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LE CABARET VERT 2015 – Jour 1 (20/08/15)

Et si on allait faire un tour dans les Ardennes ? Voilà la question que votre webzine préféré s’est posée il y a quelques mois. La rencontre express avec Christian Allex au mois de juin nous a convaincu pour de bon. Nous voilà donc à Charleville-Mézières (08), plus précisément au Square Bayard où a lieu les 20, 21, 22 et 23 août le plus gros événement de cette région de l’est français où les paysages oscillent entre vaches, chevaux et tracteurs. De la bonne musique, de la bonne bouffe, de la bonne boisson, et bien plus encore… Bienvenue au Cabaret Vert, 11ème cru (qui l’eût cru ?) !

Arrivé tôt sur les lieux, partons à la découverte du site. Ce dernier possède trois scènes : la scène Les Illuminations, proche de l’entrée principale et située sur la Plaine De La Macérienne, suivie à quelques mètres de là de la scène Le Temps Des Cerises, un espace où se produisent des artistes reggae mais pas que, et enfin la scène principale, la plus grande de toutes : la scène Zanzibar au niveau du Stade Bayard et du Square Alternatif. A noter que chaque scène est entouré de stands de restauration, de buvettes mais aussi de divers services.

Il y a également une scène Arts De Rue & Le Temps Des Freaks au Square Bayard, un salon BD, le Chapiteau Aux Images diffusant des courts métrages, et le Village Associatif où sont représentées près de cinquante associations locales, nationales, mais aussi internationales. Toutes portent sur des thématiques environnementales, sociales, culturelles et humanitaires sur un espace de 1000m2 (Sea Shepherd, SOS Racisme…).

Sans oublier, évidemment, des fameuses toilettes sèches, typique du Cab’, festival écolo oblige. Ces urinoirs fabriqués via des gros tuyau dans lequel un trou a été percé pour l’évacuation (pour les hommes) et des cabines en préfabriqué dont les festivalières doivent déposer de la sciure après chaque utilisation. Concept écologique, présent dans de plus en plus de festivals. Une sacrée expérience à vivre… ou pas !

Les présentations faites, ce qui nous intéresse principalement, c’est évidemment la programmation musicale mêlant rock, électro ou encore chanson française :

SLAVES (Scène Zanzibar) – Notre rodeo trip ardennais débute avec le punk rock de Slaves à 18h25. Sur scène, le backdrop représente deux caniches sur fond rose et chaque lettre composant le nom du groupe anglais est inscrit sur des pylônes. Un set tout en douceur ? Que nenni ! Bien au contraire, le duo chant/guitare et chant/batterie (du moins, caisse et deux cymbales), réuni au centre de la grande scène, propose un set enragé et viscéral, tels deux bêtes aux voix enraillées. Ces dernières, à la fois chantées et parlées, rappellent Johnny Rotten, le tout parsemé d’une excellente communication avec le public, et cela au minimum dans la langue de Molière ! Lunettes de soleil, crâne rasé de près et tatouages, le look d’Isaac Holman et Laurie Vincent reflète parfaitement cet esprit sauvage et revendicatif à la Sex Pistols de ce set passant à vitesse effrénée. Les morceaux, assez courts, punk oblige, sont pour la plupart issus du premier album “Are You Satisfied?” quasiment joué dans son intégralité. C’est raw as fuck, comme on dit dans le pays de ces natifs du Kent. Le public, conquis, aura l’impression d’être dans un club underground de Londres jouant très fort et verra naître les premiers pogos et mouvements de foule du Cabaret Vert. Ça décrasse la cacasse (à-cul-nu) comme on dirait ici dans les Ardennes. Punk’s not dead!

