Cette journée s’annonce particulièrement rude, sous une pluie torrentielle dans la boue, les festivaliers ne se sont pas découragés pour autant. Des artistes connus et méconnus au programme, cette dernière date débute avec le blufunk organique de Keziah Jones suivi entre autres de l’électro jazz swing de The Parov Stellar Band et de la sweet pop classique de London Grammar.
KEZIAH JONES (Main Stage) – Difficile d’aller vers la Main Stage et ce même si il s’agit là de Keziah Jones, la pluie rend le site difficile d’accès. En retrait, loin du devant de la scène, le chanteur et guitariste fait face à un public sous des parapluies, qui malgré les conditions, est venu l’applaudir. Venu présenter des titres de son dernier album, “Captain Rugged” (2013), Keziah Jones interprète également des morceaux qui l’ont fait connaître tel que “Million Miles From Home”. La place de la Citadelle est à moitié remplie et l’artiste ironise sur la situation en chantant “Rain Go Away” (ndlr : Va t-en la pluie). Le Nigérian continue d’ironiser, cette fois en français sur la “pluie d’Afrique” avant d’entamer à la guitare l’intro d’un de ses titres phares “Rythm Is Love”. Le chanteur posera ensuite sa guitare pour s’approcher de la foule sur le devant de la scène, entrainant l’auditoire sur les “yeah yeah oh”.
NINA NESBITT (Green Room) – La blondinette rockeuse, à la voix angélique, rappelle quelque peu la chanteuse d’Of Monsters And Men, Nanna Bryndís Hilmarsdóttir. A quelques jours de ses vingt ans, la jeune écossaise a été reperée par Ed Sheeran qui l’a ensuite invité sur sa tournée européenne. Nina Nesbitt offre ce jour-là, sur la scène de la Green Room, une setlist dont les titres sont extraits de son premier album “Peroxyde” dont son tube “Selfie”. “Would that be okay to… ?” (ndlr : Est-ce que cela vous irait si… ?) commence-t-elle bien souvent ses phrases lorsqu’elle s’adresse au public. Une timidité qui séduit l’audience, chacun levant son parapluie lorsque la chanteuse les prend en photo. Nina Nesbitt alterne voix calme sur fond de guitare acoustique et chant plus énergique, guitare électrique en mains, son jeune âge et sa carrière florissante offrent aussi quelques rires timides entre elle et les premiers rangs.
RODRIGO Y GABRIELA (Main Stage) – Le duo de guitaristes composé de Rodrigo Sanchez et Gabriela Quintero s’est fait connaître du grand public en 2006 avec un album éponyme. Au départ groupe de thrash metal, ils connaissent le succès grâce à leurs reprises de Metallica et Led Zeppelin, d’un autre genre et survoltées. Uniquement avec deux guitares, le duo s’est produit à travers le monde avant de venir sur la Main Stage. Gabriela assure la rythmique en tapant en même temps qu’elle joue, elle est la plus dissipée des deux, dansant en même temps et enthousiasmant le public. Rodrigo joue en accord avec sa partenaire et cela tel un jeu, une danse entre eux deux et s’adonne également au chant lorsqu’ils reprennent “Creep” de Radiohead. Leurs sonorités très hispaniques et leur duo atypique apportent un peu de soleil dans cette journée pluvieuse.
JAMES ARTHUR (Green Room) – Vainqueur de la version UK de “X Factor” en 2012, le chanteur britannique a su se démarquer des autres vainqueurs de télé réalité grâce à sa reprise d’un titre de la chanteuse Shontelle et désormais tube “Impossible”. Précédé par ses musiciens, c’est avec ses lunettes de soleil que James Arthur fait son entrée sur scène offrant un set pop, R’N’B soul grâce aux compositions de son premier album, le tout partiellement sous la pluie. La Green Room est pleine à craquer et le britannique présente à la foule l’une de ses choristes pour un duo sur “Roses”, enchaînant avec une reprise de Rudimental, “Waiting All Night”. “I’m James Bl…. Blunt”, se trompe James Arthur en voulant se présenter au public, riant en même temps sur son lapsus, ce dernier gardera pour la fin de son set ses deux tubes “Impossible” et “You’re Nobody ’til Somebody Loves You”.
THE PAROV STELAR BAND (Main Stage) – Nouveau changement de registre avec le swing électro jazz de ce groupe composé de l’autrichien Marcus Füderer alias Parov Stelar, quatre musiciens et une vocaliste, Cleo Panther. Ces derniers ouvrent avec l’un de leurs tubes, “The Mojo Radio Gang” et un vent house, jazz, electroswing souffle sur la Place de la Citadelle et ce toujours sur la pluie. Saxophone, trompette, basse, batterie et platines menées par Parov Stellar, au milieu de ce cocktail explosif, Cleo Panther et sa voix puissante arrive à déchainer la foule. Leurs morceaux les plus connus “Catgroove”, “All Night” et “Jimmy’s Gang” sont familiers à l’assemblée et certains d’entre elle mettent enfin un nom sur ce groupe déjà culte.
