Après un Icarus Festival en mai dernier qui avait fait salle comble, les français de Chunk! No, Captain Chunk! et Merge s’allient de nouveau afin cette fois-ci de conquérir La Flèche d’Or dans le XXème arrondissement de Paris. Et aujourd’hui, c’est accompagné de leurs amis de The Earl Grey, des espagnols de Dawn Of The Maya et des anglais de Violet. Voilà une soirée qui s’annonce relativement puissante et ouverte au niveau des styles.
19h, déjà bien du monde devant l’ancienne Gare de Charonne. Les fans rentrent au compte-goutte passant par l’étape obligatoire de la fouille et celle du comptoir pour se voir accepter l’accès, un ticket à la main. Entre ceux qui se précipitent au bar pour prendre une bière et rencontrer des membres des groupes actifs de ce soir et ceux qui veulent se coller au plus près de la scène, voilà que débarquent une demi-heure plus tard nos premiers français de la soirée, THE EARL GREY. Assurant désormais à quatre depuis le départ de leur bassiste Clément, la bande dirigée par Alexandre Ragon ne se relâche pas pour autant, invitant sans cesse les gens à se rapprocher d’eux. Toujours présent pour défendre leur premier album, “Heart Of Glass”, “The Empire” et “We Are Young” en présence de Bert et Paul de Chunk!, sont joués sans retenu. Gros hic de ce passage : l’ingé son n’a pas su gérer parfaitement le mix général, ce qui n’a pas permis de rendre le chant normalement perceptible. Une péripétie (et pas la seule de la soirée) qui s’excuse par le dernier morceau des parisiens, une exclusivité, bien plus rock et mature. Curieux de voir ce que va donner cette nouvelle direction plus dans le style Biffy Clyro/Foo Fighters.
Sans trop de retard, c’est à 20h10 que DAWN OF THE MAYA envahit la scène. Pour une première date en France, les espagnols semblent satisfaits de jouer ici. Malgré toute leur bonne volonté, leur set s’est avoué être vingt-cinq minutes de breakdowns incessants et répétitifs entre deux formations pop rock, ce qui n’a pas facilité la tâche pour apprécier de façon correcte le spectacle. Des guitares un peu trop fortes, une voix une nouvelle fois pas assez présente, voilà un nouveau hic qui nous fait nous retourner vers la console en fronçant les sourcils. Peut-être une autre fois.
Comme expliqué précédemment, changement total de registre avec les anglais de VIOLET. Venu il y a déjà un an assurer la première partie d’A Lot Like Birds, c’est par une simple intro que les extravertis s’amènent sur la piste. Changement radical de style oblige, l’aspect solide et progressif que l’on observe des anglais se confirme dès le premier morceau. Le volume sonore ayant un peu baissé, c’est avec plus de facilité que l’on profite des musiciens et des voix. Même si Jordan Samuel (chant clean) a un grain un peu teenage pop, c’est lié avec la voix criée de Charlie Bass que leur musique prend tout son sens. A la manière d’un Sleeping With Sirens, les titres s’enchainent sans forcément se ressembler mais toujours dans une bonne ambiance. Des fans sont présents, une salle quasiment pleine, rien ne pouvait mieux se passer pour le sextette. C’est d’ailleurs avec des visages reflétant la joie que leurs hits “Perspectives” et “The Brightside” sont accomplis de A à Z, ne laissant que peu de monde sur sa fin.
Un peu de repos oblige, une pause sur les canapés de la salle nous permet de retrouver des forces face à une scène en pleine modification pour le concert tant attendu de MERGE. Rappelons que c’est ce soir que se déroule la release party du premier album, “Elysion“. Premier headline de la soirée, première défense de l’opus, nous ne sommes pas les seuls à attendre beaucoup de ce groupe français. Et c’est dès leur arrivée sur scène aux alentours de 21h45 que se fait entendre une acclamation extrême. En bien plus grand nombre qu’à l’Icarus Festival, les aficionados, un peu plus indécis avec les groupes précédents, se lâchent littéralement pendant ce set. A peine leur premier morceau semble audible que les premiers pits apparaissent. Rien de plus beau pour cette formation présente avec beaucoup d’espoir en ses nouveaux morceaux. Les anciens fans se régaleront aussi avec l’ajout de chansons du premier EP “Transmission” sorti il y a déjà presque deux ans. Tout aurait pu être dans la limite du parfait si les cris d’Anthony (chant) n’avaient pas commencé à faire grésiller sévèrement les enceintes sans que personne n’intervienne. Les instruments à priori trop forts ou l’euphorie du moment ont réduit à néant la réactivité de l’ingé son, qui n’a pas eu l’idée de changer de micro ou d’arranger les soucis. Au pire, c’est punk et cela fait partie du rock donc ça se pardonne, mais cela reste dommage. Il en est que les fans n’y ont pas prêté fortement attention et ont chanté les moindres paroles qu’ils connaissaient. Une vraie osmose entre un groupe et son public.
22h45, après l’heure de gloire des post hardcoreux, voici venu le temps des cris et des grands ! CHUNK! NO, CAPTAIN CHUNK! se rend confiant devant le public afin de clore cette soirée pleine d’émotion. Ne passant pas souvent en France, ce sont des occasions comme cela qu’il ne faut pas louper. De plus, cette prestation permet aux jeunes parisiens de se remettre dans le bain et de s’échauffer pour leur prochaine tournée avec We Came As Romans. Bien plus souriants et contents d’être là qu’à Issy Les Moulineaux et sample d’intro de 8 bits digne des grandes années de Nintendo. Il n’en fallait pas plus pour se mettre instantanément dans l’ambiance. Avec du nouveau et de l’ancien : tout le monde y trouve son compte. La joie se fait vraiment ressentir de part et d’autre, sans tacher la performance. Seul le micro abimé par les sets précédents viendra limiter le chant de Bert qui prendra tout cela avec humour. Une digne soirée détente. On y retrouve “Restart”, “Captain Blood”, la cover du “We Are Who We R” de Ke$ha, accentués par des mosh pits, des gens qui montent sur scène, des gens qui répondent directement au groupe en leur demandant de gentiment jouer le prochain morceau. Tout le monde est là pour défendre la même cause et fier de l’être. Alexandre de The Earl Grey viendra même faire quelques vocalises aux côtés de ses amis pour leur rendre la monnaie de leur pièce. Après une fausse fin de concert avec le dernier single du nouvel opus “Pardon My French” “Haters Gonna Hate”, les CNCC s’autorisent même un rappel de deux morceaux : “XoXo” ainsi que l’hymne “In Friends We Trust” sur laquelle le public viendra gêner le groupe en montant (en masse) sur scène. Une belle preuve d’amitié générale sur du pop punk easycore qui fascine encore.
Cet évènement fut une belle soirée et un bel hommage à l’Icarus Festival avec les deux headliners de la soirée. Bien que l’éclectisme fait parfois bon ménage, le choix de certains groupes se discutent encore et font preuve d’un débat sans fin. Quoi qu’il en soit, tout le monde a su y trouver son compte et cela fait toujours chaud au cœur de voir une salle au 9/10ème remplie pour ce genre de fête. Entre découvertes et confirmations, le principal évènement de ce show restera la sortie du nouvel album de Merge, qui n’en est qu’à ses débuts. Et pour ceux qui les ont loupé, les ambitieux de Chunk! seront de retour dans la capitale en avril prochain. A prendre ou à laisser.