Près d’un an après leur passage à Paris avec les norvégiens de Kvelertak, Truckfighters revient et prend cette fois place au Divan Du Monde. Organisé par Garmonbozia, cette soirée du 28 février annonce des senteurs stoner avec trois groupes plus convaincants et attirants les uns que les autres.
Venu d’Ohio, VALLEY OF THE SUN est sur Fuzzorama Records, le label de Truckfighers, et ne manque pas d’assurer un stoner dans sa puissance volume rock, auquel le public répond avec engouement. Le trio ménage, durant une demie heure, une musique brute à la puissance lourde, tout en gardant une certaine légèreté par la voix du chanteur guitariste Ryan Ferrier, et la clarté des riffs qu’il taille dans un style démoniaque heavy metal, le tout rebattue par un batteur efficace et solide. Tout cela d’entrée, au grand enthousiasme des spectateurs.
Le changement de plateau se fait sous les sonorités du dernier album des américains de Queens Of The Stone Age, sans grand dépaysement musical, et est rapidement exécuté compte tenu du peu d’installation que requiert le duo guitare batterie des WHITE MILES. Laissant planer un mystère à la proportion du peu d’information qui transparait, le groupe nous laisse en questionnement de ce que peut être du “dirty pole dance stoner blues rock”. La formation de Madagascar nous l’explique durant les quarante-cinq minutes de set à l’énergie décoiffante; la guitariste chanteuse, dans tout son esprit arachnéen, est là pour en découdre à la guitare, avec ses riffs au blues garage diaboliquement enragé. Le batteur frappe sur ses fûts avec force et fermeté, sur lesquelles vient courir le chant provocateur et rauque de Medina Rekic, qui sait également se faire d’une volupté aguicheuse. Les White Miles assurent une petite digression musicale dans cette soirée, en s’inclinant vers un style à l’aspect plus garage, sans regrets.
Après leur performance effervescente au Glazart avec les nordiques de Kvelertak, le rock stoner metal alternatif des suédois de TRUCKFIGHTERS vient à nouveau fouler le sol de la capitale -sans compter l’interview faite en janvier dernier. Il est 20H55 quand l’éclairage de la salle s’éteint et que démarre en fond sonore “Altered State” pour annoncer le groupe sur scène jusqu’à ce que, au bout de dix minutes de patience qui s’éternisaient, les trois gars d’Örebro apparaissent arborant torse nu ou bermuda, ou encore la combinaison des deux en ce qui concerne le guitariste. Le show est lancé avec “Mind Control”, le même morceau qui ouvre leur quatrième album fraichement sorti, “Universe“, ce qui pose déjà la couleur du set qui exposera en majeure partie leur nouvel essai, ajouté à la tenture de fond de scène qui reprend la fameuse pochette au flirt Illuminati. Comme on pouvait s’y attendre, le son live de la formation est largement brouillé et n’est pas comparable à leur propreté studio, mais ne se résout pas pour autant à faire passer à la trappe leur puissance sonore. Dango, le guitariste, est monté sur ressorts, ne cesse de sauter, courir et faire des têtes dignes de rugbymen néo-zélandais, bouche grande ouverte, langue tirée et yeux écarquillés, dans tout l’aspect surexcité du délire. Ce qui vient quelque peu remuer Ozo, le chanteur bassiste, qui reste fidèle à sa tâche, avec une certaine sobriété, et la discrétion du batteur. Le groupe n’est pas très loquace et enchaine les morceaux tout naturellement. Malgré ce brouillage sonore apparent, les ondes graves et grésillantes nous poussent à un balancement de tête et du corps presque inévitable. Le public devient mouvant et forme une sorte de vague insatiable, sur laquelle viennent plonger divers individus, prenant leur élan sur scène, et profitent de l’occasion pour faire du air guitare aux cotés des musiciens. La prestation dure une heure et parcourt une dizaine de titres. Sans grande surprise, le rappel honore les hits du combo, faisant côtoyer nouveau et ancien, avec leur single “Prophet”, suivi de “Desert Cruiser”, évidemment réclamé par l’auditoire, ne l’ayant pas entendu pendant le set. “Prophet” parvient à reproduire son obscurité absorbante avec puissance et le groupe lègue en majeure partie “Desert Cruiser” au chant du public. Truckfighters fait durer son titre phare, à l’osmose orgasmique, jusqu’à ce que chanteur et guitariste finissent en slam dans la foule, signant là la fin du show.
Truckfighters, en live ou avec leur dernier album, trace à travers le nuage de poussière de l’univers stoner. La soirée aura eu son succès avec une affiche qui aura fait l’apologie de l’efficacité sous réduction numérique, comptant deux trios et un duo. Les trois groupes, qui ont débuté leur tournée le 14 février, poursuivent cette traversée de l’Europe jusqu’au 8 mars, avant que Truckfighters n’empreinte la route des Etats Unis.
Setlist :
Mind Control
Atomic
Get Lifted
Last Curfew
Monte Gargano
Manhattan Project
Traffic
The Chairman
In Search Of The
Prophet
Desert Cruiser