GIRLS IN HAWAII (Green Room) – GIH a sorti son troisième album intitulé “Everest” en 2012, deux ans après la disparition de leur batteur dans un accident de voiture, Denis Wielemans. En un peu plus de dix ans, Girls in Hawaii a publié trois albums et leur set du Main Square est assez varié avec autant de morceaux provenant des trois opus. Outre cette journée pluvieuse qui rend certains endroits du Main Square inaccessibles, le groupe belge ouvre son set avec “9.00 AM”. “Le soleil sort enfin !” s’exclame Antoine Wielemans (chant/guitare) lorsque les premiers rayons de soleil font leur apparition, le quintette ne pouvait rêver mieux pour entamer “Sun Of The Sons”, attaquant alors “here comes the sun” (ndlr : voilà le soleil). Pour “Not Dead”, l’une des pistes phares de “Everest”, le frontman s’empare d’un vieux téléphone en guise de micro donnant cet effet de voix lointaine, à l’autre bout du fil et c’est à ce moment que la formation affiche sa démarcation entre deux périodes distinctes de sa carrière. Les sonorités pop rock indie devenues mélancoliques en sont d’autant plus séduisantes.
DETROIT (Main Stage) – Détroit et surtout le retour de Bertrand Cantat attire sur la place de la Citadelle quelques festivaliers dont des fans aux premiers rangs, très enthousiastes. Bertrand Cantat associé à un de ses anciens partenaires, Pascal Humbert (basse) et, entouré de trois autres musiciens, sort un premier album, “Horizons“, en novembre 2013, dans lequel le groupe affiche un rock décharné. Le chanteur se produit sur la Main Stage en T-shirt là où la plupart des autres artistes se sont couverts, après une journée de pluie et dans la boue, les quelques rayons de soleil en cette fin de journée n’ont pas réussi à réchauffer les festivaliers. Bertrand Cantat évoquant son vécu dans ces textes et attirant ainsi la curiosité des festivaliers vacants entre les deux scènes reprend des titres de l’époque Noir Désir tels que “Tostaky”, “Comme Elle Vient” et “Lazy”.
LONDON GRAMMAR (Green Room) – Baptisé ainsi pour évoquer l’aspect multiculturel de la capitale britannique, ce groupe a connu en quelques mois une ascension fulgurante après un premier album, “If You Wait” sorti en 2013. Timidité ou froideur, il faut tout de même noter le manque d’interaction entre Hannah Reid (chant) et le public, heureusement Dot Major (batterie, clavier, djembé) rattrape le coup, bilingue, le batteur salue la foule en français. Malgré la boue de plus en plus glissante, la Green Room est remplie, mais bon nombre de festivalier afflueront vers la Main Stage vingt minutes avant la fin du set pour voir -M-. La chanteuse garde sa voix claire et lisse, bien qu’étant gênée par le set du guitariste français. Elle enchaîne ainsi avec les chansons les plus connues, “Wasting My Young Years” et la reprise de Kavinsky “Nightcall”, “you know this song” (ndlr : vous connaissez cette chanson) dit-elle en souriant à l’audience. La performance que livre les britanniques de London Grammar ce soir-là est vivement saluée, à trois sur scène, Hannah Reid, Dan Rothman (guitare) et Dot Major livrent un set sans fausses notes.
-M- (Main Stage) – Changement radical après les mélodies douces de London Grammar, de l’autre côté du Main Square, tel le set de Stromae la veille, cette fois les gens affluent pour voir Matthieu Chedid et sa bande sur scène. Le frontman déchaine la foule avec sa guitare, livrant un set de quinze titres communicatifs et repris par l’ensemble des festivaliers commençant avec des chansons telles que “Mon Ego” et “Onde Sensuelle” suivies par “Mojo” et sa chorégraphie endiablée. Ainsi va le set et ses deux acolytes sur scène s’adonnent à quelque fantaisies comme danser sur “U Can’t Touch This” de MC Hammer puis sur “Jump” de Kris Kross, entrainant la foule avec eux pendant que le chanteur retourne en coulisses. Ce dernier de retour sur scène entame “Seven Nation Army” de The White Stripes et les “popolopopo” du public ne tardent pas à se faire entendre. “Le Complexe Du Corn Flakes”, “Je Dis Aime” et “Machistador”, -M- entame alors des titres plus anciens et cultes pour la fin de sa prestation.
BAKERMAT est le dernier artiste à entrer en scène côté Green Room, sur la Main Stage, le DJ français DAVID GUETTA clôturera cette dixième édition du Main Square Festival.
Pour fêter ses dix ans, le Main Square Festival a accueilli pas moins de 135 000 festivaliers, soit 35 000 de plus qu’en 2013 bien que cette année celui-ci se déroulait sur quatre jours au lieu des trois habituels. De quoi rallonger le plaisir et la programmation, ouvrant sur le heavy metal d’Iron Maiden et clôturant avec la dance de David Guetta en passant par du rock, du punk, de l’électro, du jazz… De quoi attirer un public varié et faire des découvertes surprenantes sous une météo capricieuse. Ce sont les pieds dans la boue que s’achève cette édition 2014 du Main Square. A l’année prochaine !
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