 

 

SON LUX (Scène Les Illuminations) – Après s’être rassasié avec une bonne assiste de sanglier qui tient bien au corps, on est fin prêt pour Son Lux aux Illuminations. 19h30 pile à l’heure. L’intro instrumentale débute, suivie des frappes du batteur et l’arrivée du trio au look nerdy. Dès le début du premier morceau, un problème technique survient, la voix du frontman Ryan Lott est si faible qu’elle peine à se faire entendre. Un souci réglé en quelques secondes sous le signe de victoire du chanteur binoclard. Tantôt électro, tantôt pop, tantôt hip hop, le poing en l’air, Son Lux, également derrière ses machines, instaurera une ambiance planante, l’odeur de chanvre émanant de la fosse ne ment jamais, comme sur l’entêtant et hypnotique “Easy”. Certes, comparé à Slaves, le set, aux sonorités modernes, est bien calme sur la longueur, mais il plait à la foule, qui se met même à danser. Musicalement, c’est pas mal de déjà vu et de déjà entendu, rien de transcendant.

 

 

ETIENNE DAHO – (Scène Zanzibar) – 20h20, l’heure est à la galette à suc’ pour un Bayard en guise de dessert, alors tous les festivaliers se ruent vers la grande scène pour l’une des têtes d’affiche de cette première journée. Le fond de scène est constitué d’un écran, formé par cinq bandes verticales, diffusant tout au long du concert des animations diverses et variées. En véritable dandy, Etienne Daho, cheveux poivre et sel, lunettes sombres (qu’il n’enlèvera qu’à vingt minutes avant la fin du set) et chemise de cowboy noire, semble avoir pris un sacré coup de vieux. Fort heureusement, dès les premières notes de “Satori Pop Century”, la voix, reconnaissable entre mille, retrouve instantanément son innocence pour l’un des monuments de la pop francophone qui revient de loin. Malgré son âge, Daho a conservé sa classe et son charisme d’antan. Comment ne pas ressentir de la nostalgie en écoutant des tubes intergénérationnels comme “Weekend A Rome”, “Comme Un Boomerang”, “Tombé Pour La France”, “Duel Au Soleil” ou encore “Le Premier Jour (Du Reste De Ta Vie)” ? A noter que tous ces hits, parfois pop, rock, voire new wave, ont été réarrangés en live, les modernisant pour être dans l’air du temps. Il y aura même un slam sur du Daho, il n’y a qu’au Cab’ pour voir cela !

CHRISTINE AND THE QUEENS (Scène Zanzibar) – Les 17 000 festivaliers du Square Bayard affluent vers la grande scène pour la tête d’affiche de ce jeudi. La pelouse est noire de monde. Comme toujours depuis le début du festival, les lumières s’éteignent à l’heure prévue. L’intro est éclairée depuis le sol, deux danseurs, figés, entourent Christine, entamant “Starshipper”, seulement éclairée de quelques spots. L’une des artistes les plus présentes sur les festivals de cet été, nous gratifiera d’une performance vocale et chorégraphique, minimaliste et millimétrée comme à l’accoutumée. “Ce soir, ce sera une zone libre, une zone d’expérimentation, j’ai décidé d’être une vieille rockstar”.

Le groupe électro pop qui pourrait être rebaptisé “Christine And The Tomatoes” pour l’occasion. Heloïse Letissier, à l’état civil, recevra plusieurs tomates lancées depuis la fosse, notamment sur le single “Christine”. Certes, cette jeune femme a quelque chose, tout aussi attirant que détestable (son accent anglais ou ses paroles incompréhensibles mêlant langue de Molière et langue de Shakespeare ?). Il est vrai que Christine And The Queens est surmédiatisée depuis son sacre aux Victoires De La Musique 2014 grâce à son album “Chaleur Humaine”. Passages radio à gogo, disque d’or, Olympia, mais est-ce pour autant qu’il faut manquer de respect à une artiste de la sorte ? En vrai pro et ne perdant pas pour autant son trait d’humour, elle répondra même avec le sourire : “C’est mon fruit préféré !” Malheureusement depuis ces incidents, l’ambiance, ayant pourtant bien démarré en début de set, se détériorera progressivement suite à cette double perturbation, indépendante de la volonté de Christine…

 

 

Alors que PAUL KALKBRENNER subira une coupure de courant en fin de set sur la grande scène, les amateurs de rock s’enjailleront sur le rock du nouveau projet de Ty Segall, FUZZ, sur la scène Les Illuminations. Les festivités continueront jusqu’à tard dans la nuit avec le dubstep de GRAMMATIK pour les plus fêtards. C’est ainsi que s’achève cette première petite journée, mais ce n’est que le début !

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife