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HELLFEST 2014 – Jour 2 (21/06/14)

Fête de la Musique, Hellfest, groupes mythiques, gros son : demandez le programme en ce samedi 21 juin 2014 !

HARK (Valley) – Démarrer la journée avec son bien gras, telle était l’envie des festivaliers présents sous la Valley. Récemment signé chez Season Of Mist, les jeunes gallois s’étaient déjà montrés en première partie de Clutch l’an dernier, à La Maroquinerie. Avec la sortie de leur premier album “Crystalline” en mars dernier, le trio composé de Jimbob Isaac, Nikolai Ribnikov et Simon Bonwick semblent avoir marqué les esprits au travers de sa lourde musique. Leur heavy rock/stoner aura le don de réveiller les fêtards et d’hypnotiser d’emblée la foule. Plutôt bien remplie, et ce malgré les 10h30 qu’affiche l’horloge, la Valley encourage les trois musiciens. Leur prestation sera très convaincante, une fois de plus, et la grasse journée que présente la tente débute de la plus belle des manières.

 

 

LEZ ZEPPELIN (MainStage 01) – Programmer un groupe exclusivement de reprises est un fait rare en festival et particulièrement sur la principale scène du Hellfest. En cette journée de la fête de la musique et placée, principalement, sous le signe du hard rock, c’est un combo féminin reprenant du Led Zeppelin qui sévira peu avant l’heure du déjeuner. Si musicalement Steph Paynes, Shannon Conley, Leesa Harrington-Squyres et Megan Thomas assurent comme il se doit, ayant même quelques gimmicks en référence aux anglais, d’un point de vue du show, quelques regrets font leurs apparitions. En effet, disposant de seulement une demi-heure, Clisson s’attendait à un show musclé et sans temps mort. Malheureusement le solo “à la Page” va littéralement casser la dynamique de leur prestation, alors qu’ils ne restent qu’une poignée de minutes. L’occasion aurait belle d’inclure quelques titres de plus. Quoiqu’il en soit, les festivaliers semblaient apprécier, tant mieux pour elles ! Un petit bémol néanmoins pour notre part.

BENIGHTED (Altar) – La foule ne s’y est visiblement pas trompée, en cette fête de la musique, et l’Altar est comble pour écouter le brutal death de Benighted. Il est vrai qu’après avoir écouté l’excellentissime huitième album, beaucoup ont dû penser qu’il était  hors de question de rater les stéphanois en live. L’ambiance est installée dès les premiers titres. Le groupe est motivé pour mettre le feu. Les musiciens sont survoltés. Cela joue fort et vite. Il faut dire que le set est court, seulement une trentaine de minutes, donc il n’y a pas de temps à perdre. Et lorsque Julien, le chanteur, demande au public de se déchaîner et de ne pas hésiter à sauter sur la sécu qui commence à s’ennuyer, inutile de dire qu’il est pris au mot. Les challengers auront même l’occasion de récupérer entre autre un Bob l’Eponge gesticulant sûrement pas des plus aisés à choper. Nous aurons droit à plusieurs moments forts lors de la prestation du quintette. Tout d’abord, le lancement du troisième morceau : entendre tout le public hurler “Let the blood spill between my broken teeth” ne pouvait que donner la chair de poule. Puis lorsque Stéphane Buriez, chanteur de Loudblast, fera la surprise de surgir sur scène aux côtés d’Adrien, pour une belle démonstration de complicité sur “Experience Your Flesh”. “Carnivore Sublime” sera à nouveau l’occasion d’un échange avec le public scandant au rythme de la batterie. Le set se terminera malheureusement trop vite avec “Slut”, non sans que Julien ai chaleureusement remercié le public d’être venu si nombreux malgré l’heure matinale. Suite à leur passage, l’air sous la tente est presque irrespirable tellement la teneur en poussière est importante. Et alors que le public se disperse, les exclamations fusent pour qualifier ce qu’il vient de se passer : “Terrible !” “Enorme !” “La claque !”… On dirait que l’audience vient de se prendre un sacré uppercut de la part des stéphanois ! Bien que le son était un peu brouillon, lorsque le groupe est bon et que ce qu’il propose est puissant et généreux, cela passe sans problème. Petit regret tout de même : celui de ne pas avoir eu droit à “Spit” et un featuring de Niklas Kvarforth (chanteur de Shining, qui jouait un peu plus tard dans l’après-midi). Peut-être aurons-nous cette chance au Motocultor ? En espérant évidemment que le groupe ait trouvé les remplaçants d’Adrien et Alexis qui au lendemain de ce superbe concert annonçaient tous les deux leur départ. Croisons les doigts !

