne par rapport à beaucoup d’industries qui aujourd’hui en France qui sont dans un marasme bien plus fort que ça. L’industrie des festivals, honnêtement, ça fonctionne vraiment bien. Et ceux qui ne marchent pas, sans être très méchant, c’est surtout dû à des festivals pas très bons parfois, il y a eu beaucoup de festivals qui avaient eu du soutien, de l’argent public, et d’un seul coup, qui ont perdu beaucoup de cet argent public, et donc du coup, n’ont pas su faire, comme on dit “avec la bite et le couteau”. Comme Le Cabaret Vert, Les Eurockéennes et beaucoup d’autres festivals, on sait faire avec la bite et le couteau. Parce que dans les musiques actuelles, on a toujours été obligé de faire un peu comme ça. La musique actuelle, ça a toujours été, pas le parent pauvre, mais en tout cas, ça été le moins considéré en argent public. Donc du coup, il y a toujours eu cette habitude de faire avec les moyens du bord et avec des voies alternatives. Même si aujourd’hui tu peux avoir un phénomène de crise sur la culture, moins d’investissement en argent public, les musiques actuelles s’en sortent quand même sur tous les festivals, parce qu’ils ont su se construire sans apport d’argent. Donc ça ça tient. Moi je ne crois pas trop à ce phénomène.
Côté programmation, on a surtout remarqué cette année la présence de Limp Bizkit.
C : J’ai vu qu’ils bougeaient à cette période là, puisqu’ils allaient à Pukkelpop. Du coup j’ai fait une offre qui correspondait à peu près aux routines qu’ils recherchaient avec Pukkelpop et les mecs l’ont accepté.
Parmi les artistes présents, quel est votre coup de coeur pour cette année ?
C : Shamir, Slaves, Skepta, que des groupes en S ! (rires) A peu près ces trois là pour les petits groupes.
Et en terme de headliners ?
C : Je suis très curieux de voir The Chemical Brothers sur scène, parce qu’on a reçu la fiche technique. Je pense que ça va juste être dingo. Ils ont une prod, ils mettent toujours la barre super haut !
Notre sélection des 5 artistes à voir au Cabaret Vert 2015 :
LIMP BIZKIT (Samedi 22 août, 00h10, Scène Zanzibar)
Sans aucun doute, LE groupe qui nous a donné envie de nous aventurer dans les Ardennes. Et puis pogoter en compagnie de Fred Durst au pays des sangliers, c’est rigolo !
DRENGE (Samedi 22 août, 16h30, Scène Zanzibar)
Parce que débuter l’après-midi avec du grunge qui décrasse les chaumières, ça réveille !
FUZZ (Jeudi 20 août, 00h20, Scène Les Illuminations)
Ty Segall. C’est tout.
SLAVES (Jeudi 20 août, 18h25, Scène Zanzibar)
Punk’s Not Dead!
WAND (Vendredi 21 août, 19h10, Scène Les Illuminations)
Pas de Tame Impala à l’affiche, on se consolera avec cette autre formation rock psychédélique (avec des membres de Tame Impala dedans) : on se voit déjà planer devant la scène Les Illuminations !
Site web : cabaretvert.com