Quasiment absente la veille, la pluie aura finalement fait son apparition tout au long de ce samedi 28 juin sur l’Hippodrome de Longchamp. De la boue, des capuches et des parapluies, telle était la panoplie idéale pour cette seconde journée, le tout avec toujours une belle programmation !
CATS ON TREES (Dôme) – 16h30, notre journée débute donc au chapiteau blanc, sous lequel se rassemble beaucoup de festivaliers. Il y a foule en raison de la pluie mais pas que. C’est surtout la curiosité envers Nina Goern et Yohan Hennequin qui pousse le public à vouloir découvrir en live ces toulousains, révélés lors des dernières Victoires De La Musique. Sur scène, Cats On Trees, c’est Yohann à la batterie sur la gauche, et Nina au micro, mais également au clavier et au tambour à droite. Dès les premières notes, une certaine complicité se ressent d’emblée avec des regards échangés entre les deux membres qui en disent long. Alors que la plupart des groupes interprètent leur(s) single(s) populaire(s) en fin de set, les Cats livreront “Sirens Call” distinctement en troisième position. Par la même occasion, les LEDs, parcourant le long des nombreux triangles placés en guise de backdrop, s’illuminent de mille feux, créant une performance visuelle et sonore reflétant avec brio la pop lumineuse et fraîche des français On retiendra surtout les reprises du “Mad World” de Tears For Fears, reprise en chœur à en donner des frissons, et “Love You Like A Love Song” de Selena Gomez. Cette dernière, qui ne figure pas sur l’album éponyme (“Cats On Trees“), sortira sans doute lors d’une possible réédition du premier album à la rentrée. Rien à relever sur ces trois quart d’heure de show devant un public sous le charme face à des musiciens émus, notamment lors de la performance de “Ouh Ouh”. Bon… il faut avouer que Nina boit de l’eau systématiquement entre chaque chanson et que Yohann ressemble beaucoup à Rick Grimes (“The Walking Dead”), mais ça c’est une autre histoire…
KLINK CLOCK (César Circus) – 17h15, débute l’histoire d’un autre duo dans un autre chapiteau. Formé par Jennie au chant/batterie et Aurélien à la guitare, caché sous la longue tignasse, le groupe propose une prestation nettement plus rock que le duo précédent. Point de voix susurrée, place aux cris. Dommage qu’il n’y ait pas autant de monde pour gueuler le rock enragé de l’album “We Don’t Have The Time To Do Love All The Time” (2013), dont deux exemplaires seront jetés au public. Cela n’empêchera pas les premiers slams de la journée de décoller sur les riffs gras, à la The White Stripes.
MADIBA / HOMMAGE AUX ASSOS (Paris) – 18h, direction la grande scène pour la représentation en avant-première de la nouvelle comédie musicale autour de la vie de Nelson Mandela, le visage de cette 16ème édition, suivi de l’hommage aux associations. L’un des moments forts du weekend, puisque tout le festival fait une pause de concert. Luc Barruet demande ainsi à tous les festivaliers de se réunir devant la grande scène, la pluie s’étant arrêtée… “Un bon signe”, dixit le fondateur de Solidarité Sida ! Il est toujours impressionnant de voir tant de monde affluer vers la grande scène du festival. C’est alors que surprise : Luc Barruet fait monter la Ministre De La Justice du gouvernement Hollande, Christiane Taubira, qui lira une tribune qu’elle avait rédigé pour le Huffington Post à la mort de Mandela, très applaudie par l’assemblée. S’ensuivra quatre tableaux du spectacle de Jean-Pierre Hadida, retraçant les grandes étapes de la vie de celui que l’on surnommait “Madiba” en musique. Un bon aperçu de cette ode au militant africain, mêlant chorégraphies, chants et harmonies vocales, qui passera par le Casino De Paris et à travers toute la France en 2015.
TALISCO (César Circus) – 19h, après avoir hésité avec JABBERWOCKY au Dôme, notre choix sera finalement porté sur le coup de cœur de Luc Barruet, venu personnellement introduire le groupe avant le set. Solidays, c’est également un lieu de découvertes musicales et Talisco en fait absolument partie. Pour preuve, le chapiteau est bien garnie, les festivaliers sont emportés, sautant et dansant sur les compositions électro folk de l’album “Run”, dont “Your Wish”, alors que le trio de multi-instrumentistes se produit dans une ambiance bleutée.