 

 

MISS MAY I (MainStage 02) – Ces cinq petits gars venus de l’Ohio auront à cœur de défendre leur album “Rise Of The Lion” en cette fin de matinée sous un soleil cuisant. Même si le public sera venu de bonne heure et de bonne humeur en ce deuxième jour de festival et même si beaucoup seront déjà convaincus par le quintette, d’autres auront beaucoup de mal à se mettre dans l’ambiance et à apprécier leur set. La faute à un son très mal réglé mais aussi sans doute à cette petite étincelle qu’il manque à tellement de groupes de metalcore pour se démarquer du lot.

 

 

MOS GENERATOR (Valley) – Du gros son, en veux-tu, en voilà ! Les américains vont secouer la Valley ! Muni d’un énorme son, les cages de thoraciques de chacune et de chacun vont bouger, vibrer et vivre au rythme de leur stoner. D’emblée “Lumbo Rock” va donner le ton des prochaines quarante minutes. Au travers des “Lonely One Kenobi” et “Silver Olympus”, de nouveaux titres, issus de leur nouvel album “Electric Mountain Majesty” vont également parcourir les oreilles des festivaliers présents. Ainsi “Breaker” et le titre éponyme de l’opus auront pour but d’attirer celles et ceux qui n’auraient pas encore acheter le nouvel opus ! Quant à “This Is The Gift Of Nature”, celui-ci conclura de façon plus lourde et lente, un solide set qui aura fait la part belle aux différentes sonorités que déploie le groupe originaire de l’état du Washington. Mission réussie pour Tony, Shawn et Scooter !

 

 

SKID ROW (MainStage 01) – “Mais à quand la reformation avec Bach ?” pouvions-nous entendre ici et là à propos des rockeurs made in USA. Le groupe semble retrouver de sa superbe depuis quelques temps maintenant après le cuisant échec de leur date, à l’Elysée Montmartre en novembre 2007. Bien qu’aucun album ne soit sorti entre temps, un EP “United World Rebellion: Chapter One” (2013) voit le jour et la seconde partie est prévue dans les semaines à venir. Le noyau dur du groupe est toujours présent en les personnes de Dave “The Snake” Sabo, Rachel Bolan et Scotti Hill, toujours accompagné de Johnny Solinger au chant. Le set sera essentiellement best of avec les très connus “Big Guns”, “18 And Life” ou encore “Monkey Business”. Seul deux nouveaux titres seront au programme, tous deux tirés de l’EP paru l’an dernier. Musicalement, le groupe tient la baraque et est servi par un son plutôt correct. Solinger peine parfois à monter dans les aigus mais s’en sort plutôt bien. La formation est plutôt mobile et dynamique bien qu’aucun groupe ne soit autorisé -à priori- à emprunter l’avancée d’Aerosmith, dommage… “Slave To The Grind” et enfin “Youth Gone Wild” mettront fin à une courte mais intense prestation. Le groupe sera de retour dans l’Hexagone en compagnie de Saxon en fin d’année.

TROLLFEST (Temple) – La joyeuse troupe de folk metal norvégien n’est pas encore arrivée que le public, déjà nombreux, exprime son impatience. Les fans sont bien chauds et mûrs à point pour une grosse fête. Ils entament un coup de “C’est à bâbord qu’on chante qu’on chante…” histoire de faire monter encore un peu plus l’ambiance. Sur la scène, quelques notes de Deep Purple pour chauffer la guitare, et Trollfest, vêtus de blouse blanches, déboulent enfin, au son de “Kaptein Kaos” de l’album du même nom sorti cette année. C’est parti pour quarante-cinq minutes de fiesta totalement déjantée. Rapidement la tente est pleine à craquer. Pourtant, sur “Barkebein” certains trouveront tout de même le moyen d’organiser une chenille et pour se faufiler parmi les spectateurs. Nous aurons bien évidemment droit à la reprise de Britney Spears, “Toxic”. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’audience est très réceptive et l’ambiance communicative. Trollfest a proposé un show rondement mené en forme de rétrospective avec une setlist allant piocher un peu dans tous les albums de 2005 à 2014.

INCANTATION (Altar) – Après le joyeux bazar de Trollfest, place au death metal d’Incantation et à ses riffs bien lourds. Le public est beaucoup moins nombreux que pour les norvégiens, mais il y a du beau monde. Entre autres, on aura pu y voir Guillermo Izquierdo, le chanteur des excellents Angelus Apatrida -programmé la veille. Quelques petits soucis de réglage et c’est un faux départ pour “Horns Of Eradication”. Pendant ce temps, Guillermo se prête avec joie à une séance photo avec quelques fans italiens. Incantation a une actualité brûlante puisque le nouvel album est sorti il y a à peine quelques jours. Malgré cela, ils proposeront une setlist assez diversifiée allant aussi bien chercher dans leurs offrandes plus anciennes avec des titres comme “Profanation” ou “The Ibex Moon” que dans la toute dernière avec “Debauchery” ou “Carrion Prophecy”. Une excellente prestation de la part des américains.

