Interviews

TREMONTI (15/04/15)

English version

Alter Bridge en pause, Myles Kennedy occupé avec Slash, Mark Tremonti a donc travaillé sur de nouvelles compositions pour son projet solo : Tremonti !

Bonjour Mark comment vas-tu ?

Mark Tremonti : Bien, très bien !

Comment te sens-tu as quelques semaines de la sortie de ton second album solo ?

M : Je suis impatient et je dois encore attendre jusqu’au 9 juin, mais d’ici là nous aurons commencé à répéter et la tournée aura également débuté.

Tout d’abord peux-tu nous expliquer le choix, en tant que titre, de “Cauterize” ?

M : Je voulais tout d’abord appeler l’album “Providence”, mais je suis revenu sur cette idée et nous l’avons alors nommé “Cauterize”, car ce titre est plus fort -sans oublier qu’il renvoie à brûler les impuretés de la peau ou autre- ce à quoi nous avons pensé à une charte graphique quelque peu sci-fi, avec une sorte de gros monstre brûlant toutes les impuretés du genre humain, la rendant plus pure donc.

“Cauterize” était-il un titre figurant sur l’opus avant de faire ce choix-là ?

M : Oui.

“Another Heart” est le premier single, pourquoi ce titre en particulier ?

M : Nous avions organisé une séance d’écoute collective, ouverte aux fans du monde entier, et nous leur avons distribué une fiche avec tous les titres, les vingt titres, et avons demandé leurs retours. “Radical Change”, “Flying Monkeys” et “Another Heart” sont arrivés en tête et lorsque nous sommes allés voir nos prestataires pour la radio en leur désignant “Another Heart” comme notre choix, bien que je ne sois pas très chaud car “Flying Monkeys” est mon titre préféré. Donc je l’ai passé en boucle, j’y ai réfléchi et avec un peu de recul, nous avons effectivement fait le bon choix, car il est plus simple à appréhender; “Flying Monkeys” est peut-être plus cool, mais ça me va.

 

Tu as été très productif autour de cette/ces réalisations, comment l’expliques-tu ? Pourquoi avoir enregistré deux opus ?

M : Je voulais vraiment utiliser toutes les idées que j’ai accumulées sur mon disque dur, j’avais tellement de riffs, des tonnes de riffs ! Sachant que je compose constamment, s’il y a bien quelque chose qui me fasse peur c’est bien d’avoir des compos non utilisées et non exploitées au fil des années. Donc j’ai dit à Elvis que je voulais enregistrer une grande quantité de musique, donc j’ai écrit vingt-quatre titres, puis nous sommes redescendus à vingt. Nous ne savions pas si l’album allait avoir treize pistes et sept en bonus, mais dès l’écoute des premiers mixs, je ne voulais pas de cela et nous avons donc organisé le tout en deux albums de dix titres chacun. Avec du recul, j’estime que c’était la meilleure décision à prendre, car j’ai grandi en écoutant des albums composés de huit pistes, et tu les assimiles tellement, de A à Z, quasi par cœur alors qu’aujourd’hui les groupes sortent des albums avec quatorze pistes et tu t’y perds tellement. De plus, lorsque les fans auront faim de nouveauté, alors nous sortirons d’ici la fin d’année “Dust”.

Cette fois-ci Wolfgang (Van Halen) était présent lors des sessions studio, qu’a-t-il apporté de plus comparé au premier album ?

M : Il a rendu la section rythmique vraiment plus juste et concise, ce qui est tout à fait normal sachant que c’est un grand professionnel.

Comment travailles-tu sur tes albums solos ? Le processus est-il différent comparé à Alter Bridge ?

M : Je compose de la même façon, je joue et enregistre mes idées. Lorsque vient le moment de préparer un album, on organise les différentes idées que l’on a en essayant de les associer. Entre Alter Bridge et Tremonti, il y a par exemple une section rythmique différente. AB est plus dans le groove alors que Tremonti a des rythmes syncopés et un jeu à la double-pédale, ce type de chose. Tremonti est censé être le plus heavy comparé à AB, mais AB est de plus en plus heavy (rires,) alors je dois sans cesse repousser mes limites pour Tremonti (rires), on se dirige tout droit vers les blast beats sans même le savoir. (rires)

Concernant le chant, as-tu perfectionné ton approche ? Sens-tu une évolution/du changement à propos de ta voix ?

