Le second jour de festival sera littéralement l’inverse du premier. Nous réveillant sous un soleil presque agressant et brûlant, la pluie usante fera son entrée en scène dès le midi et en sortira en même temps que les derniers artistes.
HILL VALLEY (Scène G) – Avec un nouvel EP disponible nommé “Exposed”, ce sont les français de Hill Valley qui ouvrent la seconde journée sur la scène Gonzomobil, comme de coutume. Les sonorités indie pop du groupe de Clermont Ferrand sonnent comme du déjà entendu, en tendant vers un rock indé proche de celui de Foals. Et pourtant, ce groupe en a acquis de l’expérience après un Olympia avec Fall Out Boy, un Zenith parisien avec les Babyshambles ou encore un Nouveau Casino au côté des anglais de Natives. Cependant, cette formation française semble malgré tout se mordre la queue musicalement parlant avec une présence parfois trop euphorique.
MARS RED SKY (Scène A) – Avec le temps pluvieux dans lequel nous entraîne ce deuxième jour, c’est avec le stoner psychédélique de Mars Red Sky qu’éclate notre bonne humeur à 16h30 sur la scène principale. Devant un public peu nombreux (quel désespoir !), les français accentuent leur set sous l’égide du dernier album, “Stranded In Arcadia” et leur ancien opus pour les plus aficionados des fans. Le chant vient se poser comme un oracle sur l’écrasement instrumental de leur imposant son, où la basse assure des lignes lentes, la batterie se fait battante et la guitare nous donne des solos intenses. Un véritable plus qui procure une sensation de complémentarité entre le chanteur et ses collègues.
TRAMPOLENE (Scène A) – Pendant que PRIMAL AGE relance une nouvelle fois un pit sur la scène de la Gonzomobil, c’est bien Trampolene qui retiendra notre attention. Se plaçant sur la scène A à 17h45 et originaire du Pays de Galles, l’usage d’une voix dédaigneuse et vomissante au timbre Liam Gallagher ménage une musique garage rock alternatif bien trempée, avec un tempérament un peu noisy, de quoi rendre d’accord les fans de punk et de rock anglais.
ALB (Scène B) – Par la suite, le duo de ALB s’empare de la scène B pour envahir le festival de sa musique pop folk électro. Après avoir tourné avec Yuksek et produit un titre comme “Golden Chains”, qui a envahi les ondes du monde entier, l’hyperactif de l’électronique a fait le choix du duo : synthétiseurs et batterie se retrouvent face à face sur scène pour nous donner une musique passant de la progressif à la pop. Bien sur, le single “Whispers Under The Moonlight” lancera une joie communicative et puissante, parfaite en ce temps bien trop maussade !
METRO VERLAINE (Scène G) – Metro Verlaine assure, de son coté sur la scène Gonzomobil, avec son indie rock à tendances garage. Avec une guitare crachante à souhait, la chanteuse maîtrise une voix physique et forte qui mérite des félicitations… vite retenus par une prestation sobre et légèrement vide. Une prochaine fois, on l’espère !
PETER VON POEHL (Scène A) – C’est à 19h00 que la douce musique de Peter Von Poehl se pose sur la scène A. Ayant assuré les premières parties de Phoenix ou encore Air, le suédois avoue une véritable attirance française et nous charme avec sa musique légère et sentimentale ainsi que sa voix à la sensibilité frissonnante. De la délicatesse d’une guitare acoustique à des arrangements musicaux élaborés qui sonnent simple et fin, sa musique intime ne nous est dévoilée que rarement et le temps grisâtre du festival se prête à l’ambiance en renforçant une certaine mélancolie délectable. Encore, encore et encore !
DORIAN’S GRACE (Scène G) – Le quintette Dorian’s Grace investit la Gonzomobil et nous donne un rock à l’instrumentation “loud” parcourue par une voix qui passe de la sobriété à l’enragement en quelques secondes. C’est de la musique mélodique et sauvage de deux guitares, d’une basse et d’une batterie que résultent des riffs rock alternatifs fracassants, ajoutés à une prestation tout aussi déchaînée, vigoureuse et bien carré. Un bon exemple à prendre pour les groupes français avides de conseil.
GIRLS IN HAWAII (Scène B) – A 21h30, l’apaisement sonore de la musique de Girls In Hawaii est diffusé depuis la scène B. Le groupe, originaire de Belgique, revenu sur scène en 2012, après deux ans de tragique silence, nous offre une prestation convaincante et réjouissante.
FOR THE HACKERS (Scène G) – De l’autre bout du site, l’indie pop de For The Hackers fait le spectacle de quelques personnes, dans un espace plutôt dégarni de population (et pourtant, il y en avait du monde 23 000 personnes !). La musique dance rock du groupe français a le mérite de chanter dans sa langue mais voudrait trop sonner anglais et surproduit, ce qui produit un ensemble déjà entendu avec un jeu de scène énergique et enjoué, bien trop commun de la scène pop actuelle ! Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
INTERPOL (Scène A) – C’est face à une fosse pas conséquente qu’Interpol se présente à 22h30 avec “Say Hello To The Angels”. Le public a le mérite d’être réactif, le devant de la scène ne cessant de remuer, bien plus que sur les autres petites scènes. Le post punk de la formation, avec sa sensibilité froide de coldwave, nous sert un bon “fan service” avec des titres majeurs comme “Evil”; qui envahit le site de sa rigidité, ou encore “C’mere”. L’éclairage bleuté, la voix d’acier austère, les guitares glacières et mélodiques, ajoutée à une ligne de basse bourrue, et une batterie aseptisée, nous insufflent une heure de concert stupéfiant.
VUNDABAR (Scène G) – Vundabar se cache derrière le show des américains d’Interpol. Avec des guitares qui empreintent des sonorités country rock et blues, les jeunes américains du Massachusetts produisent un nerd rock dansant, léger et naïf qui ne peut faire de mal à personne, reposant après la furie de la grande scène.
MASSIVE ATTACK (Scène A) – Massive Attack sonne le gong de ce second jour. En route depuis 1988, et avec le dernier album “Heligoland” qui date de 2010, les britanniques nous donnent un concert à l’avis mitigé. Le groupe de trip pop arrive bien en retard sur scène, ce qui l’empêche de faire les 1h10 de show prévu et donc de finir le set. La formation quitte même la scène sans un “au revoir”, laissant un public hébété, déçu et dans le questionnement. Par ailleurs, la prestation donnée par les anglais est assez impersonnelle : la musique est là, certes, mais le groupe ne donne rien et se voit coupé par de multiple problèmes de son. Pour ne pas rester sur leur faim, certains se rallieront à la scène B pour se consoler dans l’électro de DELTRON 3000 et clore cette édition 2014 dans les confettis.
L’édition 2014 du festival d’Evreux se clôt dans la festivité, comme la tradition le veut, malgré un second jour plus morose. Le Rock Dans Tous Ses Etats aura accueilli cette année, pour sa 31ème édition, 23 000 festivaliers assoiffés de toutes sortes de sonorités rock et de leurs dérivées, sans tomber dans un excès électro, contradictoire au nom du festival. A l’année prochaine !