Après un premier jour mitigé et un second ensoleillé, le temps s’améliore davantage pour ce troisième et dernier jour de cette 15ème édition du festival qui n’a toujours pas fini de nous surprendre. Au menu des festivités : Gogol Bordello, Beady Eye, Balthazar, Fidlar ou encore… David Guetta !
Arrivé à 14h dans l’enceinte de l’Hippodrome de Longchamp, OAZZUNK, formation de neuf musiciens emmenée par la chanteuse Emma Louise, une fleur dans les cheveux, achève son set sous le chapiteau à l’occasion du Tremplin Ile-De-France, avec un message de prévention : “Faites l’amour avec le préservatif, plein de fois par jour !”, lance-elle avant de quitter la scène et laisser place à MAM DIARRA et CECILE BROOKS, les deux autres finalistes du tremplin IDF “première scène”.
Le beau temps est toujours au rendez-vous, tout comme la chaleur. On profite en ce début d’après-midi pour se ballader et visiter les diverses animations des allées de Longchamp.
Tout d’abord un petit tour sur le stand de la Région Ile-De-France proposant un parcours ludique et participatif intitulé “Au hasard du Je” mis en place par le Crips sur l’acceptation des singularités dans la vie affective et sexuelle. Ensuite, direction la Bagatelle pour HK & LES SALTIMBANKS et sa musique festive, forte en paroles engagées combinées à des mélodies empreintes de reggae, chanson française, chaâbi ou encore hip hop !
Quelques pas plus loin se trouve le Village Solidarité rassemblant une pléthore d’associations venues du monde entier et son ambiance conviviale. Juste à côté, une queue se forme d’ores et déjà pour l’animation incontournable de Solidays, le saut à l’élastique assuré par l’association “Une Idée En L’Air”. Même avec l’installation de deux manèges, il y aura toujours du monde et les cris des participants, en couple, ou en trio, à chaque passage dans les environs !
Non loin de là, l’espace Coca Cola, présent sur la plupart des festivals cet été, attire de nombreux visiteurs. La marque de soda propose à chacun d’obtenir sa propre bouteille personnalisée à son nom ou à celui de votre choix en échange d’une participation au casting de la prochaine pub “Partagez un Coca Cola avec…” En parallèle, un blind test est organisé ponctuellement et le gagnant remporte des lots de la marque, tout comme sur le stand Deezer avec un blind test rock n’roll animé par le manager des Airnadette, le moustachu déjanté et so kitch Philippe Risotto.
15h30, c’est parti pour notre premier concert de la journée avec CALL ME SENOR venu “donner de l’amour”. Le quatuor parisien électro pop, connu pour avoir composé des BO de films et de spots publicitaires, présentera le temps d’une prestation à la cool son nouvel EP “Cms” en exclusivité aux festivaliers, avec des morceaux dansants qui mettront une bonne ambiance sous les étoiles du Domino.
Suivons ensuite la foule vers la grande scène pour la légende du funk et de la soul jazz, MACEO PARKER. Entouré de musiciens et choristes, le saxophoniste qui a joué aux côtés de James Brown pendant plus de 20 ans, agé aujourd’hui de 70 ans, a joué sous un soleil de plomb, reprenant même parfois des standard comme le “Stand By Me” de Ben E. King.
16h30, place au skate punk de FIDLAR sous la tente César Circus. LA révélation punk rock tout droit venue de L.A, Californie, dont le nom est l’acronyme de “Fuck It Dog Life’s A Risk”, mettra tout le monde d’accord dès le premier morceau du set. Ca joue fort, ça bouge partout et très vite, punk oblige ! Gorgée de bière entre deux titres, Zac Carper (chant/guitare), Elvis Kuen (chant/guitare), Brandon Schwartzel (basse) présenteront un show sauvage à en se rouler sur scène ! Bref, un joyeux bordel scénique ! Dommage que la basse soit noyée sous les nappes d’instruments. Ce concert, qui finira entre autres par une reprise énervée de Blink 182, marquera également les premiers pogos du Solidays !
