Le mois dernier, les légendaires Muse sont passés par Paris pour parler du tout nouvel album “Drones”. Dans leur très bel hôtel parisien, nous avons rencontré Christopher Wolstenholme (basse), qui nous en dit un peu plus sur le disque.
Première question : comment vas-tu ? Content d’être à Paris ? Il y a beaucoup de fans qui vous attendent en bas de l’hôtel !
Christopher Wolstenholme (basse) : Ca va très bien, c’est sympa d’être de retour. A chaque fois qu’on vient, il y a toujours pas mal de fans. Il y en avait déjà qui traînaient devant l’hôtel hier soir ! (rires)
Votre nouvel album, “Drones“, vient tout juste de sortir. Quels ont été les retours jusqu’ici ?
C : Ca a été génial ! De mon point de vue, c’est bien que l’album soit enfin sorti, parce que ça fait trois mois qu’on en parle. Et c’est une période assez étrange quand l’album est fini et que tu vois cet espèce de buzz en train de monter, alors que personne ne l’a encore écouté. On se pose beaucoup de questions à ce moment là, on regarde les attentes des gens. Et tu arrives à un point où tu veux juste que l’album sorte pour que les gens l’entendent. C’est cool qu’il soit enfin là. Et la réception a été géniale, je crois que c’est un album que les gens voulaient.
Vous avez déjà joué des morceaux sur scène, la réception a été aussi bonne ?
C : Oui, je crois que cet album marche mieux sur scène que le précédent, parce qu’il est beaucoup plus rock. Quand on a fait “The 2nd Law“, il y avait des morceaux pour lesquels on se disait “merde, je sais pas comment on va faire sur scène” ! Mais là, pour la plupart, c’est juste guitare-basse-batterie. Les répétitions ont été plus faciles. D’habitude c’est un moment assez stressant, mais là on savait simplement que ça allait marcher en live. Le premier titre qu’on a joué a été “Psycho”, et le riff de guitare existe depuis déjà un moment. Les gens ont déjà fait le rapprochement avec nos morceaux. En fait c’est le morceau sur lequel on a eu les meilleurs retours de notre histoire, je crois.
Vous avez travaillé avec le producteur Robert “Mutt” Lange pour “Drones”. Pourquoi et comment est-ce arrivé ? On sait que vous avez auto-produit les deux albums précédents.
C : Je crois que ça a toujours été notre intention, d’avoir un producteur. Même quand on a fait “The 2nd Law”, on discutait d’en avoir un. Mais les gens avec qui on voulait travailler n’étaient pas disponibles à ce moment là. Donc on a juste commencé à travailler sur “The 2nd Law” et avant de s’en rendre compte, on avait fini tout seuls ! (rires) Donc là, de nouveau, on a voulu trouver un producteur. Mais comme on avait plein d’idées sur la manière dont on voulait que ça sonne, il a fallu faire attention de ne pas s’éloigner de ça. Parce que quand on laisse un groupe tout seul en studio, très souvent, tout peut arriver. C’est ce qu’il s’est passé avec “The 2nd Law”. Quand on a commencé à le faire, on avait sans doute l’intention d’en faire un album rock, mais je crois que comme on produisait nous mêmes, on a passé plus de temps en post-production que dans la salle d’enregistrement. Et on voulait être sûrs de faire l’inverse cette fois. On voulait jouer plus de nos instruments. Et pour faire ça, il fallait qu’on ait quelqu’un d’autre en post-production pour produire l’album. Et c’était bien, parce qu’on pouvait juste jouer les morceaux et laisser quelqu’un décider de ce qui était le mieux. C’est très dur quand on fait une prise et que nous trois, on doit décider de ce qui est le mieux. Parce qu’on est trois amis, et on doit être très critiques les uns des autres, c’est plutôt difficile. Donc avoir quelqu’un comme Mutt Lange a rendu le procédé beaucoup plus simple, on n’avait qu’à faire quelques prises et sortir du studio, puis il choisissait les meilleures. Je crois que ça nous a vraiment rappelé ce que c’est de se sentir comme un groupe.
Combien de temps cela vous a-t-il pris pour faire “Drones” ? A écrire, enregistrer, puis à produire.
