Tout juste remis de la veille, cette journée du samedi se présente à nous, pour ce qui sera la journée la plus peuplée de l’édition 2013 ! Entre 37 000 et 41 000 festivaliers se sont présentés en ce 22 juin 2013. Autant dire qu’il fallait s’armer de patience pour être convenablement placé aux différents concerts !
Un brin de fraicheur envahit Clisson, quelques rares averses viendront également nous tremper l’espace de quelques minutes, mais à l’image du jour précédent, la météo sera relativement bonne et idéale pour se balader d’une scène à l’autre.
Alors que ce début de journée commence plutôt tranquillement, trinquant ici et là, flânant autour du festival, les hostilités vont paisiblement démarrer avec KROKUS. Les vétérans suisses nous font l’honneur de leur toute première apparition au Hellfest. Avec la récente sortie de leur dix-septième album “Dirty Dynamite”, la célèbre formation helvète s’exécutera sous une fine pluie, mais devant une foule qui se compacte d’ores et déjà. N’ayez crainte, “Eat The Rich” fut joué !
Quelle difficile décision à prendre maintenant entre deux excellents groupes qui n’ont strictement rien en commun. D’une part, UNCLE ACID AND THE DEADBEATS, véritable découverte psyché/doom, qui vient faire ses preuves sous la redoutable Valley. Cette jeune formation britannique va littéralement subjuger tout le monde et nous en resterons scotché. Leur performance fut impeccable, old school et interessante. Plongé dans un trip total, il nous sera possible de les revoir en première partie de Black Sabbath, lors de leur tournée européenne, une bien belle aventure qui continue !
Puis, en même temps, sous la Temple, pour son premier passage également (ça en fait des premières fois au Hellfest !), EQUILIBRIUM, formation allemande de folk/epic metal, installera une belle atmosphère propice au pit. Autour du brillant René Berthiaume (guitare), les titres tels que “Blut Im Auge”, “Met” ou bien “Unbesiegt” seront joués. Mention spéciale à la reprise électrique de la BO de “Skyrim”, que René avait déja partagé sur les réseaux sociaux. Côté actualité, Equilibrium sera à l’affiche du prochain Heidenfest (en compagnie d’Ensiferum et Turisas) et sortira prochainement un EP !
Egalement placée sous le signe du néo metal, cette journée aura également vu COAL CHAMBER. Connaissant un fort succès avec DevilDriver, quel était l’intérêt d’un tel retour, si ce n’est par “nostalgie”. L’enthousiasme n’est pas le maitre mot, au vue des derniers retours dont celui de Paris, et c’est une certaine déception qui en ressortira. Les morceaux qui ont fait bondir toute une génération de jeunes ont bien mal vieilli, la faute à un son trop ancré dans la période néo mais également à une sonorisation qui ne faisait pas briller ces derniers. Cependant Dez Fafara et ses comparses sauvent les meubles par une prestation énergique et des titres revisités de façon plus agressive. Les nombreux nostalgiques du devant de scène semblent comblés par ce bain de jouvence et explosent sur le dernier titre “Sway”.
Alors qu’une petite pause s’impose tout en observant la convaincante prestation des 3 DOORS DOWN, le rock alternatif des américains semble séduire les nombreux fans présents en face de la Mainstage 1. Cinquante minutes pour un set composé de leur plus grand titres, bien évidemment, dont le fameux “Kryptonite” (plus de 43 millions de vue sur YouTube !) issu de leur premier opus “The Better Life” (2000). Un set plaisant malgré l’absence de Matt Roberts, qui a quitté le groupe il y a un an, en raison de soucis de santé.
L’annulation de leur tournée européenne, qui devait se dérouler au printemps, avait fait couler beaucoup d’encre, puisque les hordes de fans étaient impatient de voir ou de revoir les suédois originaires d’Örebro, à savoir : WITCHCRAFT. Leur situtation fut mise en attente, annulation ou remplacement ? La bonne nouvelle fut annoncée quelques jours avant, avec la confirmation de leur présence ! Une bien bonne nouvelle donc, qui s’est traduite par une magnifique représentation. Adepte du stoner, où doom et psyché s’invitent, le set sera tout bonnement impressionnant. Mené par l’énigmatique Magnus Pelander (chant), les quatre musiciens (Ola, Simon, Tom et Oscar) l’entourant vont délivrer un véritable récital. Avec quelques titres de leur quatrième album “Legend” (2012), la fête en sera tout autant excellente, la symbiose entre les musiciens et la Valley se fera lourdement ressentir. De redoutables arrangements qui en feront chavirer plus d’un dont “Ghost House”, qui clôt leur prestation. Chaleureusement salué par la foule, les nordiques quittent Clisson; mission accomplie donc.
Plus que quelques minutes avant que le Phil Anselmo show ne débute. Pour la troisième fois, le Hellfest accueille la formation originaire de la Nouvelle-Orléans, composé de Kirk Windstein, Pepper Keenan, Jimmy Bower, Pat Bruders et donc de Phil. DOWN is back motherf*ckers! A l’image de leur prestation à Paris, qui avait dévasté le pit du Bataclan, les cinq gus vont y appliquer la même formule. Les premières guitares sonnent et le son si caractéristique du groupe s’en dégage d’emblée : c’est gras, lourd, plein de sueur ! Leur premier album “NOLA” (1995) sera, comme souvent, grandement mis à l’honneur. Il faut dire que celui-ci, qui n’a depuis pris aucune ride, est à l’origine de tout et qu’il est composé, quasi uniquement, de leurs hits. “Lifer”, “Hail The Leaf” et “Pillars Of Eternity” vont salement remuer le pit qui se situe devant la Mainstage 1. Leur EP, premier d’une série de quatre, “Purple EP” sera également représenté par le très bon “Witchripper”. “Stone The Crow” repris à l’unssion sera succédé par le puissant “Bury Me In Smoke” avant que la fin du morceau ne parte en vrille avec l’apparition de Jason Newsted à la basse et de Matt Pike (Sleep) à la guitare. Un final qui fait honneur au combo et à ses invités, comme d’habitude. A noter que Phil reviendra sur l’annulation de Clutch, qui devait se produire le lendemain, or le décès du père de Neil (frontman de Clutch) mis fin de façon prématurée leur tournée européenne, et un moment d’acclamation lui a été dédié. De plus, DOWN donne rendez-vous dimanche, sous la Valley, en lieu et place de Clutch, pour un show spécial, qui le sera particulièrement en effet ! A suivre.
S’il y a un groupe qui ne déçoit en live, il s’agit évidemment d’ACCEPT. Cette figure historique du heavy metal allemand, qui n’a pas moins de treize albums à son compteur, s’est s’y prendre pour déchainer les foules. Gonflé à bloc, Mark Tornillo, fraîchement recruté lors de leur avant dernier album “Blood Of The Nations” (2010), est comme un poisson dans l’eau. Les fans ne s’y trompent pas et semblent enfin l’apprécier à sa juste valeur, ce qui n’est pas une mince affaire lorsqu’on succède à Udo Dirkschneider. Le quintette enchaine les tubes crescendo “Metal Heart”, “Teutonic Terror” et “Balls To The Wall”, tout en remportant un franc succès à l’applaudimètre. En bonus, pour le dernier titre Phil Anselmo, encore lui, montera sur scène pour une prestation hargneuse sur “Fast As A Shark”; rien de mieux pour finir en beauté ce qui s’avèrera être l’un des meilleurs concerts de la journée !
Formé en 1991 sous le nom de Betrayer, ce n’est qu’en 1993 que BELPHEGOR prend sa véritable identité. Avec son black/death metal venu tout droit d’Autriche, Helmuth et Serpenth sont bien évidemment au rendez-vous sous la Temple, pour débuter leur cérémonie musicale. Alors que leur prochain album studio est prévu pour l’année prochaine, leur prestation fit grand bruit sous le double chapiteau, pour le plus grand plaisir des puristes mais également des curieux qui arpentent le festival de scène en scène.