 

 

WITCH MOUNTAIN (Valley) – L’affluence ne désemplie pas, tout comme la chaleur qui ne desserre pas son étreinte chaleureuse. Toujours à l’affut d’ombre nous nous réfugions sous la Valley afin de voir la prestation de Witch Mountain, groupe de doom metal de Portland dans l’Oregon. Fort heureusement, l’air est légèrement plus respirable ici. C’est l’avantage lorsqu’on assiste à la prestation d’un groupe découverte. Sur album la voix d’Uta Plotkin pourrait être déclarée trésor national pour la nation doom. C’est pourquoi nous voulons juger sur pièce, c’est-à-dire en live. Premier constat, la nana tient la route. Bluesy (“Shelter”), sensuelle (“Never Know”), puissante (“Beekeeper”), atteignant le sommet des aiguës, sa voix donne le ton aux morceaux et les amènent sur des terrains adjacents tels que le sludge et même le stoner. La setlist, principalement axée sur leur dernier opus “Cauldron Of The Wild”, est bien équilibrée, alternant les différentes ambiances afin de laisser tout le champ d’action indispensable pour qu’Uta s’exprime librement. Si les trois autres musiciens ne sont pas en reste techniquement, on sent quand même que le groupe mériterait de mûrir encore un peu ses prestations. On les sent parfois un peu trop concentrés sur leurs parties, bloquant de la sorte le lâcher prise utile et nécessaire en live. Witch Mountain fait le travail, bien mais peu encore mieux faire !

EXTREME (MainStage 01) – La très belle programmation hard rock continue avec Nuno Bettencourt et les siens. Le mythique groupe de funk/hard rock pose également ses flycases en France pour deux dates. La première a donc lieu à Clisson, sous un magnifique soleil et devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Profitant de ce retour sur scène, le groupe propose tout au long de cette tournée d’interpréter leur célèbre “Pornograffitti” en entier. Seulement, ne disposant que de cinquante-cinq minutes, la setlist prendra plus les traits d’un best-of. “Decadence Dance”, “When I’m President”, “It (‘s A Monster)” sentent bon les années 90. Mais un concert d’Extreme ne serait pas sans la célèbre ballade “More Than Words” qui fera chavirer une partie du public, celui-ci prenant les traits d’une véritable petite chorale. Il faudra tout de même souligner que le son n’était pas au top, surtout du côté de Nuno bien que ses nombreux soli furent très bien mis en valeur. Le temps passe très vite sous ce soleil de plomb et c’est finalement “Get The Funk Out” qui montrera la sortie au quatuor, le tout sous des riffs bien funky, évidemment ! Le show au Bataclan sera lui époustouflant, deux jours après leur prestation en enfer.

DAGOBA (MainStage 02) – C’est devant le parterre plus que bien fourni de la MS2 que les français vont se produire. Sous un soleil de plomb et pas un centimètre d’ombre, la foule est impatiente d’en découdre. Dès le tout premier morceau “I, Reptile”, la poussière s’invite dans la danse et s’élève, créant un impressionnant rideau qui fera tout bonnement disparaitre  la scène à plusieurs reprises. Et ce ne sont pas les circle pits et autres wall of death -sans conteste les plus beaux de ce Hellfest 2014- qui lui permettront de redescendre ! Reprise en chœurs par le public, “Great Wonder” fut un beau moment d’échange avant d’attaquer un second wall of death encore plus impressionnant que le premier, creusant une véritable route allant de la scène jusqu’à la billetterie de la grande roue et faisant à nouveau disparaitre la scène sous un nuage de poussière. Et alors que le dernier morceau est annoncé “The Things Within”, nous aurons droit à une petite surprise puisque ce sera en fait “The White Guy (And The Black Ceremony)” qui sera joué. Faisant ainsi un bon en arrière jusqu’en 2003 et l’album “Dagoba”. Ce sera l’occasion pour Shawter de lancer un nouveau circle pit de folie qui fera une fois de plus un écran de poussière tel que de la scène on n’apercevra plus que les lumières du haut. Un final en apothéose !