Direction les backstages artistes, plus précisément dans la tente servant de loge à Gogol Bordello avec une interview fort intéressante du frontman Eugene Hütz. 17h30, sur scène la Paris a lieu l’un des moments phares de ce Solidays 2013, l’hommage aux associations et aux victimes du VIH, introduit par le président-fondateur de Solidarité Sida entouré du président d’honneur Antoine De Caunes et des parrains Marco Prince et Sébastien Folin. Suite à cela, M. Barruet demandera à l’ensemble des festivaliers de Longchamp de participer à un “die in” et observer cinq minutes de silence afin d’interpeller François Hollande sur la lutte contre le sida. Emouvant et impressionnant de voir 58 000 personnes simulant un cimetière humain. En l’espace d’un court instant, toute vie s’est figée. Cette initiative auquel prendra également part les bénévoles, les militants et même Asaf Avidan avant sa prestation, s’inscrit dans la campagne de Solidarité Sida visant à lancer un appel au Président de la République, afin que la France augmente sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, de 360 à 400 millions d’euros sur les trois prochaines années.
Le temps de sortir des coulisses et d’apercevoir les Naive New Beaters s’amuser avec le Mickey Mouse éméché du dernier clip “Shit Happens”, on enchaine la promo avec notre septième et dernier entretien de cette 15ème édition avec Fidlar au grand complet.
Retour à la musique sous le César Circus pour BALTHAZAR, l’un des groupes à fort potentiel du moment, tandis que le “Reckoning Song” du chanteur israélien folk ASAF AVIDAN résonne depuis la scène Paris voisine.
Sur le backdrop est inscrit le nom du groupe belge. Le quintette, lunettes de soleil sur le nez, débarque sur une intro devant un parterre de monde sous le chapiteau pour présenter en live le nouvel album, “RATS”. Niveau son, Balthazar distille un rock alternatif planant à la limite du prog, avec une forte présence de clavier ainsi que d’éléments électro (et un violon électrique !), le tout avec de longs prolongements tant dans les intros que dans les outros. Un mélange assez étrange !
Il est 20h passé, avec quelques minutes de retard, BEADY EYE n’a pas encore investit la plus grande des cinq scène de Solidays, mais non loin de là, TRYO est sur le point de mettre un terme à son set sur la Bagatelle, le tube “L’Hymne De Nos Campagnes” se fait entendre et sera repris par quelques festivaliers de la pelouse Paris. Cinq minutes plus tard, le nouveau groupe de Liam Gallagher arrive sur une intro sous les acclamations de la foule suivie de “Flick On The Finger”. En retour, le chanteur salue son public et envoie des baisers, le tout en trainant sa serviette blanche (doudou ?) pendouillant de ses deux mains qu’on ne verra que rarement. Le gus aura les mains dans son dos durant quasiment toute l’heure de prestation. Pendant que Beady Eye, dont la voix naissaillarde de Liam sera reconnaissable entre mille, fait la part belle au second album “BE”, des images d’ambiances sont projetées sur l’écran géant servant de fond de scène. Comme tous ses musiciens, le cofondateur d’Oasis et cadet Gallagher porte ses lunettes noires, jouant la rockstar dans son parka (de sa propre marque Pretty Green), conscient que tous les regards sont portées sur lui. Comme sur chaque fin de chanson, Liam tapera la pose durant quelques minutes, pour le plus grand bonheur des photographes. Toujours avec son air hautain et prétentieux, il reste néanmoins courtois (minimum syndical), contrairement à sa sulfureuse réputation. Afin de réveiller la pelouse Paris à moitié remplie, Beady Eye interprétera deux reprises d’Oasis en guise de fin à ce set aux accents britpop (“Rock’n’Roll Star”, “Morning Glory”). Notons la présence de Jay Melher, ex-guitariste de Kasabian à la basse. Assez bonne performance sans plus.
Peu avant 21h, un représentant de l’organisation monte sur la scène Bagatelle afin d’annoncer une surprise, faisant suite au précédent “die in” afin d’attirer l’attention des médias, et surtout de François Hollande. Une chaine humaine se forme ainsi devant la scène. Avec un léger retard, GOGOL BORDELLO débarque et d’emblée, instaure une ambiance plus que festive avec une musique aux sonorités “gypsy punk” comme indiqué sur le backdrop de la formation. Les huit musiciens sont heureux, s’éclatent et investissent tout l’espace qui leur est dédié et invitent l’assemblée, constituée de beaucoup de fans, à danser la brigue en leur compagnie, notamment sur des titres comme “Not A Crime” ou “Wonderlust King” mêlant divers influences, entre touches flamencas, metal et dub! Une véritable invitation au voyage et à la fiesta ! Niveau setlist, deux nouveaux morceaux, “Dig Deep Enough” et “Lost Innocent World” seront présentés pour la première fois en France parmi les douze titres joués. “Pura Vida Conspiracy” sortira en effet le 23 juillet. Côté prestation, le frontman Eugene Hütz, vêtu d’une simple veste et torse nu dessous et guitare en bandoulière, fera le spectacle à lui tout seul ! Une bonne heure d’un joyeux bordel qui aura mis toute l’audience de bonne humeur grâce à cette folie d’énergie positive que dégage Gogol Bordello ! Une performance folklorique très efficace comme on aimerait en voir bien plus souvent !
