Troisième et dernier jour du festival, le beau temps de la veille perdure, une aubaine pour ce dimanche 26 août également chargé surtout du côté de la Grande Scène où s’enchainent plusieurs générations de la scène rock : Stuck In The Sound, The Dandy Warhols, les vétérans de Social Distortion et LA tête d’affiche clôturant cette dixième édition de Rock En Seine : Green Day !
Pour cette dernière journée sur le festival, on sent d’entrée que Green Day est LE groupe que beaucoup attendent, vu le nombre de T-shirts qu’on croise sur le site de Saint-Cloud ! Mais puisque le trio californien clôt le festival, la journée est encore riche en musique et ça commence sur la Grande Scène avec BOMBAY BICYCLE CLUB.
Ce sont ensuite les français de STUCK IN THE SOUND qui investissent la Grande Scène avec un show énergique et entrainant, onze ans après avoir joué sur l’Avant Seine. Le quatuor parisien le plus hype du moment, qui a sorti en début d’année un nouvel album “Pursuit“, est la preuve que le rock français est bel et bien vivant ! Le chanteur José Reis Fontao, toujours avec sa capuche sur la tête, saute partout et fait scander la fosse qui est quand même assez conséquente en plein milieu de l’après-midi.
Un peu plus loin sur la Scène Industrie, THE LANSKIES est un groupe normand pas désagréable à écouter. Déjà, ils ne s’imposent pas tous les codes mode du moment ce qui est relaxant quand on regarde une formation qui fait du pop rock plutôt efficace, sans pour autant s’émanciper totalement des poncifs du moment. Mais les rythmes sont rapides, la gestuelle et la voix du chanteur suffisamment spéciales pour qu’on accroche au moins un moment sans bailler.
On enchaine avec THE WATERBOYS. Sur scène, Mike Scott est accompagné par plusieurs musiciens dont le violoniste irlandais Steve Wichkam et proposent un mélange de musique folk celtique et de rock n’roll. Même s’il n’y a pas grand monde devant la scène, le show n’en reste pas moins festif avec une ambiance à la Dropkick Murphys mais aussi théâtrale avec l’utilisation de masques et du spoken word entre les huit chansons interprétées.
C’est au tour de THE DANDY WARHOLS de faire leur apparition sur la scène la plus importante du festival. Certains reconnaitront leur chanson la plus connue “We Used To Be Friends”, générique de la série “Veronica Mars”. Le show est dynamique grâce aux morceaux et à la prestance des membres du groupe qui il faut l’avouer ont pris un peu de la bouteille ! Mais en musique, l’âge n’a pas tellement d’importance, tant que l’énergie est là, et on en a encore la confirmation sur le prochain set de la Grande Scène.
18h50, Scène Cascade. Il y a du monde pour GRANDADDY qui s’est reformé cette année après six ans d’absence. Comme vendredi à Sigur Ros, des vidéos sont diffusées sur les écrans qui contrairement à ce jour là sont plus haut. Le vent ayant disparu. Jason Lytle (chant/guitare/claviers), toujours avec sa casquette sur la tête et sa chemise à carreaux de bûcheron, embarque les spectateurs dans son univers pop mélancolique, narrant l’écoulement de la société industrielle et le chemin d’un solitaire à la dérive au travers de ses compositions.
Après quelques titres, on décide de traverser le Domaine National de St-Cloud jusqu’au stand Vita Coco pour la dernière fois, histoire de savourer une brique saveur pêche/mangue et s’hydrater comme il faut pour tenir jusqu’au soir. Tant qu’on y est, direction la scène la plus proche pour voir un bout de l’AVANT-SEINE ALL STARS, un spectacle dans lequel s’enchaîne dix groupes découverts par le dispositif Avant-Seine depuis sa mise en place en 2005, reprenant dix tubes de ces dix dernières années. Ainsi par exemple, Stuck In The Sound, qui s’était produit plus tôt sur la Grande Scène, reprend le “One Armed Scissor” de At The Drive-In. Comme toutes les performances des dix groupes, cette dernière est suivie d’un sketch déjanté des champions de air guitar Airnadette que l’on avait vu à Solidays, la troupe de Gunther Love étant le fil conducteur de cette création inédite.
À 19h45, la fosse de la Grande Scène se remplit de plus en plus, on sent qu’on approche des derniers concerts… Mais on retrouve pour l’occasion pas mal de plus “anciens” avec l’arrivée sur scène de SOCIAL DISTORTION. La soixantaine passée, les membres n’ont rien à envier aux groupes plus récents, puisqu’ils affichent un punch démesuré et arrivent à soulever la foule avec leurs chansons, ainsi que leur reprise punk du “Ring Of Fire” de Johnny Cash. La longévité du groupe est impressionnante (depuis 1979 !), mais ce n’est rien comparé à l’énergie qu’ils parviennent à dégager sur scène. En plus de ça, les californiens semblent totalement heureux d’être là et de participer au festival. Ils sortent de scène sous des applaudissements chaleureux, tandis que les fans de Green Day commencent sérieusement à se faire de plus en plus nombreux dans le coin.
Une heure plus tard, direction la Scène Cascade pour FOSTER THE PEOPLE, un groupe visiblement très attendu au vu de le nombre important de hipsters devant ladite scène. Pour son avant dernier show de l’année, le trio indie pop emmené par le multi-instrumentiste Mark Foster transforme la fosse en un véritable dancefloor avec sa pop rock dansante : ça claque des mains, des ballons et capotes volent dans la fosse rythmée par les gros beats et les jeux de lumières colorés. On aura même droit à un aperçu du second et prochain album attendu pour 2013.
L’heure tourne et Green Day approche. Vu qu’il reste encore un peu de temps avant le concert final, on en profite pour voir BEACH HOUSE sur la Pression Live. Formé par Alex Scally et Victoria Legrand (nièce du compositeur français Michel Legrand), le duo franco-américain dream pop joue pratiquement dans le noir, accompagné d’un troisième musicien. Il y a des petites étoiles qui s’allument par moment derrière eux ou alors les pleins spots qui aveuglent le public. A certains moments, on pourrait trouver quelques ressemblances avec de vieilles intros de Mylène Farmer mais l’ensemble des morceaux est assez planant.
Le moment que la plupart des festivaliers attend est enfin arrivé : À 21h30 pétante, on entend retentir “Blitzkrieg Bop” des Ramones sur la Grande Scène ce qui annonce comme à son habitude l’arrivée imminente de GREEN DAY. Et c’est parti pour deux heures de concert ! Le trio, accompagné de ses musiciens additionnels ne jouera au final que trois chansons issues de sa trilogie d’albums “¡Uno! ¡Dos! ¡Tré!” à paraître au cours de ces prochains mois. Ainsi, c’est une setlist aux allures de best of que les californiens nous offriront, histoire de ravir les différentes générations de fans qui sont présentes puisque les morceaux joués ce soir sont en majorité issus de “Dookie” (1994) et “American Idiot” (2004). Green Day a la réputation d’être un groupe de scène et le frontman Billie Joe Armstrong n’arrête pas de faire participer le public, que ce soit en le faisant scander des “hé ho” (un peu trop peut-être), en invitant des fans sur scène, ou encore de lancer des T-shirts, du papier toilette ou plus simplement de l’eau. Pas de grande surprise pour ceux qui les avaient déjà vus sur leur tournée en 2009-2010, mais quoiqu’il en soit, le groupe a l’air content d’être de retour. Les membres se tapent des fous rires en dansant (sur le mythique “King For A Day”) ou en chantant quelques reprises (de AC/DC aux Beatles en passant par Fun.). Même sans les artifices utilisés d’habitude car festival oblige, Green Day parvient à nous livrer un show explosif qui semble convenir à tout le monde pour clôturer comme il se doit l’édition 2012 de Rock En Seine.
Cette dixième édition sera à inscrire dans les annales de Rock En Seine. Deux journées à guichets fermés (samedi et dimanche), presque pas de pluie sur le Domaine de St-Cloud durant les trois jours excepté beaucoup de vent les deux premiers jours, aucune annulation de dernière minute au niveau artistique et une affluence accrue malgré la conjoncture économique actuelle. De sa création en 2003 avec 20 000 personnes, le festival est passé cette année à plus de 110 000 festivaliers, un nouveau record de fréquentation malgré une billetterie quelque peu difficile. Cependant, quelques points noirs à signaler comme le prix exhorbitant du merchandising (à titre d’exemple celui du T-shirt série limitée signé Jean-Charles de Castelbajac). On regrette également l’ambiance un peu étrange qui a régné sur le site : peu de festivaliers déguisés comme sur les autres festivals parisiens tels que Solidays à l’exception peut-être du dernier jour. Serait-ce parce que Rock En Seine marque la fin des vacances et le début de la rentrée ou est-ce simplement la nature ronchonne des parigots ? Quoi qu’il en soit, le festival de St-Cloud a encore de beaux jours devant lui. Pour les prochaines éditions, le but sera comme toujours de maintenir un budget raisonnable tout en se renouvelant. Les organisateurs ne pouvant plus augmenter la capacité du festival, devront ainsi proposer de la qualité avec de nouvelles créations originales comme ce fût le cas cette année avec Get Well Soon ou les Avant-Seine All Stars.
avec la participation de Mathilde Mime & OliDayyy