 

 

ACID KING (Valley) – Tempo lent, riffs de guitare sous-accordés et fortement saturés, le tout sublimé par un chant féminin hypnotique, Acid King joue un stoner doom psyché et groovy aux morceaux monolithiques, aérés par les lignes de chant planantes de la guitariste Lori S. Pour leur second passage au Hellfest, le trio de San Francisco va à l’essentiel. À l’aide de riffs massifs Lori nous ensorcèle avec sa voix hypnotique ultra “réverbée”. Les morceaux sont longs, très longs puisque seuls cinq morceaux seront interprétés aujourd’hui. Planant, envoutant, oppressant et étouffant, jamais le stoner n’aura été aussi plombé. Le batteur Joey Osbourne martèle comme un malade, mais avec groove. Les lignes de basse entêtantes soulignent à merveille l’organe vocal de la bikeuse. Le relatif statisme de Lori, appliquée à ressortir ses riffs majestueux et à placer sa voix bien plus puissante que sur album, contraste avec le jeu de scène de Rafa Martinez (basse) qui assure comme un diable sous acide. Oui, on en est bien là. À force d’aborder des textes sur la drogue, Acid King semble nous avoir totalement mis sous contrôle. Les têtes headbanguent en dépit de toute volonté et les minutes s’égrainent comme si nous étions perdus dans une faille spatio-temporelle. Le set se termine déjà, perdus dans nos pensées il nous faudra quelques minutes pour retourner à la réalité. Mission réussie pour Acid King.

 

 

STATUS QUO (MainStage 01) – S’il y avait un groupe qu’on avait envie de voir en ce samedi, c’est bien Status Quo. Tout simplement parce que ce n’est pas forcément le genre de formation qu’on irait voir en salle, mais c’est celui qu’on souhaiterait avoir vu au moins une fois dans sa vie, tant il représente toute une époque. Il faut également préciser que le groupe a temporairement, et pour la toute dernière fois, réuni le line up d’origine des 70’s avec Alan Lancaster (basse/chant) et John Coghlan (batterie). Pas d’entrée en matière, Status Quo attaque direct, avec un titre fort : “Caroline”. On sait à quoi s’en tenir. Les anglais sont bien décidés à nous dérouler sur un tapis rouge toutes les pierres angulaires de leurs quarante-sept ans de carrière au service du boogie rock ! Et il n’y a pas à dire, les vétérans ont une pêche d’enfer. Le duo de guitaristes/chanteur Francis Rossi – Rick Parfitt opère à merveille tant leur complicité est palpable. Qu’il est agréable de voir une telle alchimie s’opérer sous nos yeux ! Des grands moments d’alchimistes il y en aura au cours de ce set, notamment avec ce “Big Fat Mama” contagieux d’efficacité, ce “Whatever You Want” repris en chœurs par tout le Hellfest, où les deux guitaristes sautillants mettent le feu comme jamais ou encore ce “In The Army Now” qui a le même effet que lorsqu’Europe joue son “The Final Countdown”. Métronomiques, on sent la précision des années mise au service de l’entertainment. Les Status Quo se lâchent comme de beaux diables pour le plaisir de tous, de 7 à 77 ans, et nous achèvera d’un combo titanesque (“Down Down”, “Whatever You Want” et “Rockin’ All Over The World”) qui mettra tout le monde K.O. Dieu (oups Satan) que s’est passé vite ! Status Quo est le genre de groupe que l’on va voir par opportunité et qui finalement nous dresse un bilan ultra positif. Car en sortant on se dit que d’une on y retournera et que de deux, finalement on connait une grande partie de leur discographie ! Car il faut souligner qu’avec “Bula Bula Quo”, extrait de l’album sorti en 2013 mais qui ne sera pas au programme ce soir, Status Quo a sorti son centième singles, soit plus qu’aucun autre groupe de rock dans l’histoire ! Voilà à quoi on reconnait les grands.

HATEBREED (MainStage 02) – C’est un véritable raz de marée humain qui se dirige vers la dite scène. Accueillie par la musique de Rocky, la foule grossit à vue d’œil. Il faut dire qu’un concert de Hatebreed, c’est tout de même l’assurance de s’en prendre plein la tête et les oreilles. Et bien évidemment, c’est exactement ce qui va arriver. Les américains, comme à leur habitude, ont sorti l’artillerie lourde. C’est puissant et bourrin à souhait : du hardcore dans toute sa splendeur. Du coup, le public s’en donne à cœur joie soulevant des nuées de poussière. Un set rondement mené qui n’aura laissé aucun répit à la foule qui en redemande, pogotant, sautant ou faisant tourner T-shirts et casquettes au-dessus des têtes. Une frénésie qui se répand jusqu’au fond de la fosse. Quelques bénévoles viendront même participer à la fête de l’autre côté des barrières d’enceinte. La reprise de Slayer “Ghosts Of War” judicieusement placée en milieu de set donnera lieu à un regain d’énergie. Les tubes s’enchainent. Pour le final ils assèneront le coup de grâce en balançant les deux bombes que sont “I Will Be Heard” (2002) et “Destroy Everything” (2006). Pour Hatebreed, Clisson était une étape de la gigantesque tournée débutée en avril dernier et qui devrait se prolonger jusqu’en novembre (l’occasion de fêter leurs 20 ans de carrière ?).