Après le sud-est des Etats-Unis avec DOWN, place au nord-ouest avec RED FANG. La formation originaire de Portland prend peu à peu du galon et commence à s’imposer comme une des bêtes de scène du paysage stoner rock. Deux albums sortis en 2009 et 2011, le combo composé de Bryan, Aaron, David et John va envoyer du lourd, du très lourd, ça va être FAT ! Sortez vos chemises à carreaux et vos barbes de bucheron, Red Fang ne va clairement pas faire dans la dentelle sous la Valley. A l’image d’Orange Goblin l’année précédente, il va faire très chaud sous la Valley et le pit sera bouillant de la première à la dernière seconde. Profitant de l’annulation de Masters Of Reality, leur set fut repoussé dans la journée, et autant dire que c’était pas plus mal ! Déchainements de décibels, distortions saturées et bien grasses, aucun doute à avoir sur l’efficacité redoutable de leur musique. La tension montera progressivement au fil de leur huit titres et l’apogée sera bien évidemment atteinte avec le loufoque “Prehistoric Dog”, qui aura fait connaitre le groupe au grand public (en raison surtout d’un clip totalement barré). A la prochaine donc !
MY DYING BRIDE succède à AMORPHIS sous la Altar alors que la foule se compacte devant la Mainstage 1. Les anglais viennent défendre leur dernier opus en date “A Map Of All Our Failures”, sorti en octobre dernier, le tout pour leur troisième participation en terres clissonnaises.
Le site est bondé, les déplacements devant la Mainstage 1 se font difficilement et il est maintenant l’heure d’accueillir les légendes du hard/blues rock, les mythiques ZZ TOP ! Une heure et cinq minutes de show, menée sur rythme plutôt élevé puisque quinze titres composeront leur prestation. Ainsi, Billy Gibbons, Franck Beard et Dusty Hill vont en mettre plein la vue à la foule du Hellfest. Malgré un son généralement trop faible durant leur concert, “Got Me Under Pressure” démarre, suivi rapidement par “Waitin’ For The Bus”. “Gimme All Your Lovin'” va lui aussi rapidement sonner en ce samedi, en tant que véritable hit bien évidemment. “La Futura” dernier album en date de la formation texane sera également mis à l’honneur avec pas moins de trois titres de ce dernier. Le show est bien rodé, la machine est lancée et n’est pas prête de s’arrêter en si bon chemin. Suite à la reprise de “Foxy Lady”, “Chartreuse” et “Sharp Dressed Man” vont se suivre, pour le plus grand plaisir des fans, comment rester de marbre face à ces superbes compositions ? Un brin de nostalgie souffle sur le HF, nous voila replongé dans les lointaines origines du metal, c’est dire. Quoiqu’il en soit, le final approche suite à “Tube Snake Boogie”. En effet, “La Grange/Sloppy Drunk/Bar-B-Q” explose avant de conclure sur “Tush”. Une prestation plutôt sympathique, avons le, malgré quelques temps faible et une sonorisation qui n’envoyait clairement pas du lourd, plutôt dommage lorsqu’il s’agit des ZZ Top. La foule semble ravie, l’important étant acquis donc !
BULLET FOR MY VALENTINE, décriés et critiqués, vont malgré tout assurer un show convenable sur la MS2. “Temper Temper” étant sorti il y a peu, les gallois s’appuyeront bien évidemment dessus lors de ce live. Cependant, Matthew Tuck, Michael “Padge” Paget, Michael “Moose” Thomas et Jason “Jay” James serviront les tubes tels que “Walking The Demon” et le classique “Tears Don’t Fall”, dixième titres joué ce soir, pour conclure leur set. Sorti sous les applaudissements, le public reste néanmoins partagé vis-à-vis de cette formation… Quoiqu’il en soit, les yeux sont maintenant tournés vers la Mainstage 1, où la bande à Gene Simmons est attendue.
