Conjuguant sortie de son second album en solo et concert parisien de sa tournée européenne, Noel Gallagher a le sens du timing en ce mois de mars qui se réchauffe tout doucement. Si ce “Chasing Yesterday” confirme la tendance selon laquelle son talent est intact malgré l’absence de son frère à ses cotés, qu’en est-il du passage sur scène pour le Mancunien ?
C’est un Zénith en petite configuration qui accueille ce soir la légende de la britpop des années 90. Les lumières s’éteignent et c’est un écran disposé à l’arrière de la scène qui envoie des images plutôt abstraites sur un fond de Noel qui chante. Le groupe fait son entrée et envoie un “Do The Damage” qui pose les bases du concert de ce soir : un Noel Gallagher interprétant avec beaucoup de justesse ses chansons, des musiciens talentueux, mais incroyablement mis en retrait. On remarque même un trio de cuivre dans un coin de la scène, à moitié dissimulé dans le noir. Pourtant, le jeu de lumière est travaillé et plutôt réussi.
“Everybody’s On The Run” réchauffe enfin l’assemblée, même si l’absence de véritables cordes frustre un peu tant l’intensité du pont perd en émotion. Mais le public est enfin dedans, d’autant que “Fade Away”, première reprise d’Oasis arrive tout juste derrière. La salle se met enfin à chanter et Noel décroche ses premiers sourires et ses premières paroles. Avec un “fucking” tous les quatre mots, le guitariste impose son flegme anglais avec classe et une certaine dose de nonchalance. Après tout, on est tous là pour ça non ? Musicalement il est indéniable que Noel Gallagher’s High Flying Birds tourne très bien. Aussi à l’aise dans la discographie de Noel que dans celle d’Oasis, les musiciens offrent une prestation de qualité. Seulement, aucune réorchestration n’est à noter. Les chansons sont jouées telles qu’elles le sont sur les CD. Ce détail, conjugué à l’immobilisme constant de Noel et de ses musiciens fait que, si l’on apprécie ce qu’on entend, le spectacle ne justifie pas l’investissement dans une place de concert. C’est vrai, avec un DVD on est aussi bien et on n’est pas obligé de chercher la scène du regard pour détourner le sien de ce couple qui se galoche en 16:9 sur le rang devant nous.
La fin du set réchauffe tout de même le coeur : le chanteur y enchaine les tubes et joue la délicieuse “The Dying Of The Light” issue de “Chasing Yesterday“. “Dream On” et “AKA… Broken Arrow” font chanter la salle, au même titre que “If I Had A Gun”. Enfin la foule se réveille ! Dans ledit DVD, il est certain que l’audience aurait été plus présente. Noel Gallagher qui nous félicite à sa manière d’avoir terrassé le Chelsea de Mourinho quelques jours plus tôt. On sait le Mancunien grand fervent de ballon rond, cette allusion a le don de flatter l’égo des Parisiens et d’installer une complicité non négligeable dans l’approche plutôt froide de Noel Gallagher. Le set se termine en apothéose avec, entre autres, une reprise mémorable de “Don’t Look Back In Anger”, véritable hymne repris par les 4 000 personnes du Zénith.
Noel Gallagher est un très grand musicien, mais reste une impression mitigée face au rendu live de sa musique. Si la technique est parfaite, l’implication et l’énergie que l’on attend d’un concert de rock n’roll était plutôt absentes ce soir.
Setlist :
Do The Damage
(Stranded On) The Wrong Beach
Everybody’s On The Run
Fade Away
In the Heat Of The Moment
Lock All the Doors
Riverman
The Death Of You And Me
You Know We Can’t Go Back
Champagne Supernova
Ballad Of The Mighty I
Dream On
The Dying Of The Light
The Mexican
AKA… Broken Arrow
Digsy’s Dinner
If I Had A Gun…
—-
Don’t Look Back In Anger
AKA… What A Life!
The Masterplan