Chroniques

Izïa – La Vague

Après deux albums très rock (“Izia, 2009; “So Much Trouble“, 2011), Izïa crée la surprise et revient avec un effort résolument électro pop, “La Vague”. Oubliée la langue de Shakespeare, c’est en français que la demoiselle a décidé de s’exprimer. Qu’est-ce qui a poussé la jeune artiste à prendre ce virage à 180° ?

Izïa a démarré sa carrière sur les chapeaux de roue. En 2006, elle a à peine seize ans quand elle quitte l’école pour se lancer dans la musique. Influencée par Led Zeppelin et Nirvana, c’est vers le rock qu’elle se tournera tout naturellement. L’anglais s’impose alors. En interview, elle reprendra même la phrase de Lennon et dira que le rock français, c’est un peu comme le vin anglais. Son incroyable énergie et une présence scénique hors norme feront décoller sa carrière. Souvent comparée à Janis Joplin, la baby rockeuse avait tout pour réussir dans le monde de la six cordes saturée. Cependant, sa dernière tournée achevée en 2012 la laisse sur les genoux. Et puis un événement va la marquer. Lors du concert final au Trianon, elle et son groupe décide de reprendre à la dernière minute, “Pendant Que Les Champs Brûlent”, la chanson de Niagara qu’ils écoutaient en boucle dans le tourbus. Et là miracle. Voir le public chanter avec elle, qui comprend les paroles, sur un rythme plus doux, l’a rendu sereine et apaisée. Quand elle a recommencé à composer, c’est le français qui lui est venu tout naturellement. Puis une autre envie est apparue : celle de danser et faire danser les foules. Izïa est souvent décrite comme une artiste vraie, qui fait les choses par passion. Elle a clairement eu envie de passer à autre chose. Ne se retrouvant plus dans le rock et le chant anglais, c’est vers l’électro pop qu’elle s’est tournée. La musicienne a voulu s’impliquer dans chaque partie de ce nouvel opus : de la composition (dont trois morceaux lui reviennent entièrement) à l’enregistrement. Mais elle n’était pas seule. A la production, on retrouve le musicien-arrangeur pour Lescop, Johnny Hostile, connu pour ses arrangements électro pop new wave. C’est donc lui à l’origine de ces sonorités teintées des 80’s. On retrouve également Orelsan, ami d’Izïa, en guest sur “Les Ennuis” évoquant des histoires sans lendemain. “La Vague”,  c’est neuf chansons expédiées en trente cinq minutes, quasiment toutes en français, assez sombres, parsemées de quelques lueurs d’espoir. Une pop minimaliste domine sur certains morceaux comme “Hey” ou “Reptile”. Les refrains sont répétés en boucle, comme une vague qui déferle encore et encore. Les rythmes sont entraînants et ne manqueront pas de faire bouger le public pendant les lives. C’est à travers des textes simples que la jeune artiste se livre sur l’amour, les relations humaines ou encore son père, Jacques Higelin, à qui elle rendra hommage dans “Bridges”. Auparavant jeune sauvage, elle s’est apaisée et a voulu plus de profondeur, voir plus de douceur comme sur “You”, piste assez lente, proche de la soul, montrant l’étendue de sa palette vocale. Telle une diva pop, elle conclura l’essai par la fabuleuse “Tomber”. Janis Joplin n’est plus, place à Christina Aguilera.

“La Vague” vient de balayer tout ce que vous pensiez connaître d’Izïa. Cette boule d’énergie a eu besoin de se renouveler et de relever un nouveau défi. C’est plutôt réussi. La déferlante de critiques de fans offusqués sur les réseaux sociaux n’y feront rien. La tempête Izïa assume et défend ses choix. Le live, son exercice de prédilection, permettra sûrement de convaincre les plus réticents à ce changement de cap.

Informations

Label : Maison Barclay
Date de sortie : 13/04/2015
Site web : www.iziamusic.com

Notre sélection

  • Bridges
  • Les Ennuis
  • Hey

Note RUL

3/5

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