C : C’est difficile à dire en comptant l’écriture. En fait je suis pas vraiment sûr de quand Matt a commencé à écrire. (rires) Je crois qu’il a dû commencer sur la fin de la dernière tournée. Mais on a pas commencé à travailler en tant que groupe avant avril ou mai. On a commencé à répéter tranquillement pendant l’été. On n’avait pas de deadline, de but à atteindre no d’idée de date de sortie. Mais sans qu’on s’en rende compte, l’album était déjà prêt à partir pour le studio. On a commencé à enregistrer à Vancouver courant octobre, c’est là qu’on a fait le plus de travail de groupe. Et après ça Matt a enregistré les vois de son côté. Donc je dirais trois ou quatre mois de répétitions, trois ou quatre mois d’enregistrement, et donc probablement trois ou quatre mois d’écriture. (rires) En tout on a mis à peu près un an et demie.
Matt a donné quelques interviews où il disait que vous pourriez utiliser de vrais drones sur scène à l’avenir. On sait que vos concerts sont déjà assez spectaculaires. A quoi on peut s’attendre ?
C : Oui, je crois qu’on aimerait vraiment faire quelque chose avec les drones. Ce qui est génial avec cet album c’est qu’il a un concept très fort dans ses paroles. On pourrait prendre ça et l’appliquer aux concerts. Mais l’idée d’avoir des drones qui volent dans la salle de concert, on y réfléchit vraiment. Je crois qu’on va vraiment faire des concerts différents que d’habitude. On va essayer de s’éloigner du traditionnel “groupe à une extrémité de la salle, écrans géants etc” et essayer autre chose. Ce sera toujours aussi énorme et magnifique que maintenant, j’espère. (rires) Mais je peux pas vraiment vous dire à quoi ça va ressembler, nous-mêmes on en sait trop rien.
On va vous voir en France, et surtout à Paris ?
C : Probablement pas avant l’an prochain. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles on fait tous les festivals. On commence la tournée en Asie du Sud-Est, puis on va en Amérique du Sud, puis aux Etats-Unis. Donc on voulait être sûr de passer un peu en Europe avant d’entammer tout ça, mais on reviendra ici l’année prochaine.
Muse commence à être un groupe avec une discographie très large, qu’allez-vous faire au niveau de la setlist ? Vous ne pouvez bien sûr pas tout jouer.
C : C’est très difficile. On a eu cette crise dès les premières répétitions. On a essayé de faire une liste des morceaux qu’on devait absolument jouer. Mais même les morceaux qu’il fallait jouer, c’était trop long. (rires) On s’est posé la question sur plein de titres, comme “Plug In Baby”, où on s’est demandé si on pouvait la sortir, mais on doit la faire. Mais on veut jouer plein de nouveaux morceaux, aussi. On a une dizaine de nouveaux titres à inclure dans le set, donc ça veut dire sortir dix titres du ou des précédents albums. Mais je crois que la setlist va être un peu différente chaque soir. On va tourner pour pouvoir jouer tout ce qu’on veut jouer. Il y a forcément des soirs où les gens n’auront pas tous les morceaux qu’ils voulaient mais… A moins qu’on joue quatre heures, mais je pense pas qu’on puisse. (rires)
Vous avez joué dans des petites salles, des grandes, et même des stades. Beaucoup de gens vous écoutent, que ce soit les connaisseurs de musique ou le grand public. Vous avez même joué aux Jeux Olympiques. Que voulez vous conquérir maintenant, si il presque quelque chose ?
C : En fait, je crois qu’il y a encore plein d’endroits où on est jamais allé. Des endroits difficiles d’accès. Comme l’Inde, où on a jamais joué. Il y a aussi une grosse partie de la Chine où on est jamais allé. Des fois j’ai l’impression d’être allé partout, mais il suffit de regarder une carte pour réaliser qu’on a vu très peu d’endroits, finalement. Donc pour moi, ce serait d’aller dans de nouveaux endroits, faire de nouvelles choses. J’ai toujours le sentiment qu’il y a beaucoup à faire. Comme les concerts en stades. On en a fait ici, on en a fait au Royaume-Uni, mais pas à plein d’endroits où on adorerait le faire, comme les US, l’Europe de l’Est, l’Asie, l’Amérique du Sud. J’ai toujours l’impression qu’on peut aller plus loin.
Qu’est-ce que tu préfères, les petites salles, les stades, ou les deux ?
