Un peu plus de six ans, c’est le temps qu’il aura fallu patienter pour enfin voir Slipknot fouler de nouveau les planches d’une salle française. La dernière fois, c’était en novembre 2008. Paul Gray (“#2”) était encore en vie, Joey Jordison (“#1”) était encore derrière les fûts et c’était déjà dans ce même Zénith De Paris. Autant vous dire que les neufs masqués étaient très attendus ! Et inutile de vous préciser que le Zénith était clairement “the place to be” en ce jeudi soir.
Alors que quelques jours auparavant, les fans du Royaume-Uni avaient droit à une superbe affiche dont Korn faisait partie, nous devons, pour notre part, nous contenter de KING 810. A peine les membres sur scène, on remarque clairement que la tête d’affiche du soir est une inspiration évidente. Alors que les neufs d’Iowa s’affichaient à l’époque avec des combinaisons de prisonniers avec numéros, les musiciens de King 810 portent soit des tenues de gangsters, soit des tenues d’agents de sécurité affublées du numéro 810. Niveau musical, on sent également l’influence, tout comme celle de Korn. Malheureusement, s’inspirer de tels groupes ne suffit pas. En effet, la voix ne suit pas. Pire, elle procure à l’ensemble un esprit bien trop monotone et lassant, tout comme leur musique qui restera, tout au long du show, somme toute assez répétitive. Là où le phrasé plaintif de Jonathan Davis transpire la sincérité et prend aux tripes, celui du chanteur de King 810 ne touche absolument pas et en est presque ridicule. Malgré un Zénith déjà plein à craquer, seule une partie du public semblera réceptive à cette première partie dont le temps de jeu sera tout de même plus que conséquent.
SLIPKNOT est sur les routes avec ce “Prepare For Hell Tour” afin de soutenir l’effort de son retour, l’excellent “.5: The Gray Chapter“. Dans une salle pleine jusqu’à la gueule, la tension redouble alors que la formation se fait attendre. Et lorsque résonnent enfin les premières notes de la parfaite intro “XIX”, l’assemblée se fait déjà entendre et se lâche, tandis que le groupe entame “Sarcastrophe”. L’enchaînement, déjà ultra efficace sur CD, fait monter la pression avant de mettre une véritable claque. La scène est tout simplement magnifique, les jeux de lumière superbes, les effets pyrotechniques sont présents et avec neuf membres sur scène, on ne sait plus où donner de la tête tant l’ensemble est riche et nous en met plein la vue ! A noter tout de même que les deux nouveaux membres, le bassiste et le batteur, bien qu’au centre, resteront dans l’ombre durant l’intégralité du concert. Là où les détracteurs remettront en cause l’utilité d’être neuf, les fans apprécieront l’occupation totale de l’espace et les délires permis à certains membres moins occupés. Sid Wilson (“#0”, DJ), le premier, passera son temps à courir partout, à danser, à sauter du haut de la scène sur sa plateforme. Du côté des percussionnistes, on joue avec l’auditoire et Chris Fehn (“#3”), en plus d’être occupé à soutenir Corey Taylor (“#8”) sur certains screams, s’amusera à masturber son nez, tandis que Shawn Crahan (“#6”) alias le Clown, usera d’une batte de baseball pour maltraiter ses fûts. Le duo de guitaristes James Root (“#4”) et Mick “Seven” Thomson (“#7”) assure avec habileté tout en balançant sans pitié ses riffs à la face du Zénith. C’est bien simple, on en prend plein la tronche tant visuellement que musicalement. Tout le public présent ce soir semble s’en réjouir et en redemander. Corey, toujours très en voix bien que cette dernière se soit très légèrement adoucie, s’adressera plusieurs fois à ses “amis” en français. Ainsi, bien qu’usant d’un discours un brin démagogique, il nous fait part du plaisir de rejouer ici en France après tout ce temps. Côté setlist, les fans de la première heure se voient comblés, le combo faisant la part belle au premier album éponyme (1999), à “Iowa” (2001), et bien sûr au dernier né “.5: The Gray Chapter”. Tous les “tubes” (ou presque) y passent. Les morceaux se succèdent sans qu’à aucun moment le spectateur ne puisse s’ennuyer. Comment cela pourrait-il en être autrement quand on se mange un enchaînement comme celui de “Sarcastrophe” à “Spit It Out” (le concert entier, en somme) ! Sur ce dernier, les spectateurs ont droit au traditionnel gimmick qui le voit s’accroupir avant de sauter au “Jumpdafuckup” du frontman. Le groupe termine sur le brûlot “Custer” qui, c’était prévisible, est une véritable bombe en live.
Et comme si tout ceci n’était pas suffisant, les masqués remontent sur scène pour nous envoyer en rappel rien de moins que “(sic)”, “People = Shit” et “Surfacing”. Rappel qui se passe tout simplement de commentaire.
Ils étaient attendus, ils sont revenus et ils ont vaincu. Slipknot, en plus de nous avoir fourni un excellent album, a mis tout le monde d’accord lors de ce concert tout simplement épique. Il y aura certes toujours un tout petit “oui mais c’était plus fou avant”, mais les membres ont vieilli et ont tout de même toujours leur côté barré. Puis, lorsque l’on voit la qualité de la production d’un tel spectacle, on ne peut que sortir de la salle heureux d’avoir assisté à ce qui restera sûrement l’un des meilleurs shows de l’année. Et pourtant, nous ne sommes qu’en janvier… A voir ou revoir impérativement au Hellfest en juin prochain !
Setlist :
XIX
Sarcastrophe
The Heretic Anthem
My Plague
The Devil In I
Psychosocial
The Negative One
Eeyore
Liberate
Frail Limb Nursery
Purity
Before I Forget
Duality
Left Behind
Spit It Out
Custer
—-
742617000027
(sic)
People = Shit
Surfacing