Pour sa seconde apparition à Clisson, les américains ont, en théorie, prévu une nouvelle fois le gros show qu’on leur connait. Nul besoin de vous présenter l’une des figures du hard rock outre-Atlantique et véritable machine de guerre (tant scènique qu’au niveau business). Avec la sortie, en octobre dernier, de leur vingtième album studio “Monster“, il était fort à parier que les créatures allaient faire le retour en Europe. La traditionnelle introduction démarre et l’immense rideau est sur le point de tomber. KISS fait enfin son apparition et démarre avec “Psycho Circus”. Cependant, un élément ne sera pas du goût de certains; en effet, depuis le début de leur tournée européenne, l’imposante araignée qui fait office de structure pour les lights, devait théoriquement voir le groupe dessus, et celle-ci redescendre… or ce n’est pas le cas du tout. Apres moultes observations, le constat sera le suivant : la scène n’est pas assez grande pour permettre ce méchanisme, sachant qu’il manque également des pattes à la bête métallique… Bref, retournons vers la musique que propose le combo, mené par un remuant Paul Stanley, qui se déhanchera tout au long du show. “Let Me Go, Rock’N’Roll” puis “I Love It Loud” se succèdent, avant d’interpréter “Hell Or Hallelujah”, issu de leur dernière réalisation studio. Le public répond de manière très positive, l’ambiance est plutôt bonne bien que certains festivaliers du jour ne suivent le groove qu’applique leur classic hard rock. Une setlist best of, comme il est de coutume depuis bien longtemps, Gene crachera quelques flammes sur “War Machine” avant de vomir son sang juste avant “God Of Thunder”. Quant à Tommy et Eric, ils assurent pleinement, l’un avec ses sublimes solo, l’autre derrière son kit qui prendra de temps à autre un peu d’hauteur. Suite à “Lick It Up”, Paul traversera le pit, de façon aérienne, pour rejoindre une petite structure à l’autre bout du site, pour y chanter “Love Gun” et se sentir proche du public. “Rock And Roll All Nite” sera repris à l’unisson, en guise de fin, déployant les différentes structures scèniques qui survoleront le pit, sans oublier les strass et les paillettes projetées en l’air. Petite pause et retour du quatuor pour le rappel. Les esquisses d’accords laissent à penser que le prochain titre sera “Detroit Rock City” et ô surprise, nous aurons droit à “Clisson Rock City”. Les quatre vingt dix sont bientôt à leur terme et c’est finalement “Black Diamond” qui met fin au supershow de Stanley, Simmons, Thayer et Singer. Notons, à nouveau, une déception : le groupe n’aura pas interprété “I Was Made For Lovin’ You”, pourtant joué sur l’ensemble de la tournée européenne… Déception donc, surtout pour l’ensemble des fans qui voyaient la formation US pour la toute première fois.
La fin de soirée est, une fois de plus, bien chargée et hautement écléctique. Alors que KORN va tout exploser sur la Mainstage 2, comme ce fut le cas lors du Sonisphere à Amnéville, le retour de Head a attiré l’attention de bon nombre de festivaliers qui se sont agglutinés. Durant un peu plus d’une heure de jeu, revoila le Hellfest plongé dans une certaine nostalgie, où le KoRn de l’époque remplissait les grandes salles françaises. Leur néo metal fera mouche et clôturera en beauté ce samedi, haut en couleur et en strass.
Cependant, la Altar proposait également une tête d’affiche de haute volée en la personne de MORBID ANGEL. David Vincent, Trey Azagthoth, Tim Yeung et Destructhor auront fait usage de leur death metal des familles. Il est difficile de passer à côté d’un si grand nom du metal extrême. La tente sera d’ailleurs blindée et le fameux “Altars Of Madness” (1989) fera des siennes d’une heure à deux heures du matin; une parfaite occasion de prolonger la cérémonie toute la nuit (en compagnie de Modération).
Jamais deux sans trois, les deux scènes précédemment citées étant lourdement investies, quid de la Warzone ? Et bien c’est une autre figure de la scène punk rock qui fera honneur aux festivaliers : BAD RELIGION. Une différente façon de terminer la soirée donc, avec des rythmiques plus festives et des guitares moins bruyantes mais tout aussi efficaces. La foule est également bien compacte et ce ne sont pas moins de vingt et un titres qui vont s’enchainer en l’espace d’une heure de concert (!!!). Furtif, festif, jouissif, il nous sera possible de passer par n’importe quel état !
Une épuisante journée se termine sur le festival, mais la fête continuera au Metal Corner où les DJ sets seront délirants jusqu’à des heures bien tardives. Malgré un site totalement saturé en raison de KISS et ZZ Top, les concerts furent de bonne qualité (peut-être pas le son d’une scène à l’autre), mais l’ambiance fut relativement sympathique. Place au repos (sic) avant d’attaquer l’ultime journée de cette édition 2013.
avec la participation de Noémy Langlais
Crédit photos : Serge Tenani