Quand on évoque le Groezrock, on pense forcément à Meerhout, petite ville paisible de 10 000 habitants dans la Belgique flamande à quelques kilomètres d’Anvers. Paisible jusqu’à l’arrivée de milliers de festivaliers venus d’un peu partout en Europe où tout le monde parle des langues différentes, bien que le néerlandais soit la langue dominante, mais où tout le monde arrive finalement à se comprendre. Dans ce genre d’endroit, l’obstacle principal à la communication n’est pas forcément la langue, mais souvent le degré d’alcool dans le sang. Parce qu’à Meerhout pendant le Groezrock personne ne s’étonne de voir des festivaliers prendre leur petit déj’ à la bière aux alentours de 11h pendant que d’autres dégustent tranquillement leur café sur le banc d’à côté. Mais du coup, on comprend mieux pourquoi dès 13h, on a l’impression de se retrouver dans un remake de The Walking Dead, avec tout de même beaucoup moins de sang. A partir de 13h donc commence le slalom géant afin d’éviter les zombies. Des zombies à peu près autant remplis d’amour que de bière. Des zombies bisounours en quelques sortes ! Mais le Groezrock ce n’est pas que ça heureusement. Voici notre sélection de concerts de cette première journée !
ASTPAI (Monster Main Stage) – Il ne fallait pas se rendormir en ce premier jour de festival. C’est Astpai qui ouvrira les hostilités sur la Main Stage. Groupe tout droit venu d’Autriche, ils nous feront découvrir leur punk rock propre et carré devant un public quelque peu clairsemé mais déjà très en forme à en juger par le groupuscule qui se démène devant la scène pour le plus grand plaisir du groupe. Formés depuis janvier 2010, ils n’ont pas fait que tourner constamment depuis leurs débuts avec des groupes comme Anti-Flag, Paint It Black, The Flatliners ou encore The Casting Out. Si vous ne les connaissez pas encore, leur nouvel album “Burden Calls” sort cet été (22/08/2014). Très bonne découverte pour débuter cette édition 2014 du Groezrock.
RESTORATIONS (Ethnies Stage) – Malheureusement l’enthousiasme sera de courte durée… Originaires de Philadelphie dans l’état de Pennsylvanie dans le nord-est des Etats-Unis, Restorations joue pour la première fois en Belgique. Raison de plus pour ne pas les rater. Malheureusement c’est une petite déception… Ils assureront un show presque hypnotisant, mais malgré tout un peu agaçant. C’est le genre de groupe a qui il manque cette petite étincelle, ce petit truc pour vous faire décoller et capter toute l’attention du public. Et puis surtout ça manque cruellement de spontanéité.
ATLAS LOSING GRIP (Monster Main Stage) – Cette fois c’est un groupe tout droit venu de Suède que nous avons le plaisir de voir évoluer sur la Main Stage. Qui dit Suède dit metal. Sauf que dans un festival plutôt à tendance punk et hardcore, on se demande un peu ce que ça va donner. Et bien effectivement on retrouvera ces influences métal aussi bien dans la musique que dans le look des musiciens. Le mélange des genres sera assez curieux à la première écoute mais à la fin du set on se dira que finalement c’était beaucoup trop court.
GAMEFACE (Monster Main Stage) – Dans la catégorie “papys du punk rock”, formé il y a plus de vingt ans, voici venir Gameface. Même si il n’y a absolument rien de révolutionnaire dans leur musique, ils venaient nous présenter leur album sorti en mars “Now Is What Matters Now”. Sur scène une énergie dont les plus jeunes devraient s’inspirer, dans le public des petits jeunes et des plus âgés qui s’en donneront à cœur joie. Malgré la grisaille et la fraicheur de cette première journée de festival, Gameface réussira à nous réchauffer avec son punk rock californien plein de chaleur. On croirait presque que le soleil, la plage et le sable fin sont juste à côté. Malheureusement on se contentera des champs à perte de vue…
BAYSIDE (Impericon Stage) – A peine le temps de se remettre du set de Gameface qu’il est déjà temps de se frayer un chemin sous la tente de l’Impericon Stage. Cette fois, c’est du côté de New-York qu’il faut aller pour retrouver les origines de Bayside. Il aura fallu attendre quatorze ans et six albums pour obtenir le meilleur d’eux ! En atteste leur excellent dernier album “Cult” sorti en février. Ce sera la première grosse claque de ce long week-end belge !
THE WONDER YEARS (Ethnies Stage) – La deuxième grosse claque ne tardera pas à arriver. The Wonder Years au Groezrock, ça n’a absolument rien à voir avec le concert à La Maroquinerie par exemple. A la Maro c’était 10 pèlerins dans la salle. Au Groezrock, ça sera un chapiteau qui déborde de tous les côtés, du stage diving dans tous les sens, du sing along du début à la fin. Bref, une grosse claque on vous le dit !