M : Je pense que partir en tournée et sans cesse chanter a été l’élément le plus impactant. Lors du premier opus, sachant que je n’avais jamais tourné en étant chanteur, et que je n’avais pris qu’un seul cours de chant, j’allais simplement sur scène et je donnais tout ce que je pouvais à chaque fois, j’étais au max. Au fil du temps, t’apprends quelques petites techniques pour manipuler ta voix lorsqu’elle est fatiguée par exemple ou comme si, à la fin du set, tu dois atteindre une certaine note, et que tu y arrives d’une façon détournée sans vraiment l’expliquer, t’as juste à le vivre pour comprendre. Mais il est clair que je me sens plus à l’aise au chant maintenant.

Quid des paroles ? Quels sujets sont traités ?

M : “Radical Change” traite de ce moment dans ta vie où tu fais face à un énorme changement. Par exemple, tu te réveilles un matin et tu apprends que tu es viré, ou que ta femme te quitte ou que tu as perdu un proche à cause du cancer. Dans mon cas, cela renvoie à mon premier à succès où la décision fut prise d’arrêter l’aventure. C’était la première fois que professionnellement je ne savais plus quoi faire, je ne savais pas si c’était une horrible erreur… Je savais simplement que je n’étais plus épanoui et que je méritais d’être satisfait dans ce que je faisais. Ce “changement radical” fut cette décision et le fait d’être parti sous de nouveaux horizons.

“Flying Monkeys” est à propos d’une personne rancunière, qui ne peut pardonner et qui est aigri. Une personne que je ne veux pas être mais que j’ai été, heureusement j’ai muri; j’ai juste voulu décrire tout cela.

“Cauterize” concerne un tyran menant son pays droit dans le mur. Chaque matin lorsque j’allume la télé, durant mon petit-déjeuner, les news parlent d’un type qui utilise des armes chimiques contre son peuple ou un dictateur en Corée du Nord qui traite son peuple comme des chiens, l’Iran, l’Irak, à chaque fois. Malheureusement lorsque ces personnes sont destituées de leur pouvoir, six mois plus tard, tu as une copie conforme qui prend la place et fait exactement la même chose; le pouvoir absolu et corrompu en somme.

“Arm Yourself” renvoie à un personnage fictif qui né dans une famille où tout le monde a été militaire et qui souhaite que tu le deviennes également. Sauf qu’il ne le souhaite pas et qu’il sera peut-être le premier de sa génération à mettre fin à cela.

“Dark Trip” traite d’une de mes relations, une personne qui travaillait pour moi, pour le groupe, à qui nous avions ouvert nos familles, nos entourages et qui a essayé de tirer parti de tout cela. Le type de moment où tu ne peux pas croire qu’une personne puisse agir de la sorte.

“Another Heart” concerne l’hypocrisie et ces personnes qui ont mauvais fond et bien qu’elles en soient conscientes, restent à l’identique.

“Tie The Noose” m’est venue suite aux graves événements aux US, les fusillades entre la police et la population, les émeutes etc. Je prends l’identité d’une personne assistant à ces événements qui clame son envie d’exprimer sa colère. Nous savons tous ce qui est néfaste dans ces histoires, mais en même temps, tu essaies également d’adopter leur point de vue. Je ne dis pas que ce qui arrive est bon ou mauvais, tout est mauvais et les réactions policières sont bien trop extrêmes et parfois hâtives, renvoyant à la question de la race.

“Sympathy” évoque le fait de sans cesse vivre et de survivre dans l’adversité. Cette personne qui cherche sans cesse à vivre dans un monde meilleur utopique.

“Providence” traite des fanatiques religieux, ces personnes qui font d’impensables choses au nom de Dieu, pensant que c’est une sorte de providence, ce qui en fait est ridicule.

 

Ton top 3 ?

M : “Flying Monkeys”, “Providence” et enfin “Dark Trip” ou “Radical Change”.

Quid de “Dust” ? Est-ce un troisième album ou la suite de “Cauterize” ? Quid des sujets traités ?

M : “Dust” est le dernier titre de ce second album, mais nous avons pensé que “Dust” et “Cauterize” seraient de bons titres, car ce que tu as cautérisé devient cendre et cette cendre est poussière. L’artwork lie les deux. “Dust” est d’ailleurs l’une de mes chansons préférées des vingt titres confondus et a mon solo préféré également. Conceptuellement, les deux sont liés mais les titres sont aléatoires disons.

