C’est vraiment le bon moment pour les papys rockeurs. Alors qu’on râle tous que le rock n’ roll, le vrai, le pur et dur, est en déclin, ou carrément en voie de disparition (mais non), on se console dans les bras sonorisés de ceux par qui tout a commencé. Et rien de mieux que les bras d’un ex-Beatle, surtout s’il nous souffle du renouveau. Avec l’aide des (h)It-producteurs Mark Ronson, Ethan Johns, Paul Epworth et Giles Martin, Paul McCartney livre un album varié, son opus le plus agréable depuis belle lurette. Intitulé “New” – voilà, on va faire simple – Paul McCartney oublie le jazz de “Kisses On The Bottom”, sorti en 2012, pour un seizième album studio qui n’est pas tellement nouveau mais plutôt du McCartney. On laisse donc les expérimentations crooner façon Sinatra à Rod Stewart ou Bryan Ferry. Surtout que c’est la première fois depuis six ans que Macca n’avait pas fait un disque composé de morceaux originaux.
La liste de producteurs à la mode fait presque peur, on se demande s’il ne se la joue pas trop branchouille, mais les titres sont équilibrés et parfois nostalgiques, car on y entend le jeune Paul des Beatles, époque “Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band” sur “New”, le seul produit par Mark Ronson (sans compter la piste cachée, “Scared”). Paul a fortement tapé dans ses démons du passé et ça se voit : à savoir sa relation houleuse avec son ex-femme Heather Mills et sa bouée de sauvetage que lui a lancé la nouvelle madame Macca, Nancy Shevall : “You came along/And made my life a song/One lucky day/You came along.” L’opus débute avec “Save Us” et sa guitare frénétique, avant que “Alligator” se lance dans la psychédélique où il dévoile une fragilité : “Everybody else is busy doing better than me/But I can see why it is.” Musicalement, il livre une vaste gamme de genres, du blues rock de “I Can Bet” au neo folk “Everybody Out There”, en passant par l’acoustique (“Early Days”), la pop épique (“Looking At Her”) et la ballade (“On My Way to Work”). L’ombre de la pop beatlesque est omniprésente, comme le “White Album” qui plane sur l’Americana de “Get Me Out Of Here”, tandis que “I Can Bet” rappelle les débuts de Wings. Sauf peut-être sur “Appreciate”, le morceau “intrus” mélangeant le rock industriel avec un voile de R’N’B.
“New” est un essai moderne mais, vous l’aurez compris, avec des airs rétro. Saluons Macca qui, à 71 ans, sonne toujours frais et embrasse toute la nouveauté que la musique d’aujourd’hui peut lui offrir. Et personne ne pourra l’arrêter. Comme il chante sur “Early Days” : “They can’t take it from me if they try/ I lived through those early days.”
Informations
Label : Concord Music / Universal
Date de sortie : 14/10/2013
Site web : www.paulmccartney.com
Notre sélection
- Save Us
- New
- I Can Bet
Note RUL
3.5/5