CHUNK! NO, CAPTAIN CHUNK! (Macbeth Stage) – S’il fallait accorder la palme du son le plus dégueulasse du festival, c’est sans doute Chunk! qui la gagnerait. Mais que s’est-il passé ? Mais où était l’ingé son ? Si nos protections auditives avaient pu s’exprimer elles auraient crié au scandale ! Et nos oreilles avec par la même occasion… De la batterie, des basses, des enceintes qui grésillent, un manque évident de spontanéité et de maturité sur scène, on se dit qu’il y a encore du boulot avant de pouvoir prétendre à jouer dans la cour des grands…
TERROR (Impericon Stage) – Quinze minutes avant la montée sur scène des américains, la tente est déjà pleine à craquer. Il faudra jouer des coudes pour s’y engouffrer. Il ne fallait pas souffrir d’agoraphobie ni de claustrophobie pour assister au set de Terror. Des pieds écrasés, des coups de coudes, des coups de pieds, des douches de bière, des mouvements de foule à se demander comment on tient encore sur nos pieds, une tente à la limite de l’implosion, des gens qui se demandent ce qu’ils foutent là, d’autres qui gueulent à s’en décrocher les poumons. Voilà comment résumer un concert de Terror au Groezrock !
BOYSETSFIRE (Monster Main Stage) – Après huit heures à déambuler dans les champs de Meerhout, les bottes commencent à être lourdes, très lourdes. Mais BoySetsFire est ce genre de groupe à vous faire oublier que tout votre corps vous fait souffrir, parce que tout ce qui se passe sur scène, tout ce qui se dit dans les paroles est encore plus fort, plus intense, plus vrai que ce que notre corps nous dit. Le week-end est loin d’être terminé mais on sait déjà que ce concert sera celui qui restera gravé dans nos mémoires pendant longtemps. De l’énergie, de la fragilité, de l’intensité, de la rage, de la communion avec le public, de l’authenticité, de la spontanéité. Pour faire simple, un concert parfait du début à la fin.
TIM BARRY (Macbeth Stage) – Pour resituer un peu le personnage, Tim Barry est originaire de Richmond, Virginie. Il a été le chanteur du groupe de punk rock Avail et le bassiste de (Young) Pioneers avant de démarrer sa carrière solo en 2004. Plutôt dans le registre folk, tout seul sur scène avec sa guitare et son micro, il n’est pas sans nous rappeler un certain Frank Turner, avec qui il a d’ailleurs sorti un “Split EP” en 2009. Ce concert de Tim Barry sera la petite bouffée d’oxygène de la journée.
BRAND NEW (Monster Main Stage) – Comme beaucoup de groupes étrangers, Brand New fait partie de ceux qui ne passent pas en concert en France. De la faute à qui ? Comme ils l’ont très bien expliqué sur leur site Internet lorsqu’ils ont annoncé leur dernière tournée : “Si vous êtes une des trois personnes qui nous écoutez encore, nous sommes désolés, mais le reste de votre pays ne veut pas de nous ici. La prochaine fois. On le jure !” Au moins ça a le mérite d’être clair… Heureusement qu’on pouvait compter sur le Groezrock pour nous offrir la possibilité de les voir à “quelques” kilomètres de chez nous ! A en juger la foule compact qui se masse sous la tente de la scène principale, nous n’étions pas les seules à les attendre avec impatience. Une heure de concert propre, carré, précis. Beaucoup trop court ! Mais on se prendra quand même une petite claque qui nous remettra les idées en place en attendant Nofx et qui nous réchauffera par la même occasion. Les soirées dans la campagne belge sont un peu fraiches il faut bien l’avouer.
NOFX (Monster Main Stage) – Tête d’affiche de cette première journée de Groezrock, est-il encore nécessaire de les présenter ? NOFX ou le “groupe le plus drôle du rock n’roll” formé en 1983 à San Francisco. 1983… Une bonne partie du public de ce soir n’était même pas née… En 1994, ils sortaient l’album “Punk in Drublic” qui les fera connaitre. Vingt ans plus tard, on les retrouve à Meerhout pour fêter un joyeux anniversaire à cet album qui marquera toute une génération. Comme c’est la mode pour ce genre d’anniversaire, nous aurons droit à l’intégralité de l’album en question dont les paroles seront scandées par tout le public entassé sous l’immense tente de la Main Stage. Entre deux blagues du chanteur Fat Mike, votre équipe de choc s’éclipsera discrètement épuisée par cette première journée de festival.
Environ 10km de marche à vadrouiller de scène en scène, de la grisaille, du vent, du froid, de l’humidité, des gens bourrés un peu partout, une grosse déception (Chunk! No, Captain Chunk!), un coup de cœur (Tim Barry), quelques claques (Brand New, Bayside, The Wonder Years), et puis Boysetsfire !