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LE ROCK DANS TOUS SES ETATS 2013 – Jour 2 (29/06/13)

C’est à 15 heures que la deuxième journée du festival du Rock Dans Tous Ses Etats ouvre ses portes. L’attente depuis le réveil matinal se fait sous un soleil presque agressant, tant notre peau en avait oubliée la couleur; les festivaliers lézardent patiemment sur le site du camping, le transformant en joyeux jardin de calme et de tranquillité à la suite d’une nuit festive sans fin.

 


Comme il est de coutume dans le festival d’Evreux, le premier groupe qui ouvre la journée se produit sur la petite scène de la Gonzomobile. Ce sont les parisiens de BALINGER qui enchaînent avec cette deuxième et déjà dernière journée du festival en tentant de remettre sur pied les courageux suffisamment motivés pour venir dès la première heure. Le chant de Jim Rosemberg prend sa singularité avec une voix puissante, à l’aspect folk nasillarde et poétique. Le combo, en guise d’avant dernier morceau, offre une reprise du récemment mythique Sixto Rodriguez, “Rich Folks Hoax”. Une chanson dont ils expliquent être récemment tombés amoureux après avoir visionnés le documentaire sur le mystérieux homme, “Searching For Sugar Man”. Les spectateurs sont majoritairement installés assis par terre et écoutent avec douceur le son heavy pop des quatre musiciens qui viennent de sortir leur premier EP, et dont le show est bien assuré, livrant une musique riche en émotion.

 


Tout en cultivant la diversité des genres présents au festival, à coté de cette échappée bucolique, deux gars s’activent sur la scène A à coup d’électro rock, ce sont les DEAD ROCK MACHINE. Quelques minutes après, ce sont SCHOOL IS COOL et BURNIE & SON BATARD qui les succéderont respectivement sur la scène B et sur la Gonzomobile comme la veille.

 

 

Plus tard, les français de PONI HOAX viendront défendre leur dernier album “A State Of War”. Malgré un concert respectable et un engoûement certain de la part du public qui reste parsemé, la prestation du groupe est entravée par quelques soucis techniques. C’est en plein milieu d’une de leur chanson que les français subissent les aléas sonores du festival à la suite d’une rupture de courant qui mettra plusieurs longues et pénibles minutes à être réparée, laissant la formation dans un certain néant sonore. Un évènement regrettable qui ne sera pas sans déstabiliser le groupe qui peine alors à reprendre le fil de leur set.

 


Petit tour pour WAVE MACHINES sur la scène B avant un changement vers la Gonzomobile et voilà que le Rock Dans Tous Ses Etats prend toute sa dimension garage je m’enfoutiste avec les rouennais de LASCAUX pour la seconde fois du week-end. Avec un synthétiseur, une basse, une guitare, une batterie et un chanteur dont l’attitude est à la croisée d’un Julian Casablancas et de l’égo d’un Liam Gallagher, l’indie rock du groupe suggère que l’esprit rock français n’est pas tout à fait inexistant et que certains groupes bien prometteurs sont prêts à l’imposer s’il le faut.

 


Après AUFGANG et JIL IS LUCKY, place aux américains de THE BLACK ANGELS sur la scène A. Originaire d’Austin et formé depuis 2004, le groupe vient défendre son dernier opus nommé “Indigo Meadow”. Entre 20h et 21h, les spectateurs assistent à l’explosion psychédélique du groupe qui assène le pit de riffs de guitare grinçants et d’une énergie à hauteur d’espérance. Des texans en pleine forme qui affirment le plaisir de bénéficier de leur prestation dans ce petit festival presque intimiste.

 


Après avoir vécu la hargne des américains de Dope D.O.D. la veille, le rap abrasif des masqués de STUPEFLIP prend place sur la scène B. Avec treize ans d’activité dans les jambes, le groupe vient agiter le public au son de leur flow alliant punk rock et rap, menant les festivaliers dans des danses, entre hip hop et pogo.

 


A la suite de ce show détonnant, il suffit de patienter quelques minutes et de se déplacer de quelques dizaines de mètres pour changer d’ambiance et apaiser les moeurs. Pour calmer les esprits et faire battre les coeurs, ce sont les londoniens de ARCHIVE qui, dans la beauté de la nuit, submergent le festival de leur rock progressif. Comme un calme avant la tempête, le festival se téléporte en dehors du temps au détour de “You Make Me Feel” et autres beautés sonores du groupe.

 


Alors que CHRISTINE se produit sur la Gonzomobile, l’effervescence augmente à l’approche de l’heure 23. Un échauffement musculaire s’impose, le concert qui arrive demande une préparation physique et biologique. La moitié des spectateurs est déjà postée devant la scène B depuis une bonne heure, et l’autre se prépare dans les douceurs de l’alcool et autres produits illicites. Sans laisser planer le mystère trop longtemps, les festivaliers ne semblent avoir que ce nom de groupe à la bouche : DIE ANTWOORD. Marquant une des plus grandes attentes de cette surprenante 30ème édition, les énervés sud-africains débarquent sur le continent européen. A l’aide de leur hip hop “Zef” dérangeant, le duo fait apprécier parfois la même sensation que d’avaler de travers une bonne poignée de petites pilules roses, si ce n’est pas déjà fait. Des projections d’images perturbantes et explicitement sexuelles viennent illustrer le rap à couper au couteau de Ninja et le flow inépuisable de Yo Landi. Un show survolté animé par deux protagonistes détraqués qui passent leur temps à parcourir la scène d’un bout à l’autre et à sauter dans tous les sens, sans oublier de finir en caleçon Pink Floyd pour Ninja, histoire de ne pas manquer à leur image.

 


Avec tous ses artistes hip hop, rap et folk, on pourrait parfois en oublier la véritable dénomination du festival qui souligne un penchant particulier pour le rock. Un fait que vient rappeler le concert des inépuisables AIRBOURNE, prêts à électriser le festival avec leur son hard rock stadium. Malgré l’impression que les sud-africains de Die Antwoord ont fait de l’ombre au groupe tête d’affiche, les rockeurs australiens assurent un concert solide, tout en sueur et intéractif avec le public. Airbourne se régale avec quelques dédicaces rock n’roll, comme la rapide reprise de “(I Can’t Get No) Satisfaction” des Rolling Stones esquissée par Joel O’Keeffe, et d’un “Too Much Too Young” diabolique et déterminé. Un son à la AC/DC qui fouette, des riffs de guitares brûlants qui ne manquent pas de les identifier comme les maîtres du rock dans ce festival.

 


La dernière splendeur auditive sera RONE. Jeune trentenaire parisienne, Erwan Castex laisse l’assemblée dans l’hypnotisme de sa musique électro planante et absorbante qui vient bercer avec délectation les oreilles des spectateurs en grande partie sous MD.

 


C’est ainsi en pleine extase auditive que l’évènement tire sa révérence, nous laissant en tant qu’acouphène la démence de Die Antwoord et l’énergie détonnante d’Airbourne. L’ambiance aura été au rendez-vous tout au long de ces deux jours de festivités festivaliennes, ou de cette journée de 48 heures selon les points de vues. Le festival d’Evreux aura accueilli cette année plus de 24 000 mordus de musique dans tous leurs états, plus que l’année dernière et on espère voir la tribu s’agrandir dans les années à venir; de quoi donner l’envie de revenir !

Crédit photos : Robert Gil

 

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