“La la la”, trois notes de musique à l’origine du nom de ce nouveau festival. Détail que ne manqueront pas de souligner plusieurs artistes, s’amusant avec le public du nom de l’évènement. C’est le site www.vente-privée.com qui est à l’origine de cet évènement qui se veut principalement acoustique. La formule “unplugged”, ou débranchée, a connu ses heures de gloire pendant les années 90 avec les fameuses sessions “MTV Unplugged”. Pendant trois jours, les artistes se succèdent sur la scène du Théâtre De Paris, racheté il y a un an et demi par vente-privée.com, pour livrer un concert original, intimiste et proche du public. La salle n’accueillant que 1100 spectateurs, on est bien loin des festivals de plein air devant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Les mots d’ordre ici sont proximité et simplicité.
ARTHUR H – C’est le français Arthur H. qui a eu la lourde tâche d’ouvrir la toute première édition du Lalala Unplugged Festival en présence de Jacques-Antoine Granjon, PDG et fondateur de vente-privée.com. Seul en scène avec son piano, Arthur H livre, avec sa voix rauque et un peu cassée, sa poésie à un public parisien très réceptif, sage et attentif, dans une mise en scène simple. Une couleur de lumière par chanson, pas plus. Pendant un peu moins d’une heure, Arthur H chante une dizaine de titres. Mêlant anciennes chansons et nouveautés, il offre au public plusieurs titres inédits, qu’il n’a encore jamais interprétés sur scène dont “Une Femme Qui Pleure” et “La Ballade Des Clandestins”, qui figureront dans son prochain album, “Soleil Dedans”, qui paraitra le 22 septembre prochain. Arthur H commence son set avec une veste bordeaux qu’il ôte pour interpréter “Mon Nom Est Kevin B” dévoilant un marcel rouge. Il plaisante longuement sur sa première scène en marcel qu’il est en train de réaliser. Très enclin à la blague, Arthur H est le premier à se moquer du festival : “la la la sonne mieux que ré ré ré”. Il jouera au piano les trois notes à chaque fois qu’il parlera du festival. Pour justifier l’absence de musiciens sur scène avec lui, il avance le manque d’argent du festival débutant avec beaucoup d’ironie. D’ailleurs, pour pallier le manque de musicien, il sort son iPhone sur lequel il a enregistré un beat remplaçant une batterie électronique pour deux titres. L’ingénieux fils Higelin a même installé des pinces à linge sur les cordes de son piano afin de tirer une nouvelle sonorité de son instrument pour “Raissa”. C’est sous une standing ovation qu’il quitte la scène.
BERNHOFT – Bernhoft est un orchestre à lui tout seul. Sur sa petite estrade posée sur la scène, il est entouré de tout un tas d’instruments de musique dont il va se servir avec talent. Le chanteur et musicien norvégien utilisera un looper sampler tout au long de sa prestation. C’est un petit appareil qui permet à un musicien d’enregistrer un ou plusieurs sons puis de les rediffuser en boucle. Au début de chaque chanson, Bernhoft enregistre un ou plusieurs petits rythmes avec sa guitare ou même des chœurs avec sa voix qu’il diffusera ensuite en boucle pour être libre de jouer et chanter autre chose sur cette bande sonore. Par moment, Bernhoft enchaine si rapidement ses titres que le public n’a même pas le temps d’applaudir. Le multi-instrumentiste maîtrise parfaitement tous ces instruments, tapant parfois sur sa guitare à l’envers, la transformant en percussion. Mais le plus époustouflant c’est lorsqu’il arrive à produire un son cosmique simplement en jouant de la guitare, d’une façon si particulière. Vers la fin de son set, Bernhoft sort sa “travel guitar”, une gratte si petite mais qui produit un très joli son électrique. La belle et puissante voix de Bernhoft a su charmer le public. Aigue, elle sait monter très haut. Derrière lui, des images défilent projetées sur un rideau noir. Tantôt des nuages, tantôt de l’eau, tantôt son image. Bernhoft livre un magnifique show bercé de lumières et rythmé par sa maîtrise de la musique.
KEZIAH JONES – Après une demi-heure de changement de plateau, Keziah Jones apparait, coiffé de son légendaire chapeau. Il teste sa guitare, qui avait déjà été longuement accordée et testée par un technicien, puis salue le public. Avant de commencer à chanter, il fait part de son plaisir de revenir à la simplicité guitare/voix alors qu’il est en pleine tournée. Assis sur un banc, l’artiste nigérian enchaine des titres courts et qui s’arrêtent net en changeant de guitare pour chaque chanson. Mais le malchanceux Keziah Jones casse une corde de guitare lorsqu’il entame son troisième titre. Qu’à cela ne tienne, il change de chanson et le reprendra vers la fin lorsqu’il sa guitare aura été réparée. “Inside Out And Upside Down”, “Guitar In The River” ou encore “Million Miles From Home” sont autant de titres que le public connait et reprend avec lui. Mais ce soir Keziah Jones ne semble pas vraiment dans son assiette. Il assure le show en grand professionnel qu’il est, mais s’éclipse très vite après sa dernière chanson, “Kpafuca”, un morceau très rythmé sur son pays d’origine, le Nigéria.
Cette soirée d’ouverture, qui affichait complet, de la toute première édition du Lalala Unplugged Festival a tenu ses promesses : de l’acoustique, de l’émotion, de la proximité entre artistes et public en toute simplicité. Bernhoft, Keziah Jones et Arthur H ont livré des shows qui ont su ravir le public.