Le temps de traverser la Bagatelle, les diverses saveurs que dégagent les restos du monde nous font savoir qu’il est temps de manger un bout et de reprendre des forces pour l’ultime concert de la soirée. Une tartiflette/andouillette made in Solidays s’impose donc !
22h, place à l’artiste populaire par excellence, celui qui est attendu comme le Messie à cette 15ème édition de Solidays, DAVID GUETTA, pilier de l’électro française et pape des nuits parisiennes ! Avant son arrivée, les lettres bleues formant son nom annonce le DJ blondinet, qui est installé du haut de son estrade surplombée d’un écran géant avec en fond des effets de lumières et divers stroboscopes. Sur scène, David a sorti l’artillerie lourde devant la quasi totalité des festivaliers de Longchamp : confettis, flammes, fumée, il en met plein la vue et les oreilles ! Le temps d’une heure, l’Hippodrome deviendra une boite de nuit géante en plein air ! Ca fait dix ans que le DJ n’était pas venu à Solidays et “c’est devenu énorme” déclare il à la foule. Entre les mix de ses gros hits et ceux qu’il a produit, David Guetta prendra plaisir à communiquer entre chaque titre voir pendant, comme sur “Work Hard”, premier titre à enflammer la foule plus que compacte, qui lèvera les mains ou qui sautera sur chaque parcelle de la pelouse de Paris. Qui a dit que David Guetta n’était pas rock ? Pour preuve, l’intéressé a lancé un sample du cultissime “Song 2” de Blur dont les “won hoo” du refrain sont repris par tout Longchamp ! Même si l’électro clubbing/dubstep n’est pas trop notre tasse de thé, il faut avouer que le bougre a assuré un bon divertissement en clôture de ce Solidays 2013 !
Malgré la conjoncture économique actuelle, cette 15ème édition a été plus qu’un succès, 2013 est l’année de tous les records. C’est en effet la première fois depuis sa création en 1999 que Solidays est sold out trois jours avant le début de la manifestion. Un record de fréquentation avec 170 000 festivaliers (contre 161 340 l’an dernier) venus assister à 80 concerts, de vendredi à dimanche, permettant ainsi à Solidarité Sida de générer plus de deux millions d’euros de bénéfices qui seront reversés à une centaine d’associations venant en aide aux malades du Sida. Un évènement marqué par le “die in” auquel a participé 58 000 personnes dimanche, dernier jour du festival. Cette démarche ayant pour but d’interpeller François Hollande afin que la France augmente sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, s’inscrit dans la campagne “Des Médicaments Pour Tous”, largement mise en avant tout au long de Solidays 2013 avec en plus du “die in”, de grandes bâches sur les côtés des cinq scènes de Longchamp, un stand de campagne pour s’informer, signer l’appel et déposer sa photo. Même si le festival est déjà terminé, il est toujours possible de soutenir cette campagne en signant la pétition sur www.desmedicamentspourtous.org. Enfin, saluons les bénévoles, les militants, Solidarité Sida sans qui ce petit festival désormais devenu grand, ne serait possible.
EDIT : Le 12 juillet, le Président de la République, François Hollande, a annoncé le renouvellement pour les trois ans à venir de la contribution française au Fonds Mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. C’est donc 1, 08 milliard d’euro, qui sera versé au Fonds Mondial, soit le même montant que ces trois dernières années. La campagne “Des Médicaments Pour Tous” n’a malheureusement pas été entendu par le Président de la République. Cependant, le contexte économique et budgétaire national et international, rend cette décision courageuse, et en maintenant sa contribution au niveau actuel, la France reste le deuxième pays contributeur derrière les Etats-Unis.