 

 

CLUTCH (Valley) – Renversant ! A n’en pas douter, le concert de Clutch fut l’un des meilleurs de cette édition 2014 ! Annulé en 2013 en raison du décès du père de Neil Fallon -ce qui donna place à un second set de DOWN– les quatre fantastiques sont bel et bien là en 2014. Retour sur un concert dantesque ! Acid King passé, la foule ne quitte pas pour autant la Valley. Attendre quatre-vingt-dix minutes pour se placer et pour assister au plus près à ce concert, tel était le credo des fans. Neil Fallon, Tim Sult, Dan Maines et Jean-Paul Gaster sont attendus de pied ferme. A peine leur arrivée effective sur scène, quatre accords font mouche et “The Mob Goes Wild” emporte sans attendre la foule. “The mob goes wild wild WILD” crie la Valley; un tel début… holy sh*t! Il n’empêche que la suite sera dans le même esprit. Titre éponyme et tiré de leur dernière galette, “Earth Rocker” ira de son uppercut musical également. Acclamé par les festivaliers, l’intensité continuera à grimper sur l’échelle de la clutchisation. Neil s’empare de sa guitare et “Gravel Road” nous emporte immédiatement; l’ambiance a beau être bluesy et southern, le pit est quant à lui puissant et agité. “The Regulator” ne régulera rien, bien au contraire et surtout pas les senteurs illicites qui envahissent la tente, ou plutôt l’aquarium. Le rythme sera tout de même plus posé et pour cause, ils sont également humains et un petit break leur fera le plus grand bien avant d’attaquer la seconde partie du show. Place sera ainsi faite à “Sidewinder”, un nouveau titre, qui va figurer sur le prochain album du groupe, attendu pour la fin de l’année ou début 2015, autant dire que l’impatience se fait déjà ressentir ! N’oublions pas pour autant leur dernier, et superbe, opus avec “D.C. Sound Attack”. Par la suite, le Hellfest aura le droit aux traditionnels “Bang Bang Bang Bang” et “Vamonos Vamonos” d'”Electric Worry” ! Tim, toujours dans son style si particulier -à la limite de la timidité- sert sur un plateau ses soli et ses riffs tandis que Neil harangue la foule avec toujours autant d’énergie et de rage. “One Eye Dollar” enchaine rapidement comme à son habitude et c’est enfin “The Wolf Man Kindly Requests…” du dernier album, qui met fin à une chaude, énergique, humide et groovy prestation ! Une setlist soigneusement établie qui tiendra les fans par les bouts des multitudes de barbes et touffes faciales aura été au centre de ce magnifique concert !

BRUTAL TRUTH (Altar) – S’il y avait bien un concert de cette édition 2014 du Hellfest à ne pas louper, c’était celui de Brutal Truth. En effet, nous aurons ce soir le privilège d’assister à l’un des derniers concerts des américains puisqu’après pratiquement vingt-quatre ans passés à œuvrer pour le grindcore, ils décident de raccrocher les instruments; c’est donc ce soir au jamais. Les fans l’ont bien compris et pendant que certains s’en donnent à cœur joie, d’autres savourent le moment. Malheureusement, le groupe pâtira d’un son assez déplorable qui ne lui rendra pas justice. C’est d’ailleurs tout à fait regrettable d’avoir un son pareil sachant que c’est la dernière fois que nous aurons l’occasion de voir le combo new-yorkais en live ! Heureusement il sera tout de même possible d’entendre leur discours très émouvant dans lequel Kevin Sharp, le chanteur, explique un peu son choix, remercie le Hellfest de les avoir accueillis plusieurs fois, puis il remercie le public d’avoir fait partie de sa vie. Adieu donc Brutal Truth.

 

 

COMEBACK KID (Warzone) – Sans doute l’une des grosses claques de cette deuxième journée de Hellfest. Une Warzone difficilement accessible car comme bien souvent le public stagnera à l’entrée plutôt que d’aller voir vers le fond s’il y a de la place, le soleil couchant, de la poussière encore de la poussière et surtout une grosse, très grosse ambiance pour accueillir les canadiens. Pendant une heure ils enchaineront leurs titres les plus accrocheurs transmettant leur énergie débordante au public. Une heure au bout de laquelle ils laisseront tout le monde sur les rotules.

