C’est quasiment trois ans jour pour jour après son dernier passage dans cette même salle qu’Opeth est de retour dans un Bataclan archi sold out. Et c’est accompagné des français d’Alcest qu’il tourne dans toute l’Europe afin de promouvoir “Pale Communion”, album qui confirme la nouvelle direction artistique des Suédois.
Les Français emmenés par Neige ouvrent les hostilités calmement avec “Opale”, extrait de leur excellent dernier album “Shelter”. Le groupe est certes relativement statique, mais ce n’est pas une musique qui prête à la démonstration, mais plus au contraire à l’introspection. ALCEST a, tout comme la tête d’affiche du soir, évolué et s’est orienté vers un son plus clair et inspiré notamment par la scène post rock islandaise, Sigur Ros en tête. Le son est très bon, on distingue parfaitement chaque instrument ainsi que la voix de Neige, et la magie opère. Le chanteur, très discret, s’adressera calmement au public à quelques reprises pour dire à quel point ils sont heureux de prendre part à cette tournée et d’être de retour à Paris ce soir. Il usera sur un ou deux titres un peu plus anciens de son chant “black” et ce avec brio, impressionnant. En bref, Alcest nous aura offert quarante-cinq minutes de voyage avec un final sur le magnifique “Délivrance”.
Changement de style et d’ambiance : place à OPETH et à son magnifique backdrop reprenant le thème de “Pale Communion“. Les suédois démarrent en douceur sur le premier titre à la longue introduction de ce dernier. Et un triste constat peut d’ores et déjà être fait. Une certaine partie du public semble être là uniquement pour les anciens morceaux, voire être là pour rien (?). En effet, des personnes s’amusent à growler pendant les parties calmes des nouveaux morceaux, quelqu’un ira même jusqu’à hurler “bon c’est quand tu veux” durant la longue introduction de “Eternal Rains Will Come”, et d’autres passeront leur temps à discuter. Cela nuira grandement à l’appréciation du concert. Après deux compositions du nouvel album, Opeth va enchaîner les classiques en revisitant quasiment tout son répertoire. Et c’est avec l’excellent “Bleak” qu’il commence, au plus grand bonheur de l’audience qui exulte de voir un ancien titre après treize minutes de nouveautés. Et à part un troisième titre de “Pale Communion”, “Elysian Woes”, les Suédois joueront un titre de chaque ancien disque, à l’exception du tout premier, “Orchid” (1995). Une setlist de qualité et variée nous est donc proposée et il est marrant de constater que a foule acclamera des titres comme le classique “Windowpane” (sans growls) ou “The Devil’s Orchard” du très décrié “Heritage” (2011), initiateur du grand virage pour Opeth. Il y a donc fort à parier que, d’ici le prochain opus, les pistes de “Pale Communion” seront tout aussi bien accueillies, ce qui rend la réaction de certains d’autant plus dommageable. En tout cas, le son sera bon tout au long du show, les jeux de lumières tout simplement superbes et magnifiés par le backdrop, et il n’est plus à préciser que ça jouera tout simplement à la perfection. Le leader Mikael Åkerfeldt, à l’humour bien particulier, est toujours aussi bavard et taquin. Quelques interventions notables lorsque le chanteur dit que la meilleure formation est actuellement sur scène ce soir devant nous, que si nous n’aimons pas ce morceau, ce n’est pas grave (au moment de jouer “Elysian Woes”), qu’ils ont un peu de mal ce soir, car ils ont profité d’être en France pour faire la fête avec du bon vin et de la vodka. Ce qui n’empêche pas le groupe d’être en place. Les seuls reproches qui peuvent être faits à Opeth sont le fait que le tout soit très statique et que les morceaux, parfois très progressifs, peuvent allègrement dépasser les dix minutes, ce qui a parfois pour effet de perdre l’attention d’une partie de l’assemblée. Au-delà de cela, nous aurons encore eu droit ce soir à une très belle prestation, peut être un peu trop en roue libre. Prestation qui, après le “Délivrance” d’Alcest, se terminera sur le “Deliverance” d’Opeth.
Malgré deux groupes aux styles relativement éloignés, l’affiche du soir avait pourtant on ne peut plus de sens. Deux combo étant partis d’un metal, black pour l’un, death pour l’autre, et ayant évolué au fil des années vers du post rock pour l’un, et du rock progressif pour l’autre. Une belle affiche qui aura tenu ses promesses avec deux formations qui nous auront emportés dans leur univers. Et malgré un public qui aura parfois nui à l’appréciation de la soirée, Opeth aura délivré une solide prestation et prouvé que son évolution est légitime et que le tout passe très bien l’épreuve du live.
Setlist :
Eternal Rains Will Come
Cusp Of Eternity
Bleak
The Moor
Advent
Elysian Woes
Windowpane
The Devil’s Orchard
April Ethereal
The Lotus Eater
The Grand Conjuration
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Deliverance