C : C’est très différent. Quand tu fais un concert en stade, c’est génial. Tu peux pas vraiment faire plus gros, et je crois que c’est sûrement le truc que j’aurais jamais imaginé pour ce groupe. Je crois qu’aucun groupe, en démarrant, ne peut s’imaginer jouer au Stade De France ou au Wembley Stadium. Donc quand ça t’arrive, t’as vraiment l’impression d’avoir surpassé tes rêves. Tu entre sur scène devant tous ces gens qui crient, c’est une sensation incroyable. Et en même temps, on a fait quelques petits concerts en Angleterre au mois de mars, et c’était génial ! Absolument incroyable. On avait pas fait ça depuis des années, et le fait de retourner dans des salles où on avait joué à l’époque de “Origin Of Symmetry”. J’ai adoré ces concerts. J’ai dis aux mecs “c’est dommage qu’on ne puisse pas faire plus de concerts comme ça”. Mais quand tu le fais, plein de gens ne pourront pas venir te voir. Donc oui, c’est vraiment différent. Deux atmosphères qui n’ont rien à voir. Je crois que le mieux, c’est de faire un peu de chaque. Quand on fait trop la même chose, on finit par s’ennuyer.
En écoutant “Drones”, on s’est dit que ça fonctionnerait à la fois pour les grandes et les petites salles. Et en connaissant les thèmes à l’intérieur, on pourrait même en faire un film de science fiction. Aimeriez-vous, si l’occasion se présente ?
C : Oui carrément ! En fait, il y a plein de gens qui nous disent ça, qu’on pourrait le transformer en comédie musicale ou en film. Ce qui serait super c’est que quelqu’un vienne nous voir en disant “j’aimerais transformer cet album en quelque chose”. On le fera probablement pas de nous mêmes, parce qu’on a déjà tous ces engagements avec Muse, la musique, la tournée. Donc pour le moment c’est vraiment impossible ne serait-ce que d’y penser. Mais si quelqu’un venait nous voir en disant “j’adorerais en faire une comédie musicale ou un film”, et que c’était quelqu’un qu’on aime bien et en qui on a confiance, alors ce serait possible oui.
Les thématiques de l’album ne sont pas nouvelles, mais elles sont très centrales sur “Drones” : les dictatures, la guerre, le contrôle des populations, et vous donnez votre opinion sur tout ça. Que penses-tu du rôle d’un artiste envers la politique et la société ? Essayez-vous d’ouvrir les yeux des gens ?
C : Oui, je crois que c’est un peu ça. Mais je ne pense pas que les gens aient tant besoin qu’on leur ouvre les yeux. La plupart des gens savent ce qu’il se passe aujourd’hui. Je ne crois pas qu’on essaye de prêcher, on ne dit pas aux gens comment penser ou en quoi ils devraient croire. Je crois que la plupart, c’est juste de l’observation. C’est ce que tu vois en allumant les infos ou en lisant le journal. C’est autour de nous. Je crois que c’est le point de vue de Matt quand il écrit les textes. C’est comme ça qu’il voit le monde.
Y-a-t-il un de ces thèmes, voire même un morceau auquel tu te sens attaché ?
C : (Longue réflexion) J’aime beaucoup “The Handler”. C’est sûrement l’un de mes préférés. C’est vraiment cool au niveau des paroles, et musicalement, c’est le titre qui se rapproche le plus du Muse d’il y a dix ans, et c’est plutôt cool de revenir à ça. Je trouve aussi “The Globalist” génial, comme morceau de musique. C’est assez complexe à enregistrer. Et je crois que ça va être très dur à jouer sur scène. (rires)
Le morceau “Drones” était assez surprenant, ça sonne presque comme un chant grégorien.
C : Oui, on s’est dit que ce serait une super fin pour l’album. On ne sait pas vraiment où ça va, comment l’histoire se termine. Et c’est ça qui est intéressant dans la musique grégorienne et dans les chants de choeur en général, c’est que c’est assez ambigu, la façon dont ça sonne. Parfois tu peux l’écouter et te sentir très heureux, et parfois c’est très triste. Et j’ai pensé que c’était une bonne fin pour l’album, parce que selon notre humeur, on peut y voir une fin positive ou négative.
On a une dernière question : notre média s’appelle “RockUrLife”, qu’est-ce qui rock ta life ?
C : La musique et le football. J’adore le foot, j’ai toujours aimé ça aussi loin que je me souvienne. J’adore vraiment ça, je sais pas pourquoi ! (rires) J’aime le regarder, j’aime y jouer. C’est un peu ma deuxième vie en dehors de la musique.
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