Morcheeba – Head Up High

Les pionniers du trip hop continuent à élargir leur répertoire en intégrant le dubstep, le dancehall et le rock sur leur huitième album studio “Head Up High”, le premier depuis que les frères Godfrey, Paul et Ross, se sont réunis avec la chanteuse Skye Edwards en 2010 pour “Blood Like Lemonade”. Les inconditionnels seront ravis de savoir qu’au cours des trois dernières années, Morcheeba est resté fidèle à son funk de salon lounge aussi sucré que leur “lemonade” : on reprend la même formule de musique de fond et on recommence.

Malgré une liste impressionnante d’invités (Rizzle Kicks et Chali 2na Jurassic 5), “Head Up High” n’est ni mauvais, ni  ne marque un retour en forme de leurs débuts. C’est tout simplement banal, voire facile. Pourtant l’album commence bien avec “Gimme Your Love”, un morceau lisse, sans se douter que la suite deviendra apathique. Lorsqu’elle chante “we’re going to feel alive”, l’auditeur est loin de se douter que le reste de l’opus est rempli de synthés paresseux qui ne servent qu’à faire traîner les choses. Le rap d’Anna Tijoux sur “Hypnotized” souffle un peu de vie dans le titre, mais le reste stagne. Des échantillons de sons et de textures sont éparpillés ici et là et qui rappellent leur apogée des années 90 : le hip hop style grattage, les samples et la voix si apaisante de Skye Edwards. Des mélodies solides, comme sur “Release Me Now”, font également leur apparition avec parcimonie. La ballade “I’ll Fall Apart” dispose d’une jolie mélodie signée Skye Edwards, avec en featuring le guitariste de White Denim James Petralli, et “Make Believer”, le meilleur titre de l’essai, augmente le tempo avec ses transitions vers le reggae; au moins un morceau qui fera bouger la foule en concert. Mais sur le reste de “Head Up High”, ça coince. L’impression qu’ils ont pris peur d’aller plus loin, comme si les fans chercheraient à tout prix la nostalgie et rechigneraient toute surprise sonore, se fait sentir. Il y a un moment pendant le rap sur “Face Of Danger” quand des clochettes donnent un faux espoir de l’inattendu, mais ça ne va pas jamais plus loin, ou assez loin. Mais le vrai souci réside dans les arrangements. Les morceaux commencent avec plein d’espoir mais restent inanimés, morts avant l’heure. Une prise de risque les aurait rendus excitants et inattendus. Car c’est vraiment cela qu’on cherche ici : de l’inattendu. C’est froid, mécanique et avec des paroles trop faciles. Certes, on ne s’attend pas à de la poésie, mais ce sont des mots anodins, sans vraiment accompagner les chansons. Trop facile comme le reste.

Mais peu importe. Cela fait deux décennies que Morcheeba compte un public fidèle ainsi que des millions de disques vendus, un album médiocre ne va pas chasser les fans. Comme le titre de l’effort indique, ils gardent la tête haute.