RODRIGO Y GABRIELA (Paris) – 20h, tandis qu’un déluge tombe sur Longchamp, il est temps de se réchauffer avec Rodrigo et Gabriela, qui n’ont que pour seul instrument une guitare acoustique et quelques objets insolites comme une bouteille de bière vide, utilisée pour gratter les cordes. Voyez plutôt : il suffit simplement au duo de taper sur leurs guitares pour en sortir des notes mélangeant rythmiques flamenco, électro, rock ou encore metal (quelques riffs d’un titre de Metallica en intro de l’une des chansons et “Orion”)… le tout avec une incroyable maîtrise et aisance très difficile à acquérir, même après des années d’expérience. De plus, l’immense scène, affichant le nom du groupe ainsi que Rodrigo et Gabriela en squelette, ne fait nullement peur aux deux prodiges mexicains, en concert pour la seconde fois à Solidays : bien au contraire, la scénographie originelle fait que tous les regards sont braqués sur le duo ! Une démonstration technique qui nous ferait presque oublier la pluie ! Du taping, du slapping en veux tu en voilà (et aussi une cover du “Creep” de Radiohead signée Rodrigo !). De loin la performance la plus bluffante de ce samedi.
STUCK IN THE SOUND (Dôme) – 21h, chapiteau blindée de hipsters pour les cinq indie rockeurs français encapuchonnés. Grosse saturation des guitares en guise de démarrage de “Ouais” et c’est parti pour un pop rock ravageur, parsemée de claviers, d’onomatopées, la plupart des morceaux étant issue du dernier album “Pursuit” (2012) dont le single “Brother”. Ambiance garantie dans la fosse comme le montre le joyeux bordel qui redoublera d’intensité lors de la participation de Jérôme Niel (“Les Tutos” sur Canal+) sur “Toy Boy”.
THE PAROV STELAR BAND (Paris) – 22h, sous les acclamations, une silhouette de danseuse bleue apparaît sur écran de fond sur l’intro. Du monde (beaucoup de monde) afflue vers la grande scène de Solidays. Les musiciens, déjà à l’affiche en 2013 sur la scène Bagatelle, apparaissent un par un, le batteur et un autre surélevés tandis que trois autres sont plus en bas. Musicalement, la troupe autrichienne déverse un électro swing, mix entre le son des 50’s et des sonorités modernes, pour un résultat frais et dans l’air du temps. Il y aura même une influence soul/jazz grâce à la chanteuse et sa prestance. Une ambiance festive règne sur la grande scène, alors que des vidéos défilent en fond sur chaque titre, en guise de décor. Les cuivres font groover les festivaliers, qui dansent pour ne pas avoir froid sous la pluie (encore et toujours…) ! Un beau spectacle .
KAO (César Circus) – 23h, “Ca va, vous êtes pas trop moisis ?”, demande le chanteur, accompagné par trois acolytes, dans un chapiteau assez disparate. Dans la quasi obscurité, la formation bien de chez nous, qui avait déjà joué la veille au Forum Café, propose un rock trance hypnotique avec un didgeridoo électrifié pour des effets étranges, alors que sur le backdrop sont projetées des images de variations du son colorées. On a l’impression d’être dans une rave party, le tout sans la motivation des festivaliers qui n’attendent qu’une chose : la tête d’affiche de ce samedi !
HOMMAGE AUX BENES / FRANZ FERDINAND (Paris) – 0h, la foule se tasse devant la plus grande scène du festival. Comme chaque année a lieu l’hommage aux 3000 bénévoles. Ces derniers sont tous sur scène aux côtés de Luc Barruet avec du “I Will Survive” de Gloria Gaynor en fond (qui fera bouger malgré tout l’auditoire). Drôle de moment… ! La bonne nouvelle, c’est que le festival enregistre un nouveau record de 175 000 festivaliers et deux millions de bénéfices ! Quelques minutes plus tard, les tant attendus rockeurs écossais emmené par Alex Kapranos déboulent sur scène avec leur machine à tubes, mêlant les incontournables “Take Me Out”, “Walk Away”, “Do You Want To”, mais aussi les morceaux du dernier album “Right Throughts, Right Words, Right Action” tels que “Love Illumination”, “Evil Eye” ou encore “Right Action”. Un set, vu et revu cette année, mais aussi l’an dernier à Rock En Seine, toujours aussi dansant, bien que raccourci, timing oblige !
C’est déjà le moment de rentrer pour un bon dodo, avant de revenir une dernière fois à l’Hippodrome de l’ouest parisien. Au même moment, les noctambules feront la fête jusqu’au bout de la nuit en compagnie de TAMBOUR BATTANT, MISSIL et autre BORIS REJCHA.
Contrairement au premier jour, la pluie restera tout au long de la journée, s’arrêtant uniquement pour la tête d’affiche. Ce n’est pas étonnant que la majeure partie des festivaliers ait choisi d’être à l’abri, privilégiant les concerts sous les chapiteaux, mais aussi les expositions “Sex In The City” et la dernière “Happy Sex”, forte en succès au vu des longues queues (sans mauvais jeu de mot).