As-tu déjà envisagé le même processus pour Alter Bridge ? A savoir composer deux albums à la fois.

M : L’un des avantage est d’enregistrer une tonne d’idées et d’en sélectionner les meilleures parties, l’album n’en sera que meilleur mais, d’un point de vu planning, cela prend énormément de temps. Je pense que le prochain album d’AB aura genre onze titres avec deux bonus tracks car j’estime, une fois de plus, que les albums courts sont plus simples à assimiler, de plus ne nous composons pas des titres de trois minutes, donc l’opus sera toujours aussi long.

Donc AB va prochainement travailler sur le successeur de “Fortress” mais : lors de votre venue pour “Fortress”, j’avais demandé à Myles où en était son album solo. As-tu des nouvelles à ce propos ?

M : Il n’arrêtait pas d’en parler, de le finir. Il est temps c’est clair, de plus nous allons nous voir quelques fois pour bosser un peu sur le prochain AB. Il m’avait dit “mec j’ai quelques semaines pour finir mes parties pour l’album” car il se sent redevable envers toutes les personnes impliquées, qui souhaitent le voir le sortir, et bien évidemment les fans aussi. Il est tellement occupé aussi. Mais j’ai déjà écouté quelques-uns de ses titres. (rires)

Oh vraiment ? A quoi peut-on s’attendre ?

M : Je ne vais pas tout balancer, mais mon titre préféré est très doux, calme, une belle mélodie, c’est très différent de ce qu’il fait avec Slash et AB. C’est plus auteur/compositeur, pas non plus comme Bob Dylan je veux dire, mais dans ce style-ci. Myles est le meilleur chanteur rock du circuit, ça va être un superbe album.

 

Peux-tu nous en dire plus à propos de Fret 12 ?

M : Fret 12 est une communauté guitaristique ayant plusieurs buts. Au départ, c’était une entreprise qui aidait à la conception de DVD, afin de montrer nos techniques au public. Il y a d’ailleurs la série “The Sound & The Story” où tu peux apprendre quelques astuces et techniques tout en apprenant l’histoire du guitariste en question. Les techniques que j’ai décidé de montrer sont en fait les solos que je joue, car je détestais les DVD lorsque j’étais gosse parce qu’ils ne montraient jamais comment jouer tel ou tel solo. Donc j’ai fait un premier DVD autour de “Blackbird” puis un second avec Myles avec toutes les parties guitare de “Fortress”. Jim Roots en a fait un, John 5 va sans doute en faire un aussi, Leslie West et plein d’autres l’ont également fait. Tu peux également acheter du merch signature sur le site internet, il y a des interviews, dernièrement Fret 12 est le label de mon nouvel album solo et nous organisons parfois des clinics.

Tu vas enfin jouer à Paris avec Tremonti mais cela tombe en plein durant le Hellfest.

M : Ouais, mais j’en suis furieux. A la base, je voulais jouer au Hellfest; nous avons demandé, encore et encore mais rien ne s’est fait, et maintenant c’est trop tard.

Aurais-tu des conseils à donner aux jeunes groupes d’aujourd’hui ?

M : Tout se base sur les compositions, les bonnes compositions. Le business est en pleine mutation actuellement et c’est difficile à dire. Lorsque nous y sommes arrivés, c’était vraiment différent. Si je devais tout recommencer, je ferais la meilleure page Facebook au monde tout en y mettant les meilleures compositions que j’ai puis j’essayerais d’envoyer ça aux maisons de disque. Jouer et se soutenir entre groupes aussi, cela peut aider, tout change si vite aujourd’hui.

 

Que penses-tu des plateformes de financement tel que KickStarter ou Pledge ?

M : Le business a tellement changé que les groupes cherchent de nouvelles façons de financer leurs activités, donc s’ils ont une solide fan base qui peut l’aider à enregistrer, c’est super. Dans un monde idéal, les fans sont heureux, le groupe l’est aussi; ils obtiennent quelque chose auquel ils ont participé et le groupe sort la musique qu’il voulait sortir et diffuser.

Enfin nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock Mark Tremonti ?

M : Oh mec ! La musique, écrire et composer de la musique et observer les réactions à celle-ci.

 

 

Site web : marktremonti.com