 

 

ELUVEITIE (Temple) – Si l’on veut être sûr de faire la fête, c’est sans conteste avec Eluveitie du côté de la Temple qu’il faut être. Les bougres savent y faire pour retourner une fosse en deux coups de flutiau. Ok le public était visiblement conquis d’avance, mais tout de même ! Quel enthousiasme. Leur folk metal fait mouche à tous les coups. La foule compacte massée devant la scène et allant presque jusqu’à l’autre scène voisine, accueille chaque morceau par de puissantes acclamations. Pourtant, tout cela n’est rien à côté de l’accueil incroyable réservé à “Inis Mona” que Chrigel terminera en jouant sur un bouzouki prêté par Trollfest. Avant de lancer “A Rose For Epona”, Anna Murphy (vielliste) se moquera ouvertement de la décoration de la scène (surtout le 666) qui de son avis ne colle pas du tout à leur univers. En tout cas, une chose est sûre, avec Eluveitie, la sécu n’a pas chômé. Non seulement elle a dû faire face à une pluie de slammeurs, mais en plus elle a dû aller déloger quelques énergumènes qui n’avaient rien trouvé de mieux que de grimper sur les pilonnes soutenant la double tente. La foule est survoltée. Et quel moment mieux indiqué pour déclencher un wall of death que “Meet The Enemy” ? Nous aurons même droit à une nouvelle chanson extraite de l’album qui vient tout juste d’être enregistré “King”, accueillie avec tout autant de ferveur que les autres, avant de conclure, non sans avoir remercié tout le public, sur “Havoc” dans une ambiance de folie furieuse.

DEEP PURPLE (MainStage 02) – Dire que Deep Purple est une légende vivante ne serait qu’un doux euphémisme. C’est pourquoi de les voir jouer juste avant Avenged Sevenfold nous laisse un peu perplexe, ne serait-ce par rapport à la longévité dont ils font preuve. Mais bon il faut bien donner sa chance à du sang neuf, même si ce dernier plagie allégrement ses ainés… Oups, arrêtons d’être médisants et parlons de l’essentiel… Le concert tant attendu de Deep Purple ! L’intro de “Mars, The Bringer Of War” premier mouvement de “The Planets”, œuvre pour grand orchestre de Gustav Holst, résonne dans les enceintes. Telle une marche guerrière céleste, Deep Purple annonce sa venue sur scène pour une heure de pur hard rock. C’est avec le petit clin d’œil franchouillard dénommé “Après Vous” que les cinq britanniques envahissent la MainStage 02, avant d’enchainer très vite sur “Into The Fire”. Contrairement aux Status Quo, vu plus tôt dans la journée, les anciens hardos affichent les années au compteur, car malheureusement le temps a fait son œuvre, notamment pour Ian Gillan qui du haut de ses soixante-neuf printemps se montre un peu affaibli vocalement. On sentira par moment la difficulté qu’il a à interpréter les hits d’antan, pourtant porté par la foule qui le regarde religieusement. Certes, on sent le poids des années peser lourdement sur les frêles épaules des cinq musiciens, mais on sent surtout l’expérience qui parle et qui force le respect. On a plaisir à voir un groupe qui laisse exprimer ses instruments sur le moment présent, ces jams si rares aujourd’hui et qui pourtant apporte cette fraicheur et cette spontanéité si importante au rock n’roll ! Deep Purple a bel et bien adoucit le ton mais fait preuve du même groove et feeling qu’à ses débuts. Steve Morse, talentueux guitariste, fait participer le public en lui faisant répéter les mélodies alors que côté rythmique Ian Paice assure comme un chef, avec classe et retenue. Roger Glover, bassiste légendaire, aura également son moment de gloire lorsqu’en fin de set, après que Don Airey (claviers) se soit déchainé sur “Hush”, il partira dans une cavalcade de notes en guise d’introduction du titre final “Black Night”. Nous en sommes au deux tiers du set, lorsque le riff légendaire de “Smoke On The Water” retentit. Les voix, dans la plus grande communion, entonnent l’hymne intergénérationnelle. Et voilà comment on se retrouve trente ans en arrière lorsque jeune enfant nous empruntions les albums de notre papa pour écouter la musique qui jadis était considérée comme “diabolique” ! Deep Purple ou comment se prendre quarante ans d’histoire du rock dans la gueule. On peut juste se taire et apprécier le groove, l’ambiance des 70’s. C’est le sourire aux yeux, le visage épanoui que nous ressortirons de cette prestation. Deep Purple a mis la barre très haute avant l’investissement sur scène d’Aerosmith juste après.

