Deux ans et demi après son dernier passage dans la capitale, la chanteuse canadienne Lights investissait La Maroquinerie de la Rue Boyer dans le cadre de la tournée défendant son dernier album “Little Machines”. Le public s’est présenté tôt et en masse à l’entrée de la salle pour profiter des hits électro pop de la compagne de Beau Bokan. Alors, est-elle aussi talentueuse que jolie ?
Pour beaucoup, Lights c’est les featuring avec Bring Me The Horizon, l’épouse de Beau Bokan de Blessthefall et donc, une certaine idée du fantasme de la petite amie parfaite pour qui aime les scènes alternatives. Mais c’est également une artiste à part entière : trois albums au compteur, dont le petit dernier “Little Machines” a déjà rencontré un succès certain outre-Atlantique. Etonnamment l’audience de ce soir est beaucoup plus “neutre” que ce qu’on pourrait imaginer. Ce ne sont pas les fans des groupes précédemment cités qui viennent par transfert d’intérêt, mais bel et bien une assemblée présente pour la chanteuse, et uniquement elle.
En première partie, il s’agit de K-FLAY. Duo chant/rap féminin-batterie, le tout sur des samples très orientés électro. Si le scepticisme envahit la salle lors de la première chanson, la crainte se dissipe très rapidement et on rentre tout aussi vite dans l’univers de la jeune chanteuse. Ses couplets, la plupart du temps rappés, sont très bien exécutés et présentent un flow diversifié et peu redondant, les refrains sont catchy à souhait, énormément aidés par de nombreux samples et effets. Derrière, la rythmique est très solide et groovy à souhait, assurée par un batteur impassible mais supportant à merveille le reste de l’ambiance musicale. Le duo chauffe petit à petit la salle et rencontre un succès plutôt probant. L’apparition de Beau Bokan pour chanter un des refrains du groupe donne cet aspect bonus qui véhicule un très bonne ambiance dans la salle. Ce n’était pas gagné tant la formule pouvait paraître risquée, mais il faut souligner que l’intégrité et le talent des musiciens auront eu raison des plus sceptiques !
Après vingt bonnes minutes d’entracte, la salle s’éteint et l’hystérie envahit enfin les rangs. LIGHTS apparait sur scène en même temps que ses musiciens et entame un “Muscle Memory” bien plus pêchu que sa version studio et… Dieu que c’est agréable. La sensualité de la chanteuse cohabite avec un feeling un peu plus rock qu’attendu et lorsque sa voix déraille légèrement sur le refrain, on a tous ce petit coup de chaud si agréable lorsque l’on vit un dérapage contrôlé. Avant la première prise de parole de la canadienne, les titres de “Siberia” (2011) se sont enchainés pour le plus grand bonheur des fans les plus anciens. L’ensemble est très bien rôdé, naviguant entre efficacité pop, ambiances électro et feeling plus rock n’roll dont la chanteuse est elle-même garante. Coté public, il est étonnant de ne pas voir les gens plus actifs que ça. Pourtant, à l’inverse quelle surprise de voir à quel point la salle connait le répertoire de la chanteuse. Les chansons de “Siberia” rencontrent un franc succès et les paroles sont fréquemment reprises en chœur par les premiers rangs. La chanteuse prend enfin le temps de jauger son public. Inutile de se battre, celui-ci est déjà acquis à la cause de la délicieuse brune qui n’a pas tant besoin d’utiliser de ses mimiques pour séduire son assemblée. Les demandes en mariages sauvages fusent comme les nappes de claviers de “Toes” et “Lights” prend plaisir à se remémorer ses jeunes années avant de faire monter la température d’un cran avec la tubesque “Running With The Boys”. Placée au tiers du set, ce hit en puissance témoigne de l’évolution musicale et humaine de la chanteuse. Peu de temps après survient “Portal”. Ovni discographique du répertoire de Lights, cette chanson tout en progression témoigne des heures sombres qui ont habité le quotidien de son interprète avant la salvation qu’a apporté la maternité et l’enregistrement de ce nouvel album. Les morceaux s’enchainent comme des perles et lorsque Lights s’essaie à nous rendre notre amour, en sort un “Je t’aime vous” d’anthologie. Impossible de ne pas craquer. La fin du set donne, d’abord, la belle part à “Siberia” qui est définitivement un opus apprécié et appréciable, avant que “Little Machines” et l’ultra positive “Up We Go” et “Oil And Water” sonnent le glas de ce set hyper énergique et incroyablement jovial.
Setlist :
Muscle Memory
Toes
How We Do It
My Boots
Siberia
Running With The Boys
The Last Thing On Your Mind
Portal
Don’t Go Home Without Me
Speeding
Where The Fence Is Low
Banner
Timing Is Everything
Same Sea
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Up We Go
Oil And Water