Après deux Glazart remarqués en 2014 sous le nom de Beastmilk et un Hellfest cet été avec le nouveau line up, Grave Pleasures est décidément en pleine ascendance, en témoigne l’engouement soudain généré par la sortie de sa deuxième offrande, “Dreamcrash”. Récit de ce premier concert parisien avec un nouveau line up ravageur.
Mais c’est d’abord au Français de JESSICA93 d’ouvrir la soirée, avec une petite demi-heure de retard, qui a pour conséquence d’avoir déjà rassemblé les foules devant la scène de La Flèche d’Or. Ce duo sur album passe à un one man band sur scène où un seul homme, en la qualité de Geoffroy Laporte, doit gérer la totalité des instruments. La batterie programmée donne le rythme de chaque morceau et l’homme derrière Jessica93, très confiant et professionnel, s’occupe tour à tour de “looper” les lignes de basse ou les parties de guitare. Mais ce n’est pas tout, car Geoffroy Laporte possède une voix claire et voluptueuse venant se poser à merveille sur des décharges de shoegaze/noise rock qui savent toujours faire la part belle aux mélodies. Difficile à croire que l’ensemble de ces sons ne provienne que d’un seul et même homme qui, à la fois hyperactif et terriblement détendu, revisite ses deux albums, “Who Cares” (2013) et “Rise” (2014). Le public est littéralement captivé par cette gestuelle et ne se prive pas pour danser, l’influence post punk et cold wave aidant. À la moitié du set, l’homme salue son audience parisienne et raconte être très satisfait de cette tournée avec Grave Pleasures, puisqu’il a également ouvert sur les dates en Allemagne. Timidement, il ajoute qu’il n’a jamais été très fort pour les discours et on ne lui en veut pas, tant il dialogue bien avec chaque instrument qui passe dans ses mains. Au bout de quarante-cinq minutes d’un shoegaze mélodieux dont la basse, lourde, est l’élément moteur, Jessica93 prouve que l’engouement qui tournait autour de ce mystérieux combo était amplement mérité. Carton plein pour cette dernière date du jeune homme sur la tournée.
Une grosse demi-heure passe et les Finlandais se font attendre. “Finlandais” n’est d’ailleurs pas tout à fait correct quand on s’attache à regarder un peu d’où viennent les musiciens de GRAVE PLEASURES : l’Anglais charismatique Mat “Kvohst” McNerney, qui multiplie les projets (Hexvessel en tête de liste) et le bassiste Valtteri Arino sont les deux seuls rescapés de Beastmilk. Les trois nouveaux membres sont le Finlandais Juho Vanhanen qui officie dans le groupe de black metal expérimental Oranssi Pazuzu, la guitariste suédoise Linnéa Olsson qui a joué dans The Oath et enfin le suédois Uno Bruniusson, batteur chez In Solitude, qui a splitté en avril dernier. Présentation faite, attelons-nous au show de cette formation “internationale”. Sans grande surprise, le concert débute par “Utopian Scream”, en ouverture du nouvel album “Dreamcrash“. Le son est au rendez-vous et chaque musicien possède une présence sur scène qui fait plaisir à voir, mention spéciale à la guitariste Linnéa Olsson qui passera la soirée à nous montrer sa jolie crinière en activité. L’humour est également de mise, Mat expliquant que c’est un “pleasure to be here, a grave pleasure”. S’ensuit l’efficace “Taste The Void” puis Mat s’exprime à l’assemblée en indiquant “You Are Now Under Our Control” avant que les notes prophétiques, issues du premier opus “Climax” (2013), résonnent et font instantanément danser l’auditoire. La malédiction est jetée et l’effet ne se dissipera qu’une fois le set terminé ! “Crying Wolves” est ensuite dédié à Jessica93 qui est remarquablement remercié “tout le monde sait qu’en tournée il faut toujours avoir un français avec soi”, explique l’Anglais, en véritable shaman. Et tout le show sera un savant mélange des deux efforts, les morceaux se mélangent bien et la sueur ne tarde pas à perler le front du leader et de ses camarades de jeu. Certains titres comme “Genocidal Crush” ou “Girl In A Vortex” sont même repris par une assemblée qui apprend, au fil des compositions, à s’affranchir de sa timidité pour ne faire qu’un avec le groupe. Les chansons du nouvel album passent haut la main l’épreuve du live, on pense notamment à “Crisis” et “New Hip Moon”. Mat présente ensuite son équipe avant de lancer “Love In A Cold World”, dédicacé aux couples français dans la salle. Le titre finit d’achever un public, conquis. Cinquante minutes de concert, Grave Pleasures remercie l’audience et se retire. Mais le quintette revient très vite et achève le concert par “No Survival”, clôture de “Dreamcrash” et le court tube en puissance, “The Wind Blows Through Their Skulls”. Quelques timides remerciements et le combo s’en va. Une heure de show montre en main semble court, mais ce nouveau line up a tout de même joué quinze morceaux dans une ambiance survoltée et avec un son puissant, ayant rendu justice aux nouvelles chansons. Que demander de plus ?
C’est sur une belle chanson de Joy Division que les spectateurs se retirent lentement, clôture idéale pour une soirée qui aura fait danser de nombreux cœurs dans l’audience, hypnotisés par la musique prophétique des Finlandais. Finlandais qui, d’après notre récente interview, repasseront à Paris dès le début de l’année prochaine !