AGAINST ME! (Warzone) – Un peu d’émotion dans ce monde de bisounours poilus, chevelus et tatoués n’a jamais fait de mal à personne. Et bien avec l’arrivée des américains emmenés par une Laura Jane Grace fascinante, de l’émotion, il y en aura ! Malgré un son relativement désagréable pendant tout le set, leur prestation sera à leur image : simple, authentique, avec beaucoup de pudeur et d’humilité. Malheureusement, la Warzone sera presque déserte pour assister à ce set, la faute à Aerosmith déjà installé sur scène principale. Qu’importe, nous on en aura bien profité !

 

 

AEROSMITH (MainStage 01) – Bien qu’officiellement ils ne fussent annoncés pour l’édition 2013, les superstars devaient bel et bien se produire lors de la huitième édition du Hellfest. 2014 est donc l’année du “rachat” pour Aerosmith qui arpente de nouveaux les routes européennes avec un charmant détour à Clisson. Date unique en France, les fans affluent en cette journée du samedi. Il faut dire qu’en plus des Deep Purple ou Status Quo, comment passer à côté des Toxic Twins pour le même prix ? Passer de Deep Purple à Aerosmith, on a vu pire pour une exceptionnelle journée/soirée. Avec quelques minutes de retard, l’introduction lancée, le groupe fait son apparition sur “Back In The Saddle”. L’occasion rêvée pour jauger la forme de Steven Tyler. Confirmation avec le célèbre “I’m baaaaaaaaaaaaack!”, sa voix tient la route les amis ! Bien qu’un nouvel album “Music From Another Dimension” est venu garnir leur immense discographie, seul deux titres de celui-ci seront interprétés. Steven Tyler, Joe Perry, Tom Hamilton, Brad Whitford et Joey Kramer ne cherchent plus à innover sur scène et le public ne s’attend à rien de nouveau d’ailleurs. Les occasions se feront de plus en plus rares pour assister à un concert des américains que les setlists best of seront accueillies à bras ouverts. Pendant près de deux heures, la machine de guerre va prendre chaque festivalier par le col et lui infliger une multitude de claques musicales. “Eat The Rich”, “Love In An Elevator”, “Livin’ On The Edge”, les tubes vont s’enchainer à vitesse grand V. Les midtempo et ballades seront bien évidemment de la partie avec entre autre “Cryin'”, “Last Child” et “I Don’t Wanna Miss A Thing”. Les rocky bluesy “Yeah”, “Same Old Song And Dance”, “No More No More” feront la part belle aux différentes sonorités et styles qui font d’Aerosmith le groupe qu’il est aujourd’hui. Le combo déroule, le show est réglé avec précision, laissant très peu de place aux imprévus. Les interventions de Steven seront d’ailleurs rares mais simples, le plus important étant la musique ! Celui-ci sera d’ailleurs en très grande forme, se dandinant sur la rampe ou sur les côtés de scène, tout comme Joe qui le suivra sur ces escapades. Le reste de la formation sera plus statique -on va dire que c’est normal pour Joey n’est-ce pas ?- mais assure toujours autant. Perry donnera de sa personne sur “Freedom Fighter”, montrant qu’il n’est pas un simple guitariste soliste. Les pistes s’enchainent et les cinq derniers morceaux, passé la reprise de “Come Together”, vont permettre au concert de terminer en apothéose. “Dude (Looks Like A Lady)”, le planétaire “Walk This Way” et “Mama Kin” mènent vers le rappel. Quant à lui, il sera initié par LA ballade made in Boston à savoir “Dream On” avec Steven au piano, of course my dear. Enfin, “Sweet Emotion” résumera le sentiment général de cet extraordinaire concert. Le Hellfest aura passé là une folle soirée, aura dansé sur des tubes intergalactiques et aura été pris de quelques larmes -de joie, rassurez-vous. Un vent de nostalgie souffle sur cette édition. Après les tubes de Maiden la veille, place était donnée à ceux d’Aerosmith, sacré cuvée 2014 ! Le groupe n’aura également pas oublié de souhaiter un joyeux anniversaire à Joey, qui fêtait ce soir ses soixante-quatre printemps ! La fête aura été totale.

PHILIP H. ANSELMO & THE ILLEGALS (Valley) – Pendant que certains de nos collègues s’évertuent à s’époumoner sur les classiques d’Aerosmith, nous décidons de quitter ce concert, oh combien prometteur, pour nous diriger sous la Valley, lieu où Phil Anselmo accompagné des Illegals va se produire d’ici peu. Il nous avait promis de belles surprises, et bien on peut dire que nous avons été gâtés. D’entrée de jeu, le frontman barbu nous lâche un “Hellbound”, reprise de Pantera, dantesque. Il n’en faudra pas moins pour que le public s’époumone et vole littéralement en éclats. Des chaussures d’un côté, une mâchoire de l’autre… “Si vous connaissez les paroles, aidez-moi, je galère”, prévient Sir Anselmo avant de lancer un “Betrayal” rageur à souhait. Effectivement à force d’excès sa voix n’est pas au beau fixe, mais l’intention comblera cette défaillance. Après quelques titres de tour de chaud, ça va nettement mieux, et le concert monte crescendo en intensité. Les américains ont tant d’énergie qu’ils pourraient réveiller des morts. Parfait, c’est exactement ce qu’on avait besoin en cette fin de deuxième journée tant la fatigue se fait durement ressentir. Toujours très (trop) bavard et aviné, un peu trop également, Phil sait motiver les troupes et ce soir, en plus de ses nombreuses interactions avec le public, il a choisi la setlist parfaite pour donner une bonne leçon de metal, certes brute mais aussi terriblement groovy. Dans une colère implacable, il enchaine avec une violence inouïe des titres qui rendraient n’importe quel fan de Pantera jaloux de ne pas être parmi nous, avec notamment l’interprétation de “Death Rattle” (reprise de Pantera), “Fuck Your Enemy” et “Waiting For The Turning Point” (reprises de Superjoint Ritual). La moitié des compositions interprétées ce soir proviennent de ses précédents groupes, Pantera et Superjoint Ritual, et l’autre de son premier album solo avec les Illegals (“Battalion Of Zero”, “Bedridden”, “Walk Through Exits Only”, “Irrelevant Walls And Computer Screens”). Durant plus d’une heure, nous assistons à la prestation la plus violente et sans concession qu’il nous ait été donné de voir depuis deux jours, si bien qu’on se surprend à se dire qu’elle aurait pu se dérouler sur la Warzone tant la décharge d’agressivité est palpable. Après ce grand déballage de puissance, le groupe termine sur un double uppercut avec une reprise d’Agnostic Front “United & Strong”, suivi d’un “A New Level” (Pantera) apocalyptique. Une prestation mémorable qui laissera un souvenir indélébile chez les fans qui grâce à ce moment de grâce ont touché du doigt, telle une réminiscence inespérée, ce qu’était il y a vingt ans une prestation des haut combien regrettés Pantera.

 

 

GORGOROTH (Temple) – Sur scène tout est fait pour faire ressortir le côté sombre et satanique : l’énorme 666 en néons rouges, le “Hell” lui aussi en néons rouges au fond de la scène. Après s’être fait attendre, le combo débarque au son de la “Marche Funèbre”. Nous retrouvons Hoest (Taake) au chant. Les maquillages dégoulinants et les pointes en fer sont de sortie. Boddel, le bassiste, en a fait des tonnes au niveau du maquillage. Les tours de ses yeux peinturlurés de noir tout en rond contrastent exagérément par rapport à son visage tout blanc et lui donne l’air d’avoir deux cocards. Le rendu plutôt comique n’est certainement pas celui escompté. Nous aurons droit au même show qu’au Divan Du Monde le premier avril dernier. Les mêmes lumières rouges et une surabondance de fumigènes masquent totalement la scène par moment. Mis à part ces détails, Gorgoroth a assuré le show, et Hoerst n’y est pas étranger. Il a su instaurer une ambiance aussi sombre que malsaine et imposer un jeu de scène plus mobile celui de Pest. Du coup, l’on en vient à se dire que le groupe n’y a pas perdu au change.

 

 

MILLENCOLIN (Warzone) – Passé le show de la MS1 et tandis qu’Avenged Sevenfold s’empare de la seconde MS, une petite visite s’impose du côté de la Warzone pour apercevoir quelques suédois. Amateur de Tony Hawk Pro Skater 2, les voici les voilà : Millencolin ! Les pop/punk/skate rockeurs vont animer les débats dans la joie et la bonne humeur en servant un rapide set de dix-huit titres. Rapide ? En effet, ne disposant que d’une heure de jeu, les titres vont s’enchainer sur un rythme effréné tenant en haleine le public qui brave la fatigue et la soif ! Les albums “Home From Home” (2002) et “Pennybridge Pionners” (2000) seront d’ailleurs fortement mis à contribution. “Knowledge” d’Operation Ivy mettra un point final à une prestation énergique et joyeuse : une parfaite fin de soirée.

 

 

Une nouvelle journée marquée par une météo fabuleuse –mais bougrement chaude- se termine. Les différents groupes ont une fois de plus ravis les festivaliers au travers des six différentes scènes. Malheureusement, il ne reste plus qu’un petit jour et cette incroyable édition va se